Par ailleurs, des questions techniques sur le sondage lui-même et la manière dont il a été menée, ne sont pas passées inaperçues aux yeux de d’un de amis, qui évolue dans le monde des études de marchés et des analyses de sondages.
Je vous livre uns sorte de compte-rendu d’une longue scéance d’explication qu’il a bien voulu me donner à ce sujet .
« Chaque sondage ou chaque étude de marché doit être remise dans son contexte, sinon les résultats ne peuvent être pris en considération ni comme matière première d’analyse, ni encore moins en tant que base pour une prise de décision.
Dans l’ étude d’IPOSOS sur les partis et les hommes politiques au Maroc, je remets en cause l’approche technique de l’étude ainsi que d’autres détails intrinsèques relatifs à la méthodologie.
D’emblée, l’administration du questionnaire par téléphone m’a interpellé :
Vue le contexte social et politique au Maroc, et les incidences qui ont suivi le 20 février, administrer un questionnaire par téléphone au Maroc pour un sujet politique relève d’un manque de connaissance du pays. Les marocains ne « font pas confiance » quand des interviewers les contactent par téléphone : les premières réactions des sondes sont généralement « qui êtes vous ? qui vous a donne mon téléphone ? ». Généralement les études pour lesquels le questionnaire sont administrés par téléphone sont des études pour les sociétés qui ont une base du client (télécom, assurances, banques … etc)
Ipsos aurait du expliquer aussi comment les numéros de téléphone ont été générés. Dans un pays où le téléphone fixe souffre d’une très faible pénétration dans les ménages marocains, Ipsos doit expliquer le processus pour confirmer la véracité des données. Si l’étude a été faite sur des téléphones portables (le plus probable) alors comment a-t-on déterminé la zone géographique des sondés.
Le dernier point concerne principalement le taux de réponse : dans le cas précis aurait été intéressant à savoir sur les 1000 questionnaires réalisés, combien de refus de répondre aux questions ont été enregistrées … Dans les sondages d’opinions, toutes les données peuvent être utilises pour contribuer l’analyse.
L’autre aspect qui a attiré son attention, c’est e questionnaire lui-même.
Est-ce que le questionnaire a été administré en darija ou en français. Cela est très important car pour tester la notoriété d’un parti politique Maroc, il faut savoir les marocains font référence aux formations politiques en utilisant les deux langues.
Un exemple pour expliciter cette question de notoriété ; si une personne a répondu « Al Ishtirakiyine », cette réponse comptera-t-elle comme « USFP » .
Comment l’enquêteur/enquêtrice peut –il être sûr de ce que le répondant veut exprimer, étant entendu que le questionnaire administré doit être identique pour tous les sondés.
Pour bien lire ce sondage, il est indispensable de connaitre la formulation du questionnaire.
J’en arrive à ma dernière remarque, et qui n’est pas la moins importante et elle concerne la « légèreté » de l’analyse qui semble avoir été tirée de ce sondage.
Qu’en est-il des différences par région, par sexe, par âge, par catégorie socio-professionnelle. L’analyse semble considérer les 1.000 sondés comme constituant une population homogène sans différences.
Cette manière de procéder est assez décevant de la part d’un cabinet comme Ipsos. Et il est encore plus décévant que le commanditaire du sondage ne se soit pas apperçu de ces lacunes.
Commander des sondages politiques constitue une excellente initiative. Mais les faire réaliser dans des conditions floues et se permettre de les publier, c’est très grave ! »