LA PLANETE DES SINGES : LES ORIGINES (The Rise of the Planet of the Apes) de Rupert Wyatt

C’est parce qu’il veut sauver son père (John Lighgow) des griffes de la maladie d’Alzheimer, que Will (James Franco) teste son nouveau produit sur les singes. Imposer la volonté humaine face à une nature hégémonique et toute-puissante (le rôle faire-valoir de Freida Pinto nous le rappelle) demeure l’un des thèmes favoris de la SF. Le reboot (reprendre une saga de zéro), très à la mode en ce moment (Star Trek, X-Men le commencement) de ce classique qu’est La Planète des singes (un livre, de nombreux films, une série TV), est l’occasion parfaite pour Rupert Wyatt de fouiller un peu la thématique, au regard de l’époque contemporaine. Soit, une expérience qui tourne mal, un bébé chimpanzé incroyablement intelligent et expressif (Andy Serkis en motion capture bonsoir) et un vilain engrenage plus tard, les singes décident de se la jouer gros bras révolutionnaires, sortent et de leurs gonds et de leurs cages, pour partir casser du flic sur le Golden Gate Bridge. SF à SF. Oui. Et donc ? Très honnêtement : bof.

Si le postulat de base (avec ce fils obsédé pour sauver son paternel et une étude de la relation homme / singe) insufflait à l’intrigue une charge émotionnelle inédite, celle-ci se retrouve rapidement dynamitée par les travers coutumiers du blockbuster : survol de toute profondeur (faut quand même pas pousser !), recherche du grand spectacle à tout prix, plongeon dans l’émotion facile (la liberté retrouvée dans une forêt de séquoia et blablabla). Au final, beaucoup de belles choses sont esquissées, mais peu sont menées jusqu’à leur terme. On pense notamment à cette idée, en filigrane, du singe victime du capitalisme. Oui, les effets spéciaux signés Weta Digital sont pas trop mal fichus ; oui, on dispose d’un peu plus de matière (grise) qu’à l’accoutumée, mais, hélas, ce n’est jamais suffisant pour dépasser le statut de gentil divertissement familial. On s’attendait à un film horrifique dans son traitement (autour des dérives de la science et de la cruauté humaine notamment), on se retrouve devant une banale commande de studios, sympathiquement lustrée, mais fatalement lisse. De là à dire que l’on préfère la version 2001 de Burton … A méditer.