Le franc suisse est surévalué, dit Jean-Pierre Danthine, numéro 3 de la BNS, Banque Nationale Suisse, dans un entretien accordé ce jour au Temps ici.
C'est une lapalissade, car c'est bien le propre des valeurs refuges d'être surévaluées au plus fort des crises de confiance.
Si l'euro et le dollar se sont fortement dépréciés par rapport au franc suisse depuis des mois, c'est justement parce que la confiance n'y est plus. Certes les efforts entrepris par les pays de
la zone euro sont louables, mais largement insuffisants pour regagner la confiance des investisseurs, même s'ils sont nettement plus importants que ceux consentis par les
Etats-Unis.
Or c'est bien cette crise de confiance qui est à l'origine du raffermissement du franc suisse. Celui-ci ne pourra se déprécier à nouveau vis-à-vis de ces deux monnaies, que lorsque la
confiance sera retrouvée dans les autres pays occidentaux, riches surtout de dettes. Il n'y a pas de secret, ce sont les dettes publiques et les déficits publics qui alimentent la
défiance.
Il faut donc réduire les dépenses publiques dans ces pays, sans augmenter les impôts, pour déjà rompre le cercle vicieux.
Chercher à réduire les déficits ne suffira cependant pas à réduire les dettes. Il faudra renouer avec les excédents, autant dire que ce n'est pas demain la veille. Mais aller dans cette direction
ne pourra que redonner une plus grande confiance. Ce sera toujours ça.
Les dépenses publiques ne génèrent pas de richesses comme le pensent un certain nombre d'acteurs politiques qui en sont restés aux erreurs keynésiennes. Au contraire elles en
détruisent. L'argent rendu à l'économie par leur baisse ne peut que permettre une relance sur des bases saines.
Si l'on en croit le numéro 3 de la BNS, cette dernière n'exclut aucune mesure pour combattre le franc fort. L'injection de 40 milliards de francs en liquidités [la photo provient
d'ici] est la première mesure annoncée hier. Cela a certes
permis de faire baisser artificiellement les rendements de la monnaie helvétique. Et aujourd'hui l'euro
contre franc a du coup repris des couleurs.
Il serait toutefois surprenant que cette remontée toute relative se poursuive, parce que les raisons fondamentales de
défiance envers l'euro demeurent. Toutes les mesures évoquées par le numéro 3 de la BNS pour contenir la montée du franc auront le même effet temporaire et coûteront finalement
cher à l'économie.
L'augmentation des liquidités opérée par la BNS répond à la définition de l'inflation qu'en donne Jörg Guido Hülsmann dans son livre
L'éthique de la production de monnaie ici :
"On peut définir l'inflation comme l'augmentation de la
quantité nominale d'un moyen d'échange au-delà de la quantité qui en aurait été produite sur le marché libre."
L'inflation ne se traduit pas toujours par une hausse de prix, comme beaucoup le pensent ingénument. Elle peut tout aussi bien empêcher ou masquer la baisse qu'ils auraient dû subir...
Reste à savoir si ces 40 milliards de francs de liquidités, en plus des 80 précédemment injectés, auront un effet quelconque... en regard de la masse totale de liquidités en francs suisses.
C'est peut-être heureux qu'ils n'aient pas d'effet...
En dehors de la solution d'une plus grande confiance dans les pays de la zone euro, le franc suisse peut très bien perdre de sa superbe en raison d'une baisse de la croissance de l'économie
suisse. Cela voudrait dire que celle-ci n'aura malheureusement pas réussi à s'adapter, parce que le deal était trop grand.
A tout prendre, il serait donc préférable que les pays riches, qui ont le plus grand poids économique, se montrent enfin plus vertueux, pour le bien-être de tous les autres.
Francis Richard