François Fillon rassure l'Europe sur la présidence française
Une posture de "bon élève" de la classe européenne. Pas d’arrogance, pas de mise en avant d’intérêts spécifiquement français, une grande détermination de servir « l’intérêt général » et une extrême importance accordée au Parlement européen…. François Fillon s'est efforcé, aujourd’hui, de rassurer les leaders politiques du Parlement européen sur les intentions de la France lorsqu'elle assumera la présidence de l'Union européenne. Nous étions loin, très loin des moulinets de la communication de type sarkozyste, des "moi je " et autres "je veux"...
LES FAITS:"La présidence française, ce sera une présidence autour des dossiers d'intérêt général que sont le changement climatique, l'indépendance énergétique de l'Europe, la sécurité de ses approvisionnements énergétiques, l'harmonisation des politiques en matière d'immigration ou encore des progrès sur la défense européenne", a assuré le Premier ministre à Strasbourg.
"Voilà les objectifs qui sont ceux de la présidence française et qui sont des objectifs au cours duquel l'intérêt général n'est pas discutable", a-t-il insisté lors d'un point de presse après une rencontre avec le président du Parlement européen, le démocrate-chrétien allemand Hans-Gert Pöttering qui a manifesté son optimisme :"Nous attendons avec une grande confiance la présidence française de l'Union européenne".
François Fillon s’est s'entretenu dans l'après-midi avec les présidents des groupes socialiste, PPE (Parti populaire européen) et libéral démocrate avant une rencontre avec les parlementaires français.
Pour cette journée consacrée à la préparation de la présidence française de l'Union, qui interviendra au second semestre 2008, il était accompagné du ministre de l'Agriculture Michel Barnier, du secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet et de Roger Karoutchi, secrétaire d'Etat des relations avec le parlement. Les trois ont été rejoints par Jean-Marie Bockel, « local » de l’étape.
PAS D'ARROGANCE FRANÇAISE
Alors que Paris est soupçonné de privilégier ses propres priorités, sur l'Union méditerranéenne notamment - un thème cher à Nicolas Sarkozy -, ou de vouloir contester les règles européennes sur les quotas de pêche ou les aides à l'industrie, le Premier ministre a joué les bons élèves.
"Le fait de vouloir préserver une capacité industrielle en Europe et dans chacun de nos pays ne me paraît pas contradictoire avec les objectifs de l'Union européenne", a-t-il répondu à une question sur les investissements publics promis sur le site d'ArcelorMittal de Gandrange en Lorraine.
Sur l'Union méditerranéenne, sur laquelle l'Allemagne est réticente, c'est Hans-Gert Pöttering qui s'est chargé d'affirmer son identité de vue avec son interlocuteur, sur un projet qui paraît singulièrement revu à la baisse.
"Pour ce qui est de l'Union méditerranéenne, nous estimons qu'il faut renforcer les relations avec les pays de la Méditerranée qui ne font pas partie de l'Union européenne", a-t-il souligné.
François Fillon s'est aussi efforcé de gommer l'impression d'arrogance, parfois prêtée à la France, vis-à-vis du Parlement européen, une institution avec laquelle la relation est "fondamentale" selon lui.
Il a réfuté également toute volonté de Nicolas Sarkozy de pousser la candidature de Tony Blair pour la future présidence de l'UE: "Ce sera un choix collectif qui sera fait de façon démocratique dans une concertation avec tous les Etats européens", a-t-il dit.
Il a encore "rendu hommage" à la présidence slovène de l'Union que l'on a pu sentir agacée par le battage médiatique entretenu par la France autour de sa future présidence.
Reste la question de la Turquie sur laquelle la France n'entend pas faire varier une position qui l'oppose à la majorité de ses partenaires et des élus du Parlement européen."Je pense qu'il faut continuer à négocier avec la Turquie mais que l'association de la Turquie à l'Union européenne, de notre point de vue, ne devrait pas se faire par une adhésion".
Crédit photo : François Lafite/FlickR