Bon, puisque le Monsieur du blog d’en face m’interpelle sur ce point, je me vois mal me défiler (DPP fera quant à lui ce qu’il veut), bien que je n’aie guère l’âme à la chose…
Chacun dans la gauchosphère connaît mon hostilité pour cette personnalité politique. Au cas où certains n’en mesureraient pas l’importance, je les invite simplement à cliquer sur les liens suivants et ils auront de la lecture pour l’hiver la fin de l’été :
Pauvre fille… Aux chiottes Royal ! – Fraternité mon cul ! – Attention ! Ségolène Royal est une dangereuse gauchiste ! – Des régions en rose et vert… Oui, mais pour quoi faire ? – Sarko/Ségo, même combat ! – la rose pourrie de Ségolène – Royal tombe le masque – Boutin/Royal = 0 à 0 – Le communisme à la Royal – Désir d’avenir ? Royal passé ! – Quand Ségolène Royal montre son visage… – Pointure 44 pour désirs d’avenir… – Royal délire – Royale, la Ségo ! – Sainte Ségolène, mère de dieu… ou Evita Peron ?
Mais là n’est pas le sujet, et je ne voudrais pas donner l’impression de botter en touche. Produisons quelque peu de discours circonstancié et argumenté, plutôt que de faire dans le billet d’humeur, ça nous changera (merde, putain, Dagrouik, tu fais chier, j’avais pas envie de bosser, bordel !).
Que nous dit la bougresse pour défendre sa vision des choses ?
Créer un fonds souverain européen (ou « Trésor public européen ») Cela permettrait :
* de financer à coût maîtrisé (eurobonds/emprunts européens) les investissements d’avenir réseaux de transport d’énergie, réseaux numériques, biotechnologies…) dont l’Europe a besoin pour relancer l’économie
* de ne pas accabler davantage les contribuables en cas de crises
* de limiter la spéculation en mutualisant les émissions de dette de chaque État par le fonds
Sa création suppose uniquement du volontarisme politique : pour augmenter les attributions et les dotations de l’actuel fonds européen de stabilité financière (FESF)
Bon, oui, vu comme cela… L’idée peut paraître bonne. Cependant, commençons donc par le début. Jetons nous à l’eau :
1. Supprimer le pacte euro-plus Sarkozy/Merkel : Ce pacte «Euro Plus», qui a été imposé aux peuples européens lors du Conseil européen des 24-25 mars, va au-delà du traité de Lisbonne. Il a été réalisé au plus grand mépris des Parlements nationaux et du Parlement européen. On voit donc mal dans quelles conditions, là où pour un texte à la portée bien plus limitée, on s’est passé de la participation (et de la volonté) démocratique, les pays de l’union s’entendraient soudain magiquement et dans des délais suffisamment brefs pour faire face à l’urgence en créant ce Trésor Public Européen que sa majesté appelle de ses vœux… même depuis 2006 ! Et cela quand bien même c’est un projet intéressant.
(Déjà qu’on n’a même pas été foutu de créer un smic européen… Vu que la volonté populaire de 2005 n’a pas été respectée…. ). Dagrouik a donc raison d’écrire qu’ « Accessoirement, cela voudrait dire revenir sur les traités qui sont de toutes façons caducs en ce moment ». Il sait que c’est l’une des demandes expresses du front de gauche, ces traités ayant été réalisés sans la consultation des peuples européens, probablement considérés comme non autorisés à détenir un avis judicieux … (Seules les élites savent ce qui est bon pour le commun des mortels, n’est-ce pas ?
2. Redéfinir le rôle de la BCE : les actions de celle-ci échappent totalement à la souveraineté populaire. La BCE se révèle totalement dévouée aux marchés financiers. C’est tout à fait anormal. Il convient donc de lui donner un rôle garantissant l’intérêt commun, et non celui des seules élites économiques mues le plus souvent par la cupidité et l’intérêt particulier à court terme. Pour cela, lui permettre par exemple de prêter « directement aux états à un taux identique ou plus favorable que celui qu’elle accorde aux banques », comme le suggère Mélenchon. (c’est pourquoi la BCE s’est d’ailleurs hâtée, mais lentement – probablement trop tard – de racheter la dette de certains pays par le biais des banques, ce qui est une fois de plus tout bénéf pour elles… Un vrai scandale moral d’une ampleur inégalée). La crise de la dette prendrait ainsi une toute autre dimension quantitative si les montants étaient réactualisés en ce sens (car, entre nous à qui profite le crime ? D’où ma position). Il conviendrait également, cela va de soi, de favoriser par son intermédiaire le développement d’industries, d’entreprises, de productions quelle qu’en soit la forme, qui seraient génératrices d’emploi durable, soucieuses du respect de l’environnement y compris dans ses transports de marchandises, et qui opéreraient des choix plus qualitatifs que quantitatifs et, chaque fois que possible, dans un contexte d’économie sociale et solidaire.
3. Réviser les montants de la dette en fonction de sa teneur, de ses spécificités selon les pays, et la renégocier en fonction de priorités politiques fortes, tenant compte non pas des intérêts des prêteurs, mais de celle des peuples. (un exemple ici, auquel je souscris). Pour cela, ne pas hésiter à annuler partiellement ou intégralement la dette, comme on le propose pour certains pays en voie de développement. Ce dernier ne pourrait plus avoir lieu avec de tels niveaux de remboursement. Une trop brutale austérité sur les bases de ce qui se dessine actuellement dans l’esprit des élites européennes dominantes ne pourrait qu’entraîner des explosions sociales bien plus fortes que celles que nous avons connues jusqu’alors. Les émeutes anglaises seraient ainsi du pipi de chat à côté…
4 … Puis, lorsque ces points auront été réalisés, effectivement lever l’impôt à un niveau coordonné, égalitaire, qui contribue à davantage de redistribution des richesses. C’est-à-dire de permettre également à l’Europe d’en créer, par le biais de programmes de grands travaux financés par l’impôt basé sur des critères équitables (taxation des revenus du capital au même niveau que ceux du travail) : réseaux de télécommunications, Internet, transports trans-européens, énergie, environnement, restructuration du commerce en fonction de critères environnementaux (relocalisations de toutes les productions possibles). Ce dernier point permettrait à l’Europe de redevenir auto-suffisante en termes d’approvisionnements, ce qui n’est pas anodin en période de crise.
Toutefois, pour clore momentanément le débat, je tiens à signaler à Sieur Dagrouik ce léger problème de stratégie politique : pour en arriver à ce genre de réorganisation systémique, il faudrait peut-être s’allier à des partis et mouvements qui intégreraient ce genre de raisonnements, qui seraient susceptibles d’adhérer à ces projets. je doute que cela soit le cas avec ceux qu’elle voulait épouser il n’y a pas si longtemps encore…
Je terminerai ce certainement trop long billet (mais quand on veut expliquer, cela prend toujours du temps…) en terminant par ces mots si justes du programme du front de gauche aux dernières élections européennes auxquels je souscris sans modération et qui me semblent terriblement d’actualité : « la crise est celle de tout un modèle de développement, source d’inégalités monstrueuses, de gaspillages incommensurables des ressources de la planète, de tensions et de conflits dans le monde. Elle est le résultat d’une logique capitaliste qui déconnecte toujours plus la sphère financière de la production créatrice de valeur sociale, qui prône le productivisme au mépris de l’environnement, qui étend la marchandisation et le consumérisme au mépris de l’humain et de l’intérêt général. » (source)
En espérant, cher Monsieur Von Gruïckenstroumph, ne pas avoir répondu trop à côté… Il vous faudrait dans ce cas rendre la question plus intelligible pour permettre au pauvre gauchiste que je suis de répondre plus favorablement… PS. Si le sujet te passionne tant, je te conseille la lecture de gens avisés, dont je rejoins l’avis, en cliquant sur le lien contenu dans l’image ci-dessus.