Solea

Par Lonesloane

De Jean-Claude Izzo.

« J’avais tourné la tête et laissé mon regard filer vers l’horizon. Là où la mer devient plus sombre. Plus épaisse. Je m’étais dit que la solution à toutes les contradictions de l’existence était là, dans cette mer. Ma Méditérranée. Et je m’étais vu me fonde en elle. Me dissoudre, et résoudre, enfin, tout ce que je n’avais jamais résolu dans ma vie, et que je ne résoudrai jamais. »

Troisième et dernier tome de « La trilogie marseillaise », ou les tribulations d’un Fabio Montale désabusé, dans un Marseille toujours aussi attirant, envoûtant, où chaque passage, chaque ruelle vous dévoileront leurs mystères, leurs secrets les plus inavouables.

Babette, la journaliste qu’on a pu découvrir dans « Total Kheops », termine une longue enquête concernant les liens de la mafia avec la finance internationale, elle a constitué un énorme dossier qui, si il est dévoilé, causera de nombreux remous jusque dans les plus hautes sphères de la politique. Mais on ne touche pas ce genre de chose sans risquer de se brûler les doigts… La jeune femme l’apprendra à ses dépens. Traquée comme un animal par des tueurs professionnels, elle n’aura d’autre solution que de se lancer dans une fuite éperdue et sans espoir qui la mènera de Rome jusque dans les Cévènes et, bien évidemment Marseille. Vers qui se tourner ? En qui avoir confiance ? Si ce n’est notre bon Fabio Montale, toujours si pragmatique quant à l’appréciation de la décrépitude du monde qui nous entoure, toujours si romantique lorsqu’il s’agit d’aimer la bonne vieille cité phocéenne, toujours si humain tout simplement.

Solea, c’est une nouvelle plongée vers l’innommable, vers la fange de la société, un troisième volet encore plus sombre et torturé que les précédents, mais oh combien jouissif à la lecture, comme pour finir en beauté son oeuvre, Jean-Claude Izzo tiendra en haleine le lecteur jusqu’à la dernière ligne, le dernier mot. Bien évidemment, c’est sans issue, on referme le livre avec un petit pincement au coeur, par ce que voilà, tout est terminé, le monde continue de tourner, Marseille vit et vivra toujours au rythme du soleil et du mistral… avec peut-être parfois un brin de haine.