Une Série A en manque de Grands…
Quand on observe le nombre de grands joueurs présents dans les années nonante à aujourd’hui, il y a des choses qui sautent aux yeux. Premièrement, il y a de moins en moins de fuoriclasse et de Ballon d’Or potentiels. En effet, il fût un temps où le Calcio pouvait se vanter de posséder ni plus ni moins que le gratin du football mondial. Des noms comme Zidane, Nedved, Davids, Ronaldo, Rui Costa, Batitusta, Baggio, Thuram, Boban, Gullit, Van Basten etc. ne sont inconnus pour personne. Ces derniers n’évoluaient pas en Premier League, Liga ou Bundesliga mais bien dans la Botte. Autant de joueurs légendaires italiens ou pas qui faisaient rêver tous les amateurs de foot à travers le monde. A cette époque, lorsqu’un joueur était suivi par les meilleurs clubs européens, il ne pouvait atterrir qu’en Italie ou dans un club comme le Réal de Madrid… Sheva en est la plus belle preuve. A l’heure actuelle, on ne peut pas dire que la Série A ne compte pas de grands joueurs avec des Ibrahimovic, Sneijder, Eto’o mais il faut avouer qu’ils sont de moins en moins nombreux. De plus, comment peut-on passer à coté de leur statut d’indésirables lors de la transaction. Aussi bien Ibra, Sneijder qu’Eto’o n’étaient plus les bienvenus dans leurs clubs respectifs. Depuis quand un fuoriclasse au sommet a signé pour un club italien juste par amour, fascination ou même l’argent ? La situation ne semble pas s’inverser. On parle de Tevez à l’Inter ou de Fabregas à Milan mais réfléchissons aux conditions qui les entourent. Faut-il rappeler aux septiques qu’Aguero a choisi City, Pastore le Paris-Saint-Germain, Sanchez le Barca et que Sneijder n’est pas insensible à Manchester United ? De plus en plus le calcio est un amas de bannis… Certains diront qu’il y a toujours Totti, Del Piero, Seedorf, Pirlo, Pippo, Zanetti, Buffon mais comment ne pas reconnaître qu’ils sont des grands joueurs du passé. Le mot fait peut-être mal mais ces joueurs sont dépassés. Aujourd’hui quand City achète Kolarov, Aguero et Yaya Touré, la Juventus doit se contenter de Ziegler, Marchisio et Vucinic. Quand Milan doit bricoler pour acheter Boateng et Ibrahimovic, le Réal sort du cash pour acheter Benzema, Ozil et Di Maria. Si Hamsik explose signera t-il dans un top club italien ou à l’étranger…Nous nous posons la question. Autre exemple, Criscito n’est-il pas parti en Russie ? Au niveau technique l’Italie est juste moins bonne qu’avant. Voilà la réalité… Nous devons nous rabattre sur des jeunes qui n’ont rien prouvés et qu’on espère de futurs grands ou des joueurs excommuniés. Et encore certains nous échappent…
Un manque de moyens et une mentalité dépassée ?
Le fait est que le Calcio compte de moins en moins de Bombers, Mæstros, Rocs, Murailles, ou Génies en tout genre. Ce constat est difficilement contestable. C’est pourquoi les autorités footballistiques italiennes essayent de trouver des solutions. Et quelles solutions !! Dans un contexte ou le football comme le reste n’a jamais été aussi mondialisé on nous sort des recettes dignes de l’entre deux guerre. La Lega n’a rien trouvé de mieux que des mettre en place des restrictions à la venue de fuoriclasse étrangers. Ces mesures visent à permettre aux jeunes italiens de pouvoir évoluer. Bien que l’idée soit louable son efficacité est discutable. Revenons en arrière lors des années nonante. Il y avait énormément de joueurs étrangers en Série A et non des moindres, il suffit de voir la liste non exhaustive ci-dessus. Le Calcio était au sommet mais aussi les joueurs italiens. En effet, les Totti, Del Piero, Baggio, Maldini ou Vieri, Pippo et plus tard les Pirlo, Zambrotta, Buffon & co n’ont pas subit cette soi-disante malédiction qui voudrait que trop d’étrangers tuent les jeunes italiens dans l’œuf. Peut-être avaient-ils simplement plus de talent. On peut aussi croire que sans concurrence on arrive à quelque chose mais malheureusement les faits montrent le contraire. L’instauration de ces quotas n’ont qu’une seule conséquence : affaiblir encore plus le calcio. Surtout que comme dans tous les secteurs, les étrangers (ou extracommunautaires en football) ne prennent jamais les places des nationaux mais vont là où il n’y a pas de qualité suffisante dans le Pays. L’Italie est en manque de Bomber, est-il si illogique que l’Inter, Napoli et le Milan jouent avec Eto’o, Cavani et Ibrahimovic ? Alors que Milan doit recruter un joueur moyen communautaire parfois très cher, les autres d’Europe achètent des prodiges venus d’ailleurs pour beaucoup moins cher. Au lieu de faire un fixation sur quelque chose bien de notre temps, la Lega pourrait peut-être penser à permettre de moderniser les stades, faire pression pour que la fiscalité change ou encore instaurer une meilleure redistribution des droits télévisés et améliorer les centres de formations ? Des actions peut-être moins éclatantes pour l’opinion mais certainement pas moins efficaces. En effet, si le football italien régresse c’est principalement dû aux manques de moyens criants. Voilà ce que Galliani en pense : « Je continue de lutter pour le bien de notre football même si je suis presque résigné. Certains joueurs nous échappent ? Parce qu’ils les payent mieux c’est tout. Regardez Javier Pastore et Alexis Sanchez. À l’étranger, il n’y a pas de mutuelle sur les droits télés. Cela signifie que quand le le Milan encaisse 73 millions, Barcelone et le Real en reçoivent 140 ou 150. La voilà la différence. »"Nous sommes des outsiders. L’Allemagne est en train de profiter du fruit du travail et des stades du Mondial 2006. Et je peux vous assurer, qu’en 2016, quand elle accueillera l’Euro, la France sera devant au classement UEFA. On ne peut pas lutter parce que la différence c’est que nous sommes une pizzeria et que les autres sont des restaurants de luxe. »
Un classement UEFA en pente descendante…
Le classement UEFA est d’ailleurs le plus bel exemple de ce déclin progressif. Bien que celui-ci ne soit pas parfait, dans les mêmes conditions, il n’y a pas si longtemps l’Italie dominait le ranking. Cela peut sembler curieux quand on sait que l’Italie se porte bien en Champions League (victoire de Milan en 2003,2007, de l’Inter en 2010 et les finales de la Juve en 2003 et en 2005 pour Milan). Cependant, bien logiquement, le Ranking UEFA ne tient pas compte que du top mais aussi des équipes secondaires d’un championnat. C’est là que le bât blesse. Que ce soit par manque d’ambition, professionnalisme, responsabilité, nécessité économique ou réelles carences sportives les équipes italiennes sont justes ridicules en Coupe UEFA. Cette coupe qui prestigieusement peut sembler sans valeur et d’une importance capitale pour le cœfficient UEFA. En effet, cette compétition rapporte le même nombre de points que la CL. Ce qui veut dire que lorsque la Fiorentina ou la Juve snobent honteusement la Coupe UEFA et que Schalke et Stuttgart atteignent les quarts ou demies c’est dramatique pour le Calcio. Quand de simples tifosi peuvent s’en rendre compte, on peut se demander la compétence de certains dirigeants italiens. Cette attitude est inacceptable sur plusieurs points. D’abord cela diminue le nombre de places qualificatives pour la CL. Naples, la Juve, Palerme veulent joueur la Coupe aux grandes oreilles ? Alors qu’ils œuvrent pour qu’ils y en aient un jour la possibilité d’y avoir accès. Après, c’est extrêmement dommageable pour l’image du football italien et son attraction. Un joueur talentueux choisira t-il le Werder de Brême ou l’Atletico Madrid qui jouent la Ligue Europa à fond ou un club comme Palerme qui vise uniquement la 6ème position dans le calcio ? Sans parler de l’image que donne au Monde le foot italien en se faisant éliminer par des inconnus. Les arguments comme quoi il n’y aurait pas assez de rentrées ou de sponsors sont des faux débats dans un premier temps car c’est le même pour tout le monde, tous les participants.
Pour conclure…
Cet article ne se veut pas anxiogène mais réaliste. Bien sûr tout n’est pas noir mais dire que tout va bien ne fera que plonger le Calcio encore plus bas dans les profondeurs. En effet, la première réaction de beaucoup de tifosi est de penser que le football est cyclique. C’est en partie vrai mais seulement quand il y a une égalité entre les protagonistes. Si le décalage est trop grand, il ne sera pas comblé par magie. Ce genre de réactions sont fausses et là pour se protéger des critiques. Il n’y a d’ailleurs pas beaucoup de fondement à cela. On préfère fermer les yeux plutôt que d’assumer le déclin progressif mais en rien inévitable. On se rattache aux arbres comme le Milan ou l’Inter qui cachent l’immense forêt de travail. Au lieu de se demander si Balotelli, Rossi ou Camoranesi peuvent jouer pour la Nazionale, on devrait peut-être s’attaquer aux causes réelles du déclin du calcio. Est-il si dur d’avouer que le Réal serait aisément champion en Italie et que des équipes comme Tottenham ou City avec leur Modric Bale, Villa surclasseraient notre subtop et titilleraient notre Top. On peut continuer aussi longtemps qu’on veut à se voiler la face mais alors la chute sera terrible. Que dire des centres de formations ? A la place de croire que Criscito est du niveau de Lahm, que Bonucci est du niveau de Kompany ou que Marchisio est du niveau d’Ozil, il faudrait voir la vérité en face. L’Italie est simplement en retard et doit commencer à se renouveler. Là encore, on nous parle de complots comme quoi il y aurait une conspiration des grands clubs européens pour ne pas donner la chance à la jeunesse italienne. Et que même Milan, L’Inter et d’autres en font partie. Pourtant, je vois bien que l’Inter a cassé la tirelire pour Ranocchia et le Milan pour El Shaarawy. Tout comme pour d’autres jeunes italiens par le passé. Mais on préfère croire que le Milan et l’Inter recrute ailleurs par pur plaisir de tuer la Nazionale. La Juventus a voulu démontrer le contraire et le résultat est qu’elle ne joue même pas l’Europe. Il est temps de se mettre au travail car il y a du pain sur la planche pour redonner au Calcio de sa splendeur. Il est temps d’arrêter de parler de traditions qui ne veulent plus rien dire aujourd’hui. Il est temps d’avancer.
Article rédigé par R.G
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