A Berlin, la lutte contre l’homophobie commence à l’école primaire
Par Maud Koetschet
Le Sénat de Berlin a mis en place un programme pour lutter contre l’homophobie en passant par l’apprentissage de la tolérance dès la petite enfance. Attention, celui qui traite son voisin de «sale pédé» sera collé!
Dès ce lundi, jour de la rentrée en Allemagne, une valise composée de 25 livres, jeux et disques audios viendra à la rescousse des instits et parents d’élèves berlinois pas toujours à l’aise avec les questions que leurs petites têtes blondes leurs posent. Car, dans ces nouveaux contes racontés à l’école (comme King and King, couverture ci-contre), le
prince ne se marie pas forcément avec la princesse et les enfants apprennent comment deux femmes peuvent faire des bébés… Destiné également aux adultes, le programme approuvé par le Land de Berlin apprendra notamment comment réagir lorsqu’un enfant insulte un autre d’homo.
«Nous montrons tout ce qui fait la réalité d’aujourd’hui»
Pour accompagner sa politique de sensibilisation, l’administration berlinoise s’apprête à envoyer dans les prochains jours une lettre en allemand mais aussi en turc et en arabe aux parents d’élèves, leur expliquant l’intérêt d’avoir des cours de tolérance dès le plus jeune âge.Selon Conny Kempe-Schälicke, chef de file de l’initiative, «il s’agit de la diversité au sens large, loin des schémas classiques maman-enfant-famille. Nous montrons tout ce qui fait la réalité d’aujourd’hui».
2,1 millions d’euros contre l’homophobie
Dans le cycle scolaire supérieur, les Berlinois approchent déjà les questions de sexualité à travers notamment des jeux de rôles mais aussi des définitions de termes comme le «coming out». Cependant, pour Conny Kempe-Schälicke, c’est déjà un peu tard: «Nous devons apprendre cela dès le plus jeune âge aux enfants, quand ils sont en train de comprendre comment fonctionne la société.»
Berlin n’en est pas à sa première offensive contre les discriminations liée à l’orientation sexuelle. En 2004, la ville avait déjà lancé une vaste campagne d’affichage destinée aux gays issus de l’immigration turque avec le slogan: «Cigdem est lesbienne, Vera aussi» (ci-contre). Unanimité
En 2010, Berlin, dont les caisses sont pourtant vides, avait alloué 2,1 millions d’euros pour la lutte contre l’homophobie afin de développer ce programme pour les écoles primaires. L’initiative fait l’unanimité, même dans les rangs de la droite chrétienne démocrate de la ville. La présidente de l’Union fédérale des parents d’élèves a salué cette décision et déclaré que de fait, certains enfants posent dès 3-4 ans des questions liées à l’homosexualité auxquelles les parents ne savent pas forcément répondre.Le Land de Rhénanie du Nord Westphalie, la région de Cologne, a dores et déjà affirmé prendre exemple sur la capitale pour la rentrée 2012-2013. Bref, l’Allemagne est à mille lieues de la France au regard du triste sort qu’a réservé notre Education nationale au court-métrage le Baiser de la lune, cette histoire d’amour entre deux poissons qui visait à sensibiliser les élèves de CM1-CM2 à l’homophobie (lire notre article)…
Source : Têtu
Et j’ajouterais à cet article qu’étant directement sensible à ce sujet, je suis d’autant plus touchée par cette prise de position naturelle mais quand même courageuse de la part du gouvernement Allemand. En effet, alors que chez nous une polémique fait rage sur les nouveaux manuels de Biologie autour de la question de l’orientation sexuelle, et que mon fils s’est fait traiter textuellement de « Pédé de ta mère », à la fin de l’année scolaire (en CP, ça promet quoi), je me dis que d’un pays à l’autre (et limitrophe) les mentalités peuvent être totalement différentes voire opposées. En France, les insultes homophobes apparaissent dès l’école primaire, c’est un fait avéré, et c’est là qu’il faut cibler tous les efforts, au même titre que d’autres graves fléaux comme la violence et le racisme. Il faut laisser les associations intervenir dans les classes, les livres éducatifs circuler, les animateurs discuter avec les élèves -même à l’école primaire- parce que chaque mot a un poids, éduquer ce n’est pas seulement apprendre à lire et à écrire et faire un projet de spectacle de danse pour la fin de l’année, c’est inclure des sujets actuels, de nouveaux préceptes de tolérance qui passeront tout seul auprès des enfants si on a pas peur de lancer le débat.