Interview // Chico & the Mojo @ Festival Jazz & Blues de Gouvy

A quelques kilomètres du Luxembourg, dans la commune belge de Gouvy, se déroule tous les ans, durant le mois d’août, le Festival Jazz & Blues de Gouvy, organisé par Claude Lentz. Pour cette 32^ème édition, je vous propose de partir à la rencontre d’un groupe blues belge de talent : le Chico & the Mojo Blues Band.

Voilà plus de 30 ans que les Mojo parcourent les terres belges, dans le but de faire partager leur amour du blues, et plus particulièrement du Chicago blues. C’est avec une extrême gentillesse, une modestie à toute épreuve, et une bonne humeur contagieuse que j’ai eu la chance de rencontrer trois membres du Mojo : Chico (vocal/guitare), Didier (guitare solo) et Pascal (harmoniciste remplaçant, du groupe Cheap hot blues), à la fin de leur représentation scénique autour d’un verre… de bière belge, naturellement !

Un petit mot de présentation du Chico & the Mojo Blues Band ?
Chico : Au départ, le groupe s’appelait le Mojo Blues Band. C’est un groupe de la région de Mons qui joue depuis déjà 30ans. Il y a eu plein de changements de personnel durant toutes ces années, notamment le chanteur qui est parti à la fin des années 90. Moi, ça va donc faire dix ans que je joue. Les Mojo m’ont contacté en 99 après ledit départ de leurs chanteurs. Je commençais à apprendre le blues, je trouvais ça sympa donc j’ai tenté l’aventure. On est un groupe de 5 musiciens (bassiste, batteur, un guitariste soliste, un guitariste/chanteur et un harmoniciste) assez branchés Chicago blues mais qui reste tout de même assez large d’esprit. Nos racines s’amoncellent donc dans les années 50-60 du blues du Nord des Etats-Unis.
Didier : Actuellement, on travaille des morceaux très soul. Dans notre travail, on essaie de faire sentir le groove, l’énergie, la sueur, on essaye d’apprivoiser le vrai blues urbain de Chicago. On essaie aussi de donner un côté funk, c’est le côté un peu arracheur, lancinant, rythmé, qui vient du blues de toute façon…

Trois membres du Mojo Blues Band : De gauche à droite, Didier, Pascal et Chico

 Parlons un peu de vos influences, vos maîtres bluesmen...
Chico: Les influences changent au fil des ans. J’essaie d’écouter constamment de nouvelles choses, y’a tellement de super bons guitaristes, années 40/50, même actuellement. On cherche une ouverture totale. Même si on se tient à avoir une ligne de conduite : rester quand même dans le blues. Pour ne citer qu’eux, je dirais T Bone Walker, Due Robillard, mais également beaucoup de groupes belges qui tournent pas mal du côté d’Anvers (Electric Kings)
Didier : Je dirais Jimmie Vaughan pour ma part, ainsi que Freddie King et Fenton Robinson. En ce qui concerne les influences de Pierre (harmoniciste), ça serait plutôt Walter Horton, Kim Wilson (harmoniciste des Fabulous Thunderbirds, avec Jimmy Vaughan, ndlr)..
Comment se passent vos tournées en Belgique? C’était la première fois à Gouvy?
Didier : On a très bien tourné en 2009 et 2010. On s’est un peu calmés durant ce début d’année, mais on compte repartir d’ici la fin 2010. Souvent, pour donner des concerts, ce sont les gens pour qui on a déjà joué qui nous recontactent, afin qu’on vienne remettre ça dans leurs manifestations. Dans le cadre du festival de Gouvy, c’était la première pour nous. On flippait si tu savais... Ici, ce sont des gens qui savent ce que c’est que le blues (le festival en est à sa 32ème année de représentation, ndlr). Le public ne te fait pas de cadeau. Ils sont là, ils attendent bien plus que 3 accords blues. On a malheureusement eu un problème avec notre harmoniciste Pierre. Mardi, mauvaise nouvelle, on a appris qu’il avait eu un gros soucis médical donc qu’il était obligé d’annuler sa participation auvfestival. On a du appeler un harmoniciste pour le remplacer en urgence. A ce propos : un grand merci à Pascal Lemaire, du groupe Chep hot and blues pour nous avoir sauvés, et ce avec brio ! Merci Pascal !
Chico : On aimerait souhaiter à Pierre un bon retour et un très bon rétablissement. Tu nous manques Pierre, reviens nous vite en forme !
Comment qualifierez-vous la performance de ce soir ?
Didier : On a eu la chance d’avoir un public très réceptif, communicatif même. En tant que musiciens amateurs, pouvoir jouer devant un public pareil, qui éprouve du plaisir à nous écouter, nous il nous en faut pas plus, on est heureux ! 

Le Mojo en pleine concentration!

Quand on vous voit jouer sur scène, on assiste à une telle aisance de votre part, une telle alchimie entre vous, une communication optimale. Quel est votre secret?
Didier : Quand on joue, on est très attentifs aux autres membres du groupe. Même s'il n’y a pas les regards, il y a les oreilles. On aspire à s’entraider constamment. Dès qu’un membre de l’équipe se sent un peu en danger, on est là pour le récupérer et repartir tous ensemble. C’est ça le principal et le plus important dans notre formation : l’écoute. Je pense que c’est le secret des mecs qui sont au top du top, qui ne répètent quasiment jamais : ils s’écoutent. C’est la principale cause de mortalité chez la majorité des groupes amateurs. Pour ça, j’ai un truc : souvent, je ne demande pas ma guitare en retour, mais principalement la voix et l’harmonica. Ça me permet de savoir si je joue trop fort ou pas. A partir du moment où tu écoutes les gens, tu respectes les gens.
Pascal : C’est comme ça qu’avec une simple petite répétition, tu peux partir en confiance à un concert. Même si tu ne connais pas un morceau, tu sais que tes potes seront là pour t’aider, et ça se passe forcement bien !
Didier : Oui, on n’a pas cet état d’esprit d’être au-dessus des autres. On est plutôt au service les uns des autres. C’est important dans le blues, et même en musique pour être plus général. Tu ne vas pas en concert pour te montrer, pour montrer que t’es le plus fort ! Mais non ! Tu as l’air de quoi après ?
Quelques projets d’ici la fin de l’année? 
Chico: On a 3/4 concerts qui arrivent jusqu’à octobre. Le prochain concert : un anniversaire début septembre. On fait même des représentations comme ça ! Des fêtes, des mariages… Théoriquement où on n'a pas à être là ! Mais les gens nous demandent, et ils dansent à chaque fois ! Nous on s’amuse à jouer ce que nous aimons, on fait nos shuffles, et les gens ne se posent pas de questions.
Didier : Dans le cadre de projets, on aimerait bien tourner un peu dans le nord de la France. Les amateurs wallons de blues qui ont l’habitude de sortir un peu nous ont déjà vus plusieurs fois. Le nord de la France reste inconnu pour nous. Avis donc aux organisateurs potentiels !
Le mot de la fin ?
Merci à Claude Lentz, gentil organisateur, grand merci pour l’accueil. Peut-être à un jour sur Paris !
Pierre, si tu nous lis, on pense à toi !

Chico and the Mojo ainsi que votre dévoué.