Traitement des résidus médicamenteux dans l’eau : la recherche avance

Publié le 12 août 2011 par Sequovia

Résidus médicamenteux, anesthésiants, produits de stérilisation, détergents, les établissements hospitaliers sont à l’origine de nombreux rejets chimiques dans les eaux usées. Des molécules que les stations d’épuration ont ensuite du mal à éliminer, engendrant un problème de santé publique. Un Plan National sur les résidus médicamenteux dans les eaux est aujourd’hui en marche, le site pilote de Bellecombe (SIPIBEL) va  pouvoir isoler les rejets de l’hôpital  Alpes Léman et les analyser pour identifier des solutions de traitabilité.

  • Des rejets hospitaliers difficiles à traiter

Cela fait déjà quelques années que les pouvoirs publics et les scientifiques s’intéressent aux conséquences de résidus médicamenteux dans l’eau. Le Grenelle de l’environnement et le Plan National Santé et Environnement 2 préconisent que des mesures prioritaires soient prises pour réduire la contamination des eaux par les résidus médicamenteux et ainsi protéger les ressources en eaux. En effet, dans les stations d’épuration, ces résidus se mélangent à d’autres polluants et deviennent  très difficiles à traiter. Ils sont soupçonnés d’être la cause, entre autres, d’effets écotoxiques ou mutagènes et de constituer des perturbateurs endocriniens.

Actuellement, le traitement de ces molécules par les stations d’épuration est fait sans réelles connaissances sur le niveau de contamination, ni sur les risques sanitaires. D’après le Plan national sur les résidus de médicaments dans les eaux, publié en mai 2011, « les réglementations européenne et française, relatives à la qualité des eaux ne prévoient actuellement pas de surveiller la présence des résidus de médicaments dans les différents compartiments aquatiques ou de fixer des normes de qualité pour ces substances, bien que la présence de certains micropolluants soit réglementée par la fixation de limites de qualité dans les milieux aquatiques ou de valeurs guide dans l’eau potable ».

Pour agir et élaborer des procédés de traitement efficaces, il est donc nécessaire d’analyser précisément la composition des rejets hospitaliers.

  • L’hôpital Alpes Léman, un site expérimental idéal

Le futur hôpital Alpes Léman, en Haute Savoie, dont l’ouverture est prévue pour 2012, est situé à proximité de la station d’épuration Bellecombe (commune de Scientrier), une localisation idéale pour en faire un site expérimental de recherches sur les rejets des eaux des établissements hospitaliers.

Tout l’intérêt de ce site est qu’il permet d’analyser les rejets hospitaliers avant traitement par la station d’épuration puis après un traitement classique. L’impact de l’implantation de l’hôpital sur les cours d’eaux locaux pourra également être mesuré.

L’objectif de l’étude est finalement de mesurer les effets biologiques des rejets sur la santé humaine ainsi que dans les cours d’eau et de faire des essais de traitabilité. Les scientifiques cherchent notamment des procédés capables de faire disparaître les micropolluants (métaux lourds, détergents, résidus de médicaments…), mais ces procédés coûtent chers et sont difficiles à mettre en place.

  • Avis de Sequovia

Les résidus médicamenteux dans l’eau constituent un problème de santé publique que l’on connaît encore trop mal mais dont on soupçonne la nocivité. Cette étude, opportunité unique due à la construction de l’hôpital Alpes Léman, devrait permettre aux scientifiques de mieux connaître les effets sur la santé de ces molécules que nous ingérons, mais surtout de résoudre le problème à la base en les éliminant dans les stations d’épuration. Des résultats très attendus qui, à terme, seront disponible sur Internet.

S’ils sont particulièrement concentrés dans les rejets d’eau des établissements de santé, les résidus médicamenteux sont aussi présents dans les eaux domestiques. La France est le premier consommateur de médicament en Europe : antibiotiques, antidépresseurs, anti-inflammatoires, contraceptifs… Tous ces médicaments laissent ensuite des traces dans les eaux que nous rejetons.

Heureusement, les impacts négatifs des résidus médicamenteux dans l’eau sont peu à peu pris en compte, on attend d’ailleurs pour fin 2011 une méthode d’analyse des risques sanitaires des résidus médicamenteux dans l’eau qui devrait être publiée par l’AFSSAPS et l’ANSES. Les consommateurs sont aussi incités à ramener les médicaments non utilisés en pharmacie pour incinération, mais il faudra du temps avant que nos cours d’eaux ne soient libérés de toutes ces molécules chimiques.

Certains experts estiment qu’il est du devoir des laboratoires scientifiques de prévoir la dégradation de leurs produits en fin de vie et que les médicaments impactant l’environnement ne devraient pas être commercialisés en l’état. Pour agir au sein de votre entreprise et maîtriser votre impact sur l’eau, des solutions existent et pour vous permettre de prévenir les risques liés à l’eau et d’analyser puis de traiter vos rejets en eau.