Un drame de Jean Becker (2008) avec Albert Dupontel, Marie Josée Croze & Pierre Vaneck
Un Blu-ray région B édité par Studio Canal (04/11/2008)
Format originel : 2.35 :1, 16/9 (Cinémascope)
DTS-HD Master Audio 5.1 (VF originale)
1 Disque Blu-ray
Durée : 85 min
L’histoire : Antoine, la quarantaine, a tout pour être heureux : une belle épouse, deux enfants adorables, des amis sur lesquels il peut compter, une jolie demeure et de l’argent. Mais un jour, il décide de tout saboter en un week-end. Que s’est-il passé chez cet homme pour qu’il change si étrangement de comportement ?
Une chronique de Sypnos
Après avoir sublimé Adjani & Souchon lors d’Un Eté Meurtrier, le réalisateur Jean Becker donne à Albert Dupontel le meilleur rôle de sa carrière dans ce Deux Jours A Tuer.
Loin des personnages décalés et trash qu’il affectionne (Bernie, Le Vilain), le comédien Dupontel s’attaque ici à un tout autre registre. Son jeu y est d’un naturel confondant. Loin de s’économiser, l’acteur joue de ses regards et de ses attitudes pour cacher ce qui au fond de lui le mène à « détruire » l’homme qu’il était et tout ce qui l’entourait.
C’est sur ce simple postulat de départ et les épaules de son personnage principal que Becker va forger une mécanique de récit entre drame et thriller.
A ce jeu, le spectateur est pris dès le début. Grâce aux apparences, souvent trompeuses, le metteur en scène se joue de nous comme des personnages de son film (la femme d’Antoine). A nous d’échafauder des théories pour comprendre où veut en venir cet homme à qui tout semblait réussir professionnellement et personnellement. A nous de nous interroger comme la famille et les amis d’Antoine sur ce qui peut bien motiver un quidam à faire table rase autour de lui en l’espace d’un week-end. Que cherche-t-il ? Que veut-il ? Pourquoi fait-il cela ?
[Attention, Spoilers !]
Que de questions et si peu de réponses, dans un premier temps, car seul Antoine en a une. Une réponse qui s’accorde avec un changement de philosophie et de façon de vivre ne pouvant plus se satisfaire d’une réussite matérielle et de faux-semblants.
Le point culminant de cette métamorphose est une scène d’anthologie qui passe au crible toutes ces petites mesquineries qui font que…
Ce petit morceau de bravoure n’est autre que l’anniversaire d’Antoine où le personnage, s’il est entouré, ne s’en retrouve pas moins seul face à ses peurs, ses doutes et surtout l’incompréhension des autres dont les motivations ne peuvent plus être siennes. Et puis, sont-ils vraiment ses amis ces gens qui ne le calculent pas ? Ne lui parlent pas ?
Alors, sous couvert de régler ses comptes, il va confronter chacun de ses « amis » à ses pires travers, quitte à perdre à leurs yeux sa crédibilité et leur affection.
C’est suite à cette scène d’une force rare et au jeu saisissant qu’Antoine va enfin pouvoir se libérer ou, tout du moins, s’autoriser la fuite en avant qu’il recherchait.
En effet, Deux Jours A Tuer, c’est une fuite. Un road movie vers ce qui s’avère important quand on se sait sur la route pour un dernier voyage.
Si Antoine brise des amitiés et des connaissances, s’il fuit les êtres aimés et décide de laisser libre cours à ses envies et à ses pensées les plus secrètes, c’est parce que le temps lui est compté. Alors pas de limitation de vitesse, pas de recul et de façon polie pour dire les choses.
Le personnage d’Antoine est un être aux abois, un être qui se sait condamné mais qui n’en est pas moins en quête de compagnie. Si chacun est seul dans sa tête, il arrive au dernier moment qu’on ne veuille pas quitter ce monde sans personne à ses côtés.
C’est là le dernier morceau de bravoure du film de Becker car en suivant véritablement les sentiments d’Antoine, le réalisateur ne s’appesantit pas sur le pire de ce qui devait arriver.
Il donne à nos cœurs et à nos yeux de spectateurs un peu d’espoir. Celui-là même qu’il vient réinsuffler dans cette famille meurtrie par la perte d’un être cher.
Un être qui plus que tout voulait que les siens ne découvrent pas la terrible vérité et qui, au final, substituera à sa disparition l’arrivée d’un autre père. Un père disparu trop jeune de la vie d’Antoine. Quelqu’un qui peut le comprendre car au fond ces deux hommes ont des caractères forts et quasi identiques. Tout deux ne préfèrent pas parler, ils préfèrent souffrir seuls et en silence que de devoir faire face à des regards de pitié. Tout deux ont pris la fuite au loin des êtres aimés avec chacun ses raisons…
Dupontel porte donc dans ce film le poids d’un personnage hanté. Cet homme qui, par peur de devoir subir des regards qu’il ne veut pas sentir sur lui, préfère aller à son dernier rendez-vous seul ou tout du moins avec à ses côtés quelqu’un à même de le comprendre et de ne pas le juger.
C’est un personnage d’une force rare dont l’amour de sa femme et de ses enfants était trop lourd à porter. Il ne fallait plus qu’ils l’aiment pour qu’il puisse partir en paix même si la scène du jeu de Dupontel et de ses enfants puis son retour pour les voir, caché cette fois, montre à qu’elle point il a été dur pour lui de prendre cette décision. D’ailleurs c’est seulement envers ses enfants que Dupontel fera ses excuses avant de partir. Une scène déjà prémonitoire de ce qui va se passer plus tard avec son propre géniteur…
Entre thriller, suspense et drame, Deux Jours A Tuer est un voyage à tenter aux frontières de l’espoir. Dupontel y est pour le moins exceptionnel et ses camarades de jeu ne déméritent jamais en offrant des prestations d’une très grande qualité. Un film profondément humain, pudique quoi qu’on en pense et qui amène réflexion. Un grand film…
Alors si vous avez 90 minutes à tuer…
Ma note : 7/10
Technique
Image : Un master image de grande qualité pour cette édition blu-ray. Ensemble détaillé aux couleurs naturelles et aux détails soutenus. Du très beau boulot.
Note Image : 8/10
Son : Une bande son en DTS-HD Master Audio 5.1 qui fait la part belle aux ambiances en nous mettant au milieu de l’action (les surrounds bossent bien). Simplicité et efficacité au profit des dialogues qui s’avèrent clairs et savamment mixés avec la B.O. et les différentes ambiances.
Note Son : 8/10