La seule langue étrangère que j'aie jamais étudiée au lycée est l'Allemand. Aussi ai-je un souvenir précis de mes séjours linguistiques en Allemagne à partir de la classe de quatrième. Ma famille d'accueil était originaire de Berlin, installée après la fin de la guerre à Marburg, splendide ville universitaire, toujours un peu frondeuse. Nous recevions le matin des cours sur la civilisation et la vie quotidienne. Et beaucoup de ces leçons tournaient autour du Mur, une plaie ouverte alors toute fraîche.
Magazine
Car au petit matin du 13 août 1961, les berlinois se sont réveillés au son des truelles des maçons qui montaient les parpaings pour isoler tout le secteur Est de Berlin du reste du monde. En effet, le mur ne se contentait pas de couper en deux cette ville "otage"...Il faisait de Berlin-Est une île au milieu de l'Allemagne. Il était destiné à stopper l'exode irrépressible des Allemands souhaitant vivre libres, hors du carcan idéologique imposé, et surtout, pour des milliers d'entre eux, rejoindre leur famille brutalement retranchée de leur vie. Et cet édifice, avec ses barbelés, ses miradors, ces patrouilles n'hésitant pas à faire feu sur les fuyards, dura 28 années, jusqu'au 9 novembe 1989, date qui marque l'écroulement du système soviétique ...Mes amis allemands m'ont emmenée à Berlin. Je me souviens qu'il y avait des points de passage séparés pour les allemands et les étrangers, pour passer du pays sous occupation soviétique au secteur ouest, seul accessible. J'ai dû faire la queue seule ...Je me souviens aussi des couloirs d'autoroute réservés, entre deux hautes rangées de barbelés, des gardes-frontière en faction sur les ponts, arme chargée. Nous sommes allés regarder le secteur est, du haut d'un mirador...Je ne me rendais pas compte, à cette époque.Aujourd'hui est célébré le 50ème anniversaire de ce funeste matin. Et ce qui est le plus drôle, c'est de relire l'enchaînement des événements qui ont abouti à la chute du mur...Un incroyable récit pitoyable...puis une joie immense. Souvenons-nous que la liberté finit toujours par triompher. Faisons tout pour ça, partout, toujours.