Des comics et des filles : on est pas dans la m…

Ce soir, grâce à Twitter (et grâce à @linilim) j’ai découvert que certains médias en étaient encore restés à nous considérer, nous les lectrices de BD tout genre confondu, comme des cruches. J’ai donc appris que les filles (une catégorie socio-culturelle très dépensière et écervelée, c’est bien connu, et cible potentielle de dépenser l’argent du ménage au Comptoir des cotonniers) n’étaient pas des adeptes de bandes dessinées, c’est en tout cas ce que prétend Miss Comptoir sur le blog « culture » (…) de la marque :

Il faut le dire : nous les filles, on est pas forcément fans de BD. Trop d’heroic fantasy, trop de science-fiction, trop de guerres, trop de combats… Bref, tout un univers qu’a priori on ne comprend pas trop.

Oui il faut le dire, nous les filles nous sommes des fleurs délicates qui passons notre temps à parler chiffon entre nous, que ce soit « au parc« , « à la plage » ou « chez grand mère« , j’ajouterais à la sortie de l’école, au rayon surgelés, avec la boulangère, etc, etc… et oui nous n’y connaissons vraiment rien, c’est un peu comme le foot du coup c’est formidable, ils ont adapté des BD pour nous les filles, oui rien que pour nous et nos centres d’intérêt : le shopping, les mecs, et Lady Gaga, et en plus c’est fait par des filles qui forcément ne peuvent que nous comprendre, nous les fleurs délicates, en pestant sur ces machos de garçons qui pensent qu’à faire des soirées téléfoot entre eux (je divague mais je dois pas être très hors sujet).

Les enfants, nous sommes en 2011 et nous sommes dans une merde internationale. C’est par ici que ça se passe.

Je suis une piètre féministe, et encore moins une victime de la mode (ceux qui m’ont déjà vu sont au courant), du coup jamais je n’aurais mis les pieds de moi-même sur ce blog, mais quand j’ai lu ces quelques phrases, mon sang n’a fait qu’un tour et je ne suis pas la seule aux vues des commentaires dont je me délecte encore :

« Bon… c’est pas tout ça les filles, mais pendant ce temps, y’a la vaisselle qui s’entasse. »

« Hihihi comme je suis une fille je ne sais pas lire et j’ai demandé à mon mari (bien supérieur à moi) de me raconter ce que vous avez écrit. Vous savez il aime des gros camions et moi les calendriers chatons…..
Trêve de plaisanteries : Miss vous devriez avoir honte de ce que vous écrivez ! »

« Je m’emmerdais au boulot, cet article ainsi que les commentaires qui s’ensuivent ont fait ma journée, merci!!
Je pense tout pareil que la flopée de donzelles indignées par cet article; après, je ne suis pas plus étonnée que ça, venant du blog d’une marque dont les pubs « maman/fifille » affichent des trucs insipides du genre « j’aime: l’odeur de l’herbe mouillée, mon trench kaki et les crêpes/ J’aime pas: l’hypocrisie et les choux de Bruxelles… »
C’est triste pour la nana visiblement un peu niaise qui a écrit cet article, surtout. »

A l’heure où j’écris ces quelques lignes, ce n’est pas moins de 121 commentaires qui ont réagit à ce billet WTF, bien entendu je ne mets pas en cause les œuvres citées que je respecte vraiment car elles sont très sympathiques et qu’elles reflètent effectivement une certaine catégorie de lectorat (que je respecte aussi si si !). Mais la BD pour filles -si elle existe encore de nos jours- ce n’est carrément pas cela. J’ose espérer que c’est une BD revendicatrice qui met à mal les stéréotypes, j’ai beau kiffer Bridget Jones, (qui est un peu l’image de ces working girls sentimentales des années 2000) elle n’est absolument pas un critère et un symbole pour moi (je crois même être son opposée), le fait que je sois lesbienne ne change rien au sujet, je reste une fille (basique) qui lit des bandes dessinées, point. Et en cela, de quelle culture où elle puisse provenir, je veux être en face d’une Dunan Nuts, d’une Yoko Tsuno, d’une Katina Choovanski, une « femme actuelle » (désolée) dans son époque ni plus ni moins.