Win-win désigne en anglais un accord entre deux personnes, où chacun se préoccupe de l’intérêt de son partenaire pour … mieux augmenter le sien. Un concept très à l’image du ton du film, qui mélange ambiance dramatique d’après-crise et comique mélancolique. Le tout distillé par une bande de losers, parfaite pour les circonstances. Le français, lui, est plus positif : Les Winners. Un titre contestable à la vue de ce troisième long métrage de Thomas McCarthy, qui avait signé The Visitor il y a quelques années. Car, clairement, s’il désamorce souvent la noirceur latente de son intrigue, McCarthy n’a pas envie de rire. Après avoir évoqué, dans son précédent film, l’Amérique multiculturelle et post 11 septembre, embourbée dans son intolérance et ses problématiques sociales (les sans-papiers notamment), sa nouvelle étude porte sur les conséquences de la crise financière sur des américains banlieusards, des hommes et des femmes lambda qui tentent de s’en sortir, comme ils peuvent.
En arnaquant un petit vieux sénile pour l’avocat Mike Flaherty (Paul Giamatti), par exemple, qui propose de s’occuper du vieil homme pour toucher une compensation financière. En 2011, il n’y a plus de héros. Il n’y a que des figures citoyennes, écrasées par un capitalisme agressif, et qui, abandonnent leurs valeurs et principes pour essayer de joindre les deux bouts. Même si l’image est terne, le scénario peu stimulant (sur lequel vient se greffer une histoire d’ado fugueur et d’entraînement d’une équipe de lutte locale), et l’atmosphère très américaine (relents catho et cie d’un côté, tics Sundance de l’autre), McCarthy réussit quand même à nourrir la banalité de l’ensemble par un propos politique plus noble que ces ennuyeuses et peu convaincantes histoires de famille. Mais, au final, rien n'y fait, Win Win reste une œuvre mitigée- proposition atone, foudroyée par la grisaille générale.
Sortie cinéma : 31 août 2011.