Mercredi 10 Aout, Terasse du Palais des festivals, Cannes.
Le festival Cannois Pantiero fête déjà sa 10ème édition.
Toutes celles auxquelles je me suis rendu avaient leur lot de bons concerts, celle là ne déroge pas à la règle.
S’il s’est dernièrement recentré sur l’electro et le rock (exit les exclus rap du style dizzee rascal ou jurassic 5), les choix de programmation sont toujours variés et de qualité.
Et pour débuter cette première soirée, un groupe encore non signé mais déjà l’objet de toutes les curiosités.
A raison.
La Femme, cinq (très) jeunes gens modernes, déboulent de Biarritz pour réssuciter la pop française avec une fraîcheur réjouissante.
C’est encore prématuré pour leur prévoir une carrière à la hauteur de leurs premières chansons, mais ce live est le plus enthousiasmant de la soirée.
Assez amusant de découvrir des gamins se réapproprier sans complexe une musique laissée à l’abandon, celle des Taxi Girl, Elli & Jacno ou Ici Paris.
De la pop synthétique mais pas que, le guitariste est autant fan de rag time que de surf rock.
Leur son, même si très référencé 80′s et 60′s, est inhabituel, sophistiqué, diablement efficace.
Chant mixte et habité, avec des textes en français, simples et directs, scandés tels des futurs hymnes.
Ils ont beaux être autant voire plus jeunes que la moyenne d’age du public, ils ont déjà un une assurance qui justifie leur présence ici.
Et quelques bombinettes amenés à devenir des classiques du genre : « Anti Taxi », « Télégraphe » ou l’irresistible « Sur La Planche », single découvert l’an dernier dans l’émission et tube de tous les étés à venir.
Plus que les premiers morceaux du set, ce croisement improbable entre « Rock Lobster » et « L’aventurier » ne donne pas le choix aux premiers rangs que de danser frénétiquement.
On ne pouvait avoir plus prometteur comme début de soirée que cette Femme fontaine de jouvence.
La suite est plus hasardeuse, avec trois groupes qui, une fois n’est pas coutume, sont passés à Marseille ces derniers mois.
N’ayant vu aucun des trois, cette session de rattrapage tombe à pic, avec plus ou moins de bonheur.
Il faudra quelques minutes après la fin du premier concert pour comprendre que le deuxième, Action Beat, a commencé à jouer juste après, non pas sur scène mais pas très loin des dj’s, au milieu d’un public clairsemé et médusé.
On rejoint donc l’autre bout de la terasse pour essayer de voir quelque chose et entendre un peu mieux ce qui se trame.
Action Beat, en gros, ce sont quelques gars torse poil qui s’attachent à balancer riffs sur riffs et bourriner des fûts.
Beaucoup d’agitation et de bruit pour pas grand chose, si le dispositif est original, leur rock noisy l’est beaucoup moins.
Non seulement leur son n’est pas très fort (sans doute faute d’amplis), il s’avère rapidement casse bonbons, sans doute s’apprécie t’il davantage en salle qu’en plein air.
Les New Yorkais de Battles enchaînent très peu de temps après et on retrouve une musique nettement plus alambiquée, peut être un peu trop.
Comme sur leurs disques, pas toujours évident d’apprécier les subtilités de leur rock à tiroirs, à la construction souvent complexe.
Impression étrange de voir un groupe davantage répeter devant nous (très peu d’échanges avec le public) même si certains titres rencontrent un écho inattendu.
Voir des kids slammer et pogoter sur des morceaux aussi experimentaux surprend, mais c’est toujours plus agréable qu’un public smartphono-statique.
Pas vraiment accroché sur les titres chantés où l’on voit des projections assez laides des featurings, par contre pris mon pied comme prévu sur les deux tubes énormes que sont « Atlas » et le final « Futura », titre récent rudement efficace en live.
Curieux de finir la soirée avec Gablé dont la musique est moins percutante mais pas moins aventureuse.
Le trio Normand jouera devant un public moindre que Battles mais provoquera davantage de sourires.
Des bouts de chansons lo-fi très courtes où les genres les plus éloignés se téléscopent, ça rappelle un peu Soul Coughing ou le Beck des débuts.
On passe d’une comptine folk à des beats electro saturés, d’un rap cradingue à un festival de klaxons, sans que ça ne sonne fouilli ou forcé.
La partition de Gablé est libre et finalement assez limpide, cloturant avec malice, imagination et humilité une soirée riche en contrastes.