Hé oui, comme toutes choses les vacances ont une fin, et cela tombe bien, les blogs n'aiment pas les vacances. Les rédacteurs traînent, se regardent le nombril, procrastinent (le verbe à la mode)
et ça peut durer longtemps ainsi. N'ayant eu le temps que de reprendre mes lectures, je manque un peu de matière pour le présent. Mais pas pour le futur : depuis mon retour j'ai rechargé
mes étagères, beaucoup de romans (Tanizaki, Mishima, Hiraide, Kobo Abe, Yasushi Inoue...), des mangas (Kenshin le vagabond,
Solarium, & les derniers tomes de séries en cours, comme Sprite, Nanja Monja, Soil), et quelques DVD (Giant Robo,
Abenobashi). Aussi, afin de reprendre gentiment le rythme, je vous parlerai de ce qui est encore frais dans ma mémoire : mes vacances. Oui, on s'en fout, mais c'est un sujet de
rentrée facile, et puis je fais ce que je veux.
(cliquez les photos pour agrandir)
Donc, le Maroc. Mais pas de club merde ni de tour organisé : chez l'habitant. C'est ainsi que je conçois les voyages : au contact des
gens qui connaissent, et qui peuvent nous faire découvrir leur pays loin des sentiers battus. Et de fait, je n'ai pas vu un touriste ou presque de tout le séjour. Nous étions à Sidi Rahal, petite
bourgade balnéaire où les Casablancais se font construire des villas près d'une plage encore sauvage, livrée aux pêcheurs, aux femmes qui ramassent le varech et aux gosses qui se baignent du
matin au soir.
Au programme, ni Marrakech, ni Agadir. Casablanca ne fait pas partie des circuits touristiques habituels, et nombre de français qui
disent connaître le Maroc m'avaient déconseillé cette ville moderne, réputée sans charme ni caractère. Je ne suis pas d'accord. D'abord parce que j'aime me faire ma propre idée. Ensuite parce que
j'aime les grandes villes en général, et que Casa possède ce charme que j'ai rencontré à Marseille, à Barcelone, à Odessa... De grands boulevards aux immeubles art déco, des ruelles populaires
pittoresques, une atmosphère urbaine hyperactive et quelques trésors cachés. Bon, je ne peux pas dire que la grande mosquée Hassan II soit un trésor caché : d'un luxe ostentatoire et de
proportions délirantes, son minaret de 200m de haut dominant la corniche, elle sent plus le Bouygues que le Maroc éternel. Mais les habitants en sont fiers, et je me suis abstenu de toute
remarque.
A Casa, j'ai surtout aimé les quartiers populaires. La vieille Médina, par exemple. On appelle "Médina" les vieux quartiers des villes
marocaines. Celle de Casa n'est probablement pas la mieux cotée au guide du routard, et c'est tant mieux. Pas vu de marchands de tapis ni de dresseurs de serpents, du coup nous étions les seuls
français visibles au milieu de la foule grouillante venue au souk vendre ou acheter fringues, bijoux, DVD illégaux et téléphones de provenances diverses. Et nous n'avons pas été embêtés par les
rabatteurs de touristes. Lorsque j'ai pris la photo ci-contre, un quidam m'a interpellé avec humour : "elle vous plaît la maison? je vous la vends 1,4 millions!" (de dirhams, soit
120.000€ environ). Je pense qu'en négociant, j'aurais pu faire affaire... En revanche, j'ai vu de magnifiques boutiques de caftans multicolores, et de vraies babouches cousues main, que les
Casablancais portent au quotidien.
Des souks, il y en a partout tous les jours. Celui-là se tient près de notre village, le soir, à la fraîche, pour les gens du coin. On
y trouve des stands de produits cosmétiques, de vaisselle et d'ustensiles de cuisine (j'y ai acheté ma théière pour le thé à la menthe, pour... 13 dirhams, soit 1€ à peine!), et de beaux stands
alimentaires, dont ce marchand d'épices, qui vend les plus beaux produits que j'ai jamais vus. Safran, cumin, paprika, gingembre, cannelle, coriandre, j'en ai pris assez pour tenir jusqu'à mon
prochain séjour marocain.
Grâce à nos hôtes, nous étions invités chaque soir chez des amis, des parents, qui rivalisent d'hospitalité et de talents culinaires.
La cuisine est une affaire de femmes, et j'ai pu me glisser dans les cuisines pour les observer, sous prétexte d'aider à éplucher les légumes ou à faire la vaisselle. C'est une cuisine parfumée,
riche et saine, faite pour rassasier, notamment les soirs de ramadan. Les repas se prennent en commun, le dernier souper vers 3h du mat, on se sert à même le plat avec les doigts en s'aidant d'un
bout de pain...
Recevoir, au Maroc, est un art de vivre, et je dois reconnaître que j'ai rarement été aussi bien accueilli. Pour apprécier il ne faut
pas être trop pressé. Mais on ne reste pas "à table" comme en France, les repas se prenant sur une table basse, confortablement assis sur des poufs ou des sofas. A Casa, c'est le confort moderne,
par-contre en dehors, c'est plus aléatoire. Dans notre villa, l'eau était livrée par bidons, portés par le "petit âne", quatre allers-retours pour alimenter la citerne. D'un certain point de vue,
je suppose qu'on peut appeler ça "l'eau courante".
Forcément, avec ce rythme de vie, pour les visites nous avons privilégié la qualité à la quantité. L'excursion à El Jadida, l'ancienne cité portugaise de Mazagan, est un bel exemple. Imaginez une longue
plage en anse, bordée de villas et de palmiers, au bout de laquelle s'élève une vieille citadelle à quatre bastions, enserrant des ruelles ombragées aux belles demeures portugaises, une église,
une synagogue et une mosquée, et qui contient un vrai trésor caché : la citerne portugaise. Un lieu absolument magique, hors du temps, où la lumière du ciel se reflète sur l'eau stagnante, entre
les piliers de pierre... De nombreux films y ont été tournés, par Orson Welles, Arthur Joffé, Francis Ford Coppola... Magnifiquement préservée, encore authentique et peu connue des touristes qui
se ruent à Marrakech ou à Essaouira, la citadelle d'El Jadida-Mazagan est classée au patrimoine mondial de l'Unesco.
Je clos ce "diaporama" comme je l'ai commencé : par un bateau. A l'extérieur de la citadelle de Mazagan, j'ai pu entrer dans le
chantier de réparation des bateaux de pêche, le gardien m'encourageant avec le sourire à prendre autant de photos que je voulais. C'est ça aussi, l'accueil marocain... impressionnant, de voir les
squelettes des coques en bois en cours de réparation. De voir les ouvriers soulever des barques pesant plusieurs quintaux. Et cette silhouette penchée d'un chalutier telle une épave, dont la
couleur s'harmonise avec la teinte des murailles...
Vous l'aurez ressenti, ce n'est pas sans nostalgie que je commente ces photos. Finalement, ce billet est totalement hors sujet par rapport au reste du blog, mais ça m'a fait du bien, et pour ce
premier séjour au Maroc, probablement pas le dernier, ce sont des impressions de pur newbie que je vous ai livrées. J'espère qu'elles ne vous ont pas trop ennuyé.
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