Magazine

Stauned!

Publié le 19 février 2008 par Timothée Poisot

Il est un fait que ceux qui parlent de sciences en français sur internet sont peu nombreux. Il y a le C@fé, Plume!, SpectroSciences et quelques autres. De fait, on se retrouve à croiser toujours les mêmes personnes, et ce n’est pas toujours un sentiment agréable.

Pourquoi? Parce qu’on à parfois l’impression que malgré nous, on aide certains groupes à faire leur promotion. C’est du moins l’impression que j’ai eu après que Jean Staune aie choisi de recopier un chapitre de son livre dans un commentaire récent. Soyons clairs, soyons honnêtes. La seule chose qui motive ce billet, c’est la volonté de vous rééxpliquer encore pourquoi, d’après moi, la religion n’a pas sa place dans un laboratoire, mais aussi en quoi Staune et ses amis sont de parfaits pseudo-scientifiques.

Le matérialisme, fondement de la science telle que nous la pratiquons aujourd’hui (et donc, je m’octroie la liberté de considérer toute personne s’écartant du matérialisme comme un pseudo-scientifique, un crackpot, incluant Jean Staune, William Dembski et les autres), consiste à penser que tout est interprétable par des lois physiques et chimiques. La biologie n’est jamais qu’un grand corollaire de ces deux disciplines. Les autres hypothèses (dieu, le grand horloger, the flying spaghetti monster auquel va ma préférence,…) ne sont pas nécessaires au scientifique.

En “sciences dures”, la moitié des scientifiques cherchent les lois de la nature (les physiciens et les chimistes), l’autre moitié les appliquent (les biologistes et consorts) sous le regard affolé des mathématiciens qui les voient utiliser leurs beaux outils en dépit du bon sens…

Voilà ce qui fait la science. Ce n’est pas ce petit argument minable que nous offre Jean Staune : Anne Dambricourt dont les découvertes ont été publiées dans des revues à référés et qui enseigne dans l’école doctorale du Muséum National d’Histoire Naturelle. Analysons. La publication dans des revues à comité de lecture est bien entendu un gage de sérieux scientifique. Une sorte de rituel d’intronisation. Tant qu’on ne peut se prévaloir d’une publi, on n’est pas un scientifique. Et le comité de lecture est un gage d’excellence, d’ailleurs il n’y a jamais de rétractation, de fraude, de conflits d’intérêt. Il est tout à fait connu aussi qu’en France, on ne fait carrière que sur la base de ses compétences scientifiques, et que toute personne à un poste de maître de conférences où autre est nécessairement un scientifique de haut-vol. D’ailleurs, aucun scientifique ne pourrait penser à quelqu’un qui occupe inutilement la place d’une personne qui la mériterait 3 fois plus.

Où comment en une phrase, Jean Staune nous explique calmement qu’il n’a rien compris au monde de la recherche (je précise quand même qu’il serait malsain et injustifié de croire que tous les chercheurs vivent en parasite — je ne fais que souligner que ces deux arguments n’ont que peu de valeur). Le poste, le nombre de publis, ne sont pas de bons indicateurs du fait qu’une personne soit un scientifique ou non.

C’est maintenant que je répond à la question en quoi Lecointre est-il plus représentatif de la science que les doux illuminés de l’UIP? Voyons… Il publie dans des revues à comité de lecture, et il est membre (si ce n’est directeur) de l’ED à laquelle appartient Anne Dambricourt. Mais je ne peux pas utiliser ça, puisque je viens de dire que ça n’avait aucune valeur (ou presque). Alors quoi? Lecointre milite pour le matérialisme, la voilà la différence. Et il n’y a pas besoin d’avoir inventé l’eau tiède pour comprendre que c’est la limite qui sépare la science du charlatanisme (une des nombreuses limites, en fait, il y a différentes sortes de pseudo-science).

Pourquoi militer pour un retour du “sens” dans la science? Parce que c’est le moyen le plus rapide pour y faire entrer la religion. A tel point que l’UIP semble se focaliser sur ce “sens”. Allant jusqu’à parler de sens de l’évolution. A mon avis, ça relève d’une erreur conceptuelle quant à ce qu’est l’étude de l’évolution. Confucius disait de l’expérience qu’elle n’éclaire jamais que le chemin parcouru. J’ai la même vision de l’évolution. On sait ce qui s’est passé, on sait par quels mécanismes ça s’est produit (plus ou moins bien, d’ailleurs), mais il est difficile d’extrapoler à la suite. On peut éventuellement estimer les issues d’une situation, à conditions égales, mais la composante “hasard” est bien trop importante pour que l’on puisse dire précisément ce qui va se produire.

Si quelqu’un ici prétend le contraire, j’ai un jeu de données à analyser, je suis tout à fait prêt à le partager.

Revenons sur le fait que Staune et ses collègues soient de grands supporters de l’évolution. Je me permet de dire qu’il n’en est rien. Où alors, si c’est le cas, qu’ils n’ont toujours pas compris ce qu’était l’évolution. Peut-on être supporter de l’évolution, et soutenu par la fondation Templeton (qui milite pour rapprocher science et religion)? Peut-on être supporter de l’évolution et traduire en français des plaidoyers pour le dessein intelligent, en les rendant encore plus virulents que la version originale? Peut-on enfin se prétendre supporter de l’évolution quand on partage les idées de religieux fondamentalistes aussi dangereux que William Dembski?

Non. Non, non, en aucune manière. A moins de se revendiquer supporter d’une science de la paresse intellectuelle, d’une science où les réponses que nous refuserions d’aller chercher parce qu’elles nous imposent des bonds conceptuels trop grands, nous irions les inventer ailleurs, d’une science qui serait utilisée non pas pour comprendre, mais pour prouver la justesse d’une idéologie. Une science sans hypothèse H1. Pas une science? Voilà, c’est l’idée…


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Timothée Poisot 6 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte