La fin du n’importe quoi dans l’étiquetage alimentaire ?

Publié le 10 août 2011 par Obobs

En matière de produits alimentaires, on raisonne encore en termes d’allégations (affirmations non démontrées).

Or la Commission européenne vient d’y mettre le holà, pointant du doigt plus de 2000 allégations trompeuses ou mensongères sur les étiquettes de denrées alimentaires commercialisées dans l’Union européenne.

Exemples d’informations non vérifiables par le consommateur, ni jusqu’ici par un quelconque organisme: "Réduit le taux de cholestérol", "solidifie les os", "facilite la circulation sanguine". Or beaucoup d’entre elles sont « trompeuses », c’est ce que vient d’indiquer Frédéric Vincent, porte-parole du commissaire européen John Dalli, chargé de la Santé et des consommateurs.

Que s’est-il passé ? La Commission européenne s’est décidée à saisir l’EFSA (Agence européenne pour la sécurité des aliments) pour un arbitrage scientifique, et le verdict est éloquent : sur 2 760 allégations nutritionnelles vérifiées, seules 510 étaient fondées.

Encore faut-il préciser que la Commission entend surtout pratiquer la dissuasion, puisqu’elle a choisi de réduire au minimum la liste de départ retournée par les États, qui comportait 44 000 allégations. Une politique semble-t-il déjà payante, puisque 300 allégations ont aussitôt été retirées par l’industrie (1 500 allégations de santé par les plantes font, elles, l’objet d’un report).

Ces analyses de l’EFSA n’ont porté, a pris grand soin de stipuler Frédéric Vincent, que sur les bienfaits vantés : "Le rejet d'une allégation ne signifie pas que le produit n'est pas bon, seulement que les promesses figurant sur l'étiquette ne sont pas correctes."

L’opération a pour but affiché de règlementer un domaine de non-droit, mais devenu de plus en plus sensible et répondant à une forte demande des associations de consommateurs, la Commission ayant annoncé son intention de proposer d’ici 2012 un règlement s’appuyant sur les avis de l’EFSA. Elle prévient qu’une fois le règlement entériné, les industriels auront 6 mois pour bannir de leurs étiquettes tout argument de vente imaginaire.

À noter qu’une démarche identique vient d’être effectuée dans les domaines de la diététique et des compléments alimentaires, les États et le Parlement européen devant bientôt être amenés à statuer sur une proposition de règlement du même type. En clair, un vent de moralisation commence de souffler : "Il s'agit de réguler un marché actuellement opaque" (Frédéric Vincent). C’est ce à quoi se sont attelés les services du commissaire John Dalli.

À terme, il devrait incomber aux seuls industriels de l’alimentaire d’apporter la preuve scientifique de leurs arguments de santé. Qui s’en plaindra ?

 

Source : AFP (28.07.2011)