De récentes études scientifiques révèlent que les cris d’enfants seraient le bruit le plus stressant auquel est astreint le citoyen soucieux de bien-être et de paisible méditation. Un trajet de moyenne distance en train ou une chanson de Justin Bieber constituent à notre avis un faisceau de preuves suffisant pour étayer cette supposition, mais pendant qu’ils font ça, ils ne centrifugent pas d’atome.
Il est un pays où il doit être particulièrement difficile de philosopher en paix, c’est la Somalie. Impossible en effet de jeter le bébé avec l’eau du bain, car il y sévit l’une des pires sécheresses qu’ait connu le pays, rendant impossible l’exploitation des ressources agricoles (entre autres causes qu’on ne développera pas pour ne pas faire de peine aux spéculateurs sur les matières premières qui ont aussi leurs petits malheurs), répandant famine et épidémies dans l’ensemble du sous-continent, sous le regard interdit de la communauté internationale qui craint pour son livret A.
Saupoudrez le tout d’une large pincée de guerre civile, et vous comprendrez que l’étude de la pensée classique grecque et de l’abstraction néo-hégelienne deviennent pour notre penseur somalien aussi parfaitement dérisoires qu’une pellicule sur le col de BHL. Aussi, quand vous prendrez le train, plutôt que de vous lamenter sur la faible progression de la contraception en milieu ferroviaire et que de morigéner la mère qui laisse courir sa couvée insouciante dans les allées, songez qu’il est somme toute agréable d’entendre des cris de joie.