La pénombre lui semblait profonde, même si le jour s'immiscait maintenant entre les rideaux par de grands rais de lumière. Tout son corps lui faisait mal, particulièrement la tête et le bas ventre. Un de ses bras était emprisonné dans le drap completement entortillé, et avait quelques erraflures roujoyantes qui en faisait le tour. Le lit ressemblait à un champ de bataille.
Libérant sa main de ce drap lanière, il sentit avec son doigt une marque rouge collante. Les yeux à peine entre-ouvert, il suivit cette marque du doigt. Quelqu'un avait saigné ? y avait-il eu un meutre ? chez qui était-il ?
Son esprit embrumé essaya d'associer le tracé de cette matière rouge à une forme connue dans sa bibliothèque d'images difficilement accessible au milieu de son cerveau. C'était un coeur. Un coeur géant tracé au rouge à lèvres au centre du lit. Son regard circulaire dans la pièce ne lui montra rien qu'il soit susceptible de reconnaitre. En repoussant le drap il découvra au milieu du lit un petit canard. Son esprit ne vibra pas à la vue de l'objet. Le petit canard si. Il l'approcha de ses yeux, le retourna et compris au bout de quelques préliminaires de pensées que ce n'était pas un objet flottant. Il le lanca sur une pile de coussins qui constituaient une étonnante colonne romaine à l'autre bout de la pièce, et dont l'équilibre instable fut immédiatement rompu par le choc.
S'asseyant sur le bord du lit, il posa sa tête qui résonnait de mille tambours dans ses mains, les coudes sur les genoux.
Mais quelle heure était-il en fait ? Il chercha une montre, n'en trouva pas, même pas la sienne. Il chercha son mobile, il ne le trouva pas plus . Il commenca a s'inquiéter. Machinalement il mit ses mains sur ses cuisses comme s'il voulait chercher dans ses poches.
Il tomba à genoux et commenca à chercher sous le lit. Un encombrement indescriptible empéchait la lumière d'y progresser. Coussin, vêtement, cadavre de bouteilles, tasses de café, boites de sushis vides, bouchons de champagne, paire de menottes, et vaisselle se chevauchaient en une royale pagaille. Soudain une tasse de café retournée le fixa de 2 yeux brillants. Il se frotta les siens et les écarquilla en respirant un grand coup.
La tasse se rapprocha . Il fit un bond en arrière, et resta accroupi le long de la penderie, appuyé sur un bras, l'autre venant spontanément contenir ce qui lui pendait entre les jambes.
La tasse de café se révela être un serpent de colombie qui sorti lentement de dessous le lit. Ses yeux amandes le fixait de la seule lueur qu'il arrivait à distinguer dans la pièce. Glacé il n'arrivait plus à bouger.
Le serpent se hissa sur le lit et se lova sous un des oreillers comme pour montrer qu'il était chez lui. Après une longue minute, ou le rythme de son coeur repris un rythme plus normal, il fit le tour du lit à quatre pattes progressant au ralentit sans trop savoir ce qu'il devait faire. Il avançait accroupi sur un tapis de pétales de roses rouges foncés répandu au pied du lit. La douceur de cet élément floral le calma. Le mur d'en face attira son regard. Il distingua un grand sticker qui représentait un serpent en tatouage monocolor.
Il trouva un slip d'homme, l'attrapant par l'elastic, il le laissa retomber avec angoisse. Ce n'était pas le sien. Il y en avait un autre, puis un troisième. Tous des slips masculins. Il n'en reconnu aucun.
Avec qui avait il passé la nuit, un homme, une femme ? A quel jeu de peau avait il joué ?
S'appuyant sur la table de nuit, il constata que le serpent toujours aussi silencieux s'était rendormi avec un certain dédain pour sa personne. Sur le coup cela l'arrangeait. En regardant sous la lampe de chevet, il vit le flacon de parfum. Renversé. A moitié vide. Une vague odeur de pain grillé, surprenante dans cette pénombre matinale, agita les sysnapses de sa mémoire. Une zone de clairvoyance fit son apparition. Ainsi c'était elle. Jeune brune au cheveux court, poitrine menue et hanche fine, avec un petit piercing brillant dans la narine. Sous ses airs d'étudiante sagement rebelle, elle lui avait fait parcourir en une nuit des territoires inconnus, portait un tatouage au creux des reins comme seul sous-vêtement, adorait l'amérique latine au point d'avoir adopté un reptile local, la cuisine et Serge Lutens.
Jeu de Peau, par Serge Lutens :
Serge Lutens continue son chemin particulier dans l'univers des parfum. Orienté vers des fragrances originales qui sont autant de parfum de niche, il propose Jeu de Peau, un parfum oriental boisé épicé qui contient de nombreuses facettes. On découvre une note de santal assez marquée, mais aussi un accord fruité abricoté, qui mêlé au santal crée presque une facette noix de coco. On peut lui trouver aussi un effet réglisse ou une impression plus fleurie. Le parfum contient des extraits de blé et de seigle et d’autres composants comme l’iris, l’encens ou le ciste-labdanum.
Notes de tête : Notes Florales, Notes Epicées, Note Abricot
Notes de cœur : Seigle, Blé, Santal, Encens, Notes Grillées
Notes de fond : Accord Lacté, Notes Réglissées, Iris, Ciste Labdanum
En savoir plus sur ce parfum chez Ozmoz, et Ambre Gris (descendre la page du blog pour lire le bas de la note)