La débâcle boursičre suscite l’attentisme du monde aérien
Décidément, les moments de calme sont rares, ceux de prospérité exceptionnels. L’actuelle débâcle boursičre, prolongation de la crise entamée en 2007, annonce de toute évidence des lendemains qui déchantent. Le transport aérien, l’industrie aérospatiale et de Défense, n’échapperont certainement pas aux difficultés qui pointent ŕ l’horizon.
Le trafic aérien, tout d’abord, risque de mal vivre l’impact de ce coup dur financier. Le secteur se prépare d’ores et déjŕ ŕ des déceptions d’autant plus sévčres que l’année 2011 s’annonçait déjŕ médiocre, malgré une nette reprise de la demande. Au cours du premier semestre, le trafic passagers a progressé de 4,4%, ce qui est médiocre, et le fret n’a quasiment pas augmenté. L’IATA, quand elle a fait le point pour la derničre fois, a maintenu la prévision d’un mauvais bilan financier pour l’ensemble de ses membres, estimant que l’année 2011 serait clôturée sur un bénéfice de 4 milliards de dollars ŕ peine, en recul de 78% par rapport au résultat de 2010. Cette semaine, sans doute les économistes genevois vont-ils entreprendre une révision ŕ la baisse de ce pronostic.
L’industrie risque-t-elle d’en souffrir gravement ? Pour l’instant, les commentaires sont rares. Seul Hans Peter Ring, directeur financier d’EADS, s’est exprimé, tenant comme il se doit des propos rassurants. Avec un carnet de commandes de 450 milliards de dollars et 4.000 Airbus ŕ livrer, le groupe, a-t-il dit en substance, est bien armé pour traverser une zone de turbulences. Reste le fait, sans préjuger des développements ŕ venir, qu’EADS a perdu plus de 13% de sa valeur depuis le début de l’année, sans ętre pour autant parmi les entreprises les plus durement touchées du CAC 40.
Le fait est qu’Airbus et Boeing sont, a priori, bien protégés contre un passage ŕ vide. En revanche, on imagine que les deux rivaux vont y réfléchir ŕ deux fois avant d’augmenter davantage les cadences de production de leurs familles A320 et 737, ce dont il était beaucoup question depuis le salon de l’aéronautique du Bourget de juin dernier. De toute évidence, ce n’est pas le moment de prendre des risques supplémentaires, quitte ŕ rater quelques ventes.
Au męme moment, le volet militaire de l’industrie tremble sur ses bases. La décision de l’administration Obama de réduire fortement les moyens mis ŕ la disposition du Pentagone risque de faire des dégâts importants au cœur du complexe militaro-industriel américain. Les groupes de pression de tous ordres sont passés ŕ l’attaque, sans le moindre résultat. En Europe, d’importantes restrictions ont déjŕ été décidées au Royaume-Uni et il n’est pas exclu, en France, que les mesures qui seront annoncées le 24 aoűt exigent une participation sacrificielle de la Défense.
Personne n’est épargné par cette évolution négative. Ainsi, on est aussi en droit de s’interroger sur les perspectives peu brillantes qui s’offrent aux constructeurs d’avions d’affaires. A tort, depuis le début de l’année, ils avaient cru ŕ un timide mouvement de reprise mais le niveau des ventes reste médiocre. Et il risque évidemment de le devenir davantage.
Voici donc le transport aérien et l’ensemble du secteur aérospatial et de la Défense ŕ nouveau confrontés ŕ de trčs sérieux problčmes. Ce n’est évidemment ni la premičre, ni la derničre fois. Le moment ne s’annonce pas moins difficile ŕ vivre.
Pierre Sparaco-AeroMorning