Le libéralisme récompense naturellement les bons et sanctionne les mauvais grâce à la concurrence et à la responsabilité personnelle. Le libéralisme est moral, optimiste et créateur.
Par Patrick de Casanove (*)
Article publié en collaboration avec l’Insttut Coppet.
Communication au 3e week-end de la liberté à Dax (voir les vidéos ici).
Nécessité de la morale
L’Homme est un être social qui vit naturellement en groupe. Sans morale c’est impossible. Pour vivre en communauté, il faut des règles qui reposent sur le respect de l’autre. Personne ne lèse autrui ou ne le contraint. Ainsi, grâce à ces règles morales, les gens vivent ensemble et s’épanouissent paisiblement.
La morale s’applique à tous les Hommes dans leur diversité. « Il n’y a rien de plus injuste que de traiter également des choses inégales. » (Aristote)
Les hommes sont inégaux, physiquement et intellectuellement, tous ont des talents différents. Il y a égalité de chance mais pas égalité de résultat. Les inégalités économiques n’ont rien à voir avec l’injustice et l’inégalité est un puissant moteur d’amélioration sociale. L’inégalité injuste est celle où la justice impersonnelle du marché est remplacée par l’arbitraire du décideur politique.
Les Hommes sont imparfaits. Le libéral n’est pas naïf, ni aveugle. Il sait que « L’homme répugne à la Peine, à la Souffrance » et qu’ « il peut vivre et jouir en s’assimilant, en s’appropriant le produit des facultés de son semblable. De là la Spoliation », disait Bastiat. Il sait qu’il y a des bons qui respectent autrui et des mauvais qui ne le respectent pas. L’État libéral laisse faire les bons et punit les mauvais. Ce sont ses fonctions régaliennes. Mais l’État ne change pas les bons en mauvais ni les mauvais en bons. L’État socialiste sanctionne celui qui lui désobéit et récompense celui qui se soumet. Il a tendance à profiter des vices s’ils le servent.
Heureusement les Hommes sont perfectibles. L’individu doit avoir des repères, des références qui peuvent être des personnes édifiantes, des événements remarquables, des principes.
Les principes de la morale
La morale naturelle repose sur des principes simples :
Tu aimeras ton prochain : c’est la Souveraineté individuelle et la Coopération spontanée, c’est la Charité gratuite et le respect de la Personne.
Tu ne tueras pas : par exemple le concurrent économique, le rival politique
Tu ne voleras pas : par exemple les clients, les consommateurs, les actionnaires, les citoyens contribuables. Tu n’envieras pas le bien d’autrui : la politique socialiste repose sur ce vice.
Tu ne mentiras pas : par exemple aux clients, aux consommateurs, aux actionnaires, aux collaborateurs, aux électeurs.
Tu honoreras ton père et ta mère : la famille est l’élément de base de la société des Hommes.
Le fondement objectif de la morale
La morale naturelle a des fondements universels : ce sont les Droits Naturels :
- La Propriété : La Propriété ne se limite pas au foncier. Un individu est libre quand il peut entièrement contrôler son travail et sa Propriété. La morale libérale c’est le respect strict du droit de Propriété « Droit inviolable et sacré ». La libre Propriété permet de disposer de son bien, sans nuire au voisin. La Propriété permet l’échange volontaire, qui est équitable sinon il n’aurait pas lieu. La libre disposition de la propriété profite à tous, y compris aux plus humbles. La Propriété protège les plus fragiles.
- La Liberté : chacun est libre de faire ce qu’il veut avec ce qu’il a. Il en supporte les coûts et les conséquences, il ne porte pas atteinte aux Droits Naturels d’Autrui.
- La Personne, la Vie : «Le bien consiste à conserver et à favoriser la vie ; le mal consiste à détruire la vie ou à l’entraver» écrit Albert Schweitzer qui pensait que le respect de la vie est le dénominateur commun susceptible d’unir toute l’humanité.
Les principes du libéralisme
Le libéralisme laisse agir l’intérêt personnel dans le cadre du droit naturel : c’est le puissant moteur du progrès social, et il profite à tous. Il a deux garde-fous aussi puissants :
- La responsabilité personnelle : chaque Homme est libre et responsable de ses actes et c’est la Responsabilité qui permet de progresser. L’homme s’instruit de l’expérience et de ses erreurs parce qu’il n’échappe pas à leurs conséquences.
- La concurrence : c’est l’absence de contrainte, d’arbitraire dans les choix. C’est la justice. C’est elle qui rend impossible les monopoles, rentes de situations et privilèges.
Le libéralisme récompense naturellement les bons et sanctionne les mauvais grâce à la Concurrence et à la Responsabilité Personnelle.
Grâce à ces règles peu nombreuses, l’Homme vit en société où s’organise une coopération spontanée qui permet la division du travail et le progrès. En vivant en société nous bénéficions de services incommensurablement supérieurs à ceux que nous pourrions produire seuls. Ils sont en telle abondance que la majorité d’entre nous nous ne pourra jamais les rendre.
La société libre est faite pour le bien de la Personne. La Personne n’est pas faite pour être soumise à la collectivité incarnée par ses chefs, même élus. Les institutions sont bonnes dans la mesure où elles facilitent l’accomplissement de la Personne. Ces institutions partent de la souveraineté de l’individu, lequel délègue librement et de manière réversible, ses pouvoirs à des groupements susceptibles d’accomplir ce qu’il ne peut accomplir au mieux lui-même. Leur pouvoir doit être strictement borné et la Propriété strictement respectée.
Le social est-il toujours moral ?
Pour les collectivistes, le libéralisme écraserait les plus faibles, n’aiderait pas les plus démunis. Il ne serait donc pas social et ne pourrait être moral. Ce que l’on nomme social c’est quand « la Loi prend aux uns ce qui leur appartient pour donner aux autres ce qui ne leur appartient pas », quand « la Loi accomplit, au profit d’un citoyen et au détriment des autres, un acte que ce citoyen ne pourrait accomplir lui-même sans crime ». C’est « la spoliation légale. » (Frédéric Bastiat, La Loi). La loi collectiviste est pervertie et organise la spoliation légale, c’est la fameuse « justice sociale ». Or la spoliation légale est aussi immorale que l’illégale. Ce que les socialistes appellent social, c’est soulager la misère, qu’ils ont créée, avec l’argent qu’ils ont pris à d’autres. Une société bâtie sur le vol est mortifère et condamné à l’échec dans le totalitarisme et la misère.
Le Libéralisme seul incarne ces Valeurs accomplies sans contraintes, donc véritablement morales. Il ne repose pas sur le vol mais la coopération. Il engendre croissance et prospérité ce qui est véritablement social. Les plus démunis existent mais sont beaucoup moins nombreux. Personne n’est à l’abri d’un problème. Pour que le groupe fonctionne chaque membre sait pouvoir compter sur l’aide de ses compagnons en cas de difficulté, et chaque individu sait qu’il est de sa responsabilité personnelle d’aider Autrui. C’est la charité libre qui est bien plus efficace que la solidarité contrainte. Elle soude la communauté humaine. La Valeur humaine et la coopération spontanée préexistent à la loi.
Le socialisme légalise l’immoralité
Le socialisme est pessimiste. Pour lui, l’Homme est incapable et doit être pris en main par une élite éclairée. Dans sa logique, il n’est aucun domaine qui n’échappe à l’État. Il n’en est aucun où son action est une réussite. L’État se mêle de tout, mais ses fonctions régaliennes sont en déshérence. Parce que quand l’État sort de ses fonctions régaliennes il légalise l’immoralité : la spoliation légale contre la propriété, la contrainte contre la liberté, l’arbitraire contre le libre choix, la soumission contre la souveraineté de l’individu, l’irresponsabilité collective contre la responsabilité personnelle, les barrières et la guerre contre le libre échange, la contrainte et la violence contre la coopération spontanée, le mépris de l’Homme contre la dignité et la vie, la méfiance et la haine contre la confiance et la charité.
Le socialisme est matérialiste. Il ne conçoit l’homme et ses besoins que comme matériels. Il suffit de l’écouter proclamer que tous les problèmes de notre société sont liés à un manque de moyens et de règlementation. Il ne conçoit l’Homme que comme un rouage interchangeable d’une mécanique qu’il contrôle. Le facteur humain, et l’infinité des comportements humains sont niés. Les besoins spirituels ne sont acceptés que sous forme de culture d’État, ou de religion d’État. Le socialisme se fixe le bien matériel, temporel de la collectivité. Au nom de ce bien collectif, il autorise, légitime et justifie les pires atrocités et perversions. La Loi peut faire faire des choses horribles et récompenser pour cela. Même dans notre démocratie, les pensées et les opinions sont combattues par la loi. Il n’y a pas de morale d’État, pas plus qu’il n’y a de morale politique.
La loi ne crée pas la morale
De toute éternité, les Hommes se sont battus pour la Justice qui sanctionne naturellement les atteintes à la Liberté, aux Personnes et à la Propriété. L’État ne le fait pas. La loi dit ce qui est légal, ce qui est réglementaire. La morale c’est ce qui est Juste. La loi ne crée pas la morale. C’est la morale qui doit inspirer la loi. Chacun sent qu’il y a une justice, une morale naturelle. Celle-ci a été découverte au fur et à mesure de l’évolution, elle doit être enseignée et transmise. Le vecteur de la morale c’est l’individu, le foyer de base de l’individu c’est sa famille. L’État n’a pas à se substituer à la famille.
Le sens véritable de la liberté : servir son prochain
Le libéralisme est moral, optimiste et créateur. Tout Homme a des capacités et des talents utiles à l’Humanité. Il faut le laisser s’épanouir. Notre rôle sur cette terre est de rendre des services, matériels et immatériels, à notre prochain et ainsi de faire progresser l’humanité. Grâce à cela le plus petit, le plus misérable, le plus handicapé d’entre nous a sa place et sa dignité. Seule une société de liberté permet cela. Cette société est la seule qui ne prend en compte que la Valeur de la Personne, l’Homme ne se réduit pas à une masse de matière, fut elle animée. Le Libéralisme n’est pas limité à l’économie. Chaque Homme est unique et digne de par sa qualité d’Être Humain. Celui qui est très diminué et dépendant, voire est dans un coma prolongé, a un rôle, un dessein : celui de rendre l’Homme meilleur. L’honneur de chacun est d’aider son prochain, donc d’être librement charitable avec tous. La charité libre permet à l’Homme de sublimer son destin dans l’Amour du prochain, qui est le fondement de la morale authentique.
Sur le web
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(*) Patrick de Casanove est docteur en médecine. Il exerce à Ondres, commune dont il a été maire de 1995 à 2001.
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