Croissance nulle : Sarkozy a-t-il perdu 2012 ?

Publié le 12 août 2011 par Cajj

(actualité)


Retour sur le passé

Depuis 1978, la France a changé de majorité à chaque élection législative, soit  (année, majorité, président, premier ministre):
- 1978 : la droite (VGE, Raymond Barre)
- 1981 : la gauche (Mitterrand, Mauroy)
- 1986 : la droite (cohabitation, Chirac)
- 1988 : la gauche (Mitterrand, Rocard)
- 1993 : la droite (cohabitation, Balladur)
- 1997 : la gauche (cohabitation, Jospin)
- 2002 : la droite (Chirac, Raffarin)
sauf en 2007, où la droite l'a emportée.
Que s'est-il passé de spécial en 2005-2007 ?
Pour la première fois depuis 1974, pour la première fois en 30 ans, la France a connu un recul incontestable du chômage dans les semestres précédant l'élection législative.
Nicolas Sarkozy sera réélu, si le chômage est en baisse sensible en mai 2012. Etre en baisse sensible, c'est être en baisse sur plusieurs trimestres (minimum 5), au point où tous les observateurs reconnaissent cette baisse.
Comment le chômage baisse-t-il ? Le chômage baisse s'il y a des créations d'emplois, et il y a création d'emplois si la croissance est suffisante (supérieur à 1,5% environ, en rythme annuel). Cette dynamique est impactée par la démographie : la croissance (beaucoup de naissances) ou la décroissance (peu de naissances) de la population (active), accèlère la hausse ou la baisse du chômage selon.
Que se passe-t-il aujourd'hui ?
Le premier trimestre a connu une croissance soutenue. Avec elle, le chômage a baissé. On pouvait espérer être entrée dans une spirale ascendante. Politiquement, Sarkozy aurait capitalisé sur cette baisse sur 18 mois du chômage.
Or, la croissance s'est effondrée. Au deuxième trimestre, elle est à 0%.
Conclusion 1 : 2012 à la suite du passé
Certes, la croissance peut connaître des à-coups.
Certes, le nouveau dispositif de prise en charge des licenciés économiques va perturber la lecture des données, dès sa mise en œuvre, à l'automne.
Mais les choses sont maintenant bien mal engagées. Au regard de l'expérience du passé, Sarkozy ne peut pas gagner l'élection présidentielle, sauf retournement improbable de la conjoncture économique. Cette dynamique s'observe dans les désastreux
Conclusion 2 : 2012 en rupture avec le passé
Les hypothèses du passé sont-elles valables pour l'avenir, pour 2012 ? Il semblerait que les électorats soient moins clivés. Les électorats ne croient pas vraiment en leur camp. Aussi, il se peut que l'électorat de gauche se mobilise mal, car désabusé, il voudra le départ de Sarkozy mais pas au point d'aller voter pour le champion de la gauche.
Et là, Nicolas Sarkozy aurait ses chances au prix d'une excellente campagne électorale, ce dont il est capable. Il faudrait que son adversaire socialiste soit peu inspiré ; Martine Aubry ne captive pas les foules tandis que François Hollande n'a aucune expérience ministérielle. Enfin, il faudrait que Marine LePen ne pèse pas fondamentalement sur cette élection, or l'élimination du candidat socialiste (ce qui est possible mais peu probable).
Avec des si, on met Paris en bouteille. Même s'il reste une chance à Nicolas Sarkozy d'être élu, au bénéfice d'une conjoncture électorale toute particulière, la dynamique structurelle est celle de sa défaite.
cajj