Kalimantan, c’est la partie sud et Indonésienne de l’île de Borneo. C’est aussi la zone de production d’huile de palme la plus importante après la Malaisie. Le territoire est recouvert principalement d’immenses forêts tropicales, lesquelles sont brûlées tous les jours un peu plus pour faire place aux plantations de palmiers (entre autres). Le gouvernement indonésien ne protège pas son patrimoine pour le moment, car il reçoit des sommes bien trop élevées pour oser contester le pillage qui s’opère sur ses terres.
Les forêts de Kalimantan abritent les dernières populations d’orang-outans, au bord de l’extinction. On peut encore en observer dans leur milieu naturel, grâce à des fondations qui tentent de les réintroduire dans des parcs nationaux.
Voilà pour l’intro. Nous sommes donc partis nous balader du côté du Tanjung Puting National Park pour une semaine. La meilleure façon de visiter le parc se fait par bateau, car il est bordé de rivières et son centre est très dense. Nous avons donc loué les services d’une équipe locale et d’un klotok : un bateau aménagé où vous dormez (à la belle étoile, derrière une moustiquaire), vous mangez, vous vous lavez et vous observez la faune.
L’expérience était très chouette, tout d’abord parce qu’on y a mangé la meilleure cuisine de toutes nos vacances (en quantités gargantuesques, mais Denis est poli et ne voulait pas laisser de restes, je vous laisse imaginer notre estomac à ce jour). Ensuite parce qu’on a vu des orang-outans de près, en nous rendant à des camps de la fondation internationale Orangutan où l’on nourrit les primates en voie de réintroduction. On a également rencontré beaucoup de personnes travaillant dur pour lutter contre la déforestation. Certains organisent des protestations, d’autres créent des fondations sans un sous, d’autres encore cherchent à faire vivre les villages locaux d’un tourisme vert afin de les détourners d’activités illégales relatives à la déforestation. Des personnalités plus qu’impressionantes.
Les visites aux camps de la fondation avaient quelque chose de religieux : il vous faut marcher environ 30 mn dans un chemin étroit avant d’atteindre les plateformes où l’on dispose la nourriture pour les orang-outans. Imaginez marcher sur ce chemin en compagnie de quelques autres touristes et de rangers, mais aussi des orang-outans les moins timides du camps. Ceux-ci marchent avec vous, lentement, se retournant parfois pour s’assurer que toute la troupe suit. Vous marchez à leur rythme et observez les nouveaux arrivants qui se joignent au cortège. Deux cochons sauvages ferment la procession, tous les jours, pour se goinfrer des peaux de bananes.
Lorsque les rangers disposent les fruits sur les plateformes, nous sommes priés de reculer derrière une ligne de sécurité, puis ils se mettent à pousser des cris à la tarzan, très fort, qui résonnent dans toute la forêt. Plus tard, à leur rythme (c’est à dire très lentement), les orang-outans débarquent du ciel, en s’accrochant aux arbres qui se tordent à des degrés vertigineux.
Un jour, deux bateaux à moteur sont arrivés au camp. Il y avait dans l’un d’entre eux une femme aux longs cheveux blancs, que tout le monde regardait avec respect. La présidente de la fondation était venue visiter les lieux.
L’expérience était déjà incroyable. Ajoutez à cela des colonies de singes proboscis qui s’endormaient à côté de notre klotok tous les soirs, des crocodiles dans l’eau, des martins pêcheurs de toutes les couleurs et les réveils dans la brume au chant magique des gibbons.
Voilà, vous pouvez désormais imaginer nos têtes d’ahuris avec des yeux grands ouverts au beau milieu de la jungle !