Afin d'économiser sur son "entreprise" et aussi afin de s'assurer que je ne me dessine pas un parcours Sex, Drug & Rock'n Roll comme j'étais en voie de le faire, mon père me faisait travailler comme Relationiste-Publiciste-Statisticien de sa ligue.
Je devais (idéalement) assister à certains matchs de la ligue contenant 8 équipes de la région, absolument en reçevoir toutes les feuilles de matchs afin d'entrer les statistiques dans l'ordinateur* et les lignes ouvertes sportives de la région me gardait une fenêtre sur leurs ondes où je devais les appeller pour faire un compte-rendu des matchs et en somme essayer de vendre le produit aux amateurs de hockey de la région.
Premièrement parce que, portant trois chapeaux je m'étais négocié triple salaire, mais aussi parce que je n'assistais pas à tous les matchs et réussissait toujours à bâtir selon les feuilles de matchs, une histoire que je croyais (et que souvent on me confirmait) excitante. Certains soirs, et je m'en trouve gêné, c'est mon brave papa qui m'appelait là où j'étais pour me dire quoi dire à la radio et je me retrouvais parfaitement saoûl en ondes. La pub c'est de la fraude de toute façon. C'est pas arrivé souvent mais je me souviens d'un soir de brosse chez l'ami Danny Beckett où j'étais si saoûl pour parler à la radio que j'ai dégrisé peu de temps après mon appel tellement je sentais que j'avais laissé tombé mes responsabilités. Mon père ne m'en as jamais parlé, donc peut-être étais-ce pire dans ma tête.
Comme cette ligue comprenait les joueurs que le Junior Majeur, une ligue qui peut mener à la Ligue Nationale, avait délaissé, le niveau de frustration des joueurs était assez élevé. Je devais parler des matchs en tentant de rappeller qu'il y avait bien du beau hockey qui se jouait et pas seulement des batailles (nombreuses aussi) tout en sachant qu'une partie du public ne venait voir les matchs que pour voir 6-7 batailles.
"Hey Morrisette (un joueur), ça rime avec tapette!"
"Ouais mais celui qui vient de te dire ça s'appelle Ouimet!"
"Oui mais Ouimet pourrait t'écraser dans le coin comme un Whippet!"
"Ça arrivera pas tu y vas pas twé dans le coin Morrisette!"
"Trop Tapette!"
Je n'ai pu m'empêcher de faire des parrallèles avec les Évadés de Giffard quand j'ai lu l'actualité autour du club de soccer de l'Impact de Montréal cette semaine.
Ce groupe d'infatigables passionnés sont fidèles à l'impact depuis 9 ans. Ils assistent à tous les matchs et se déplacent même à l'extérieur pour les encourager. Québec, Sherbrooke, Syracuse, Toronto, Rochester, Cary, Cleveland, Torreon, Vancouver et Baltimore sont autant de villes où ils ont suivi leur club favori et quelques fois à plusieurs reprises. Ils ont écrits une lettre ouverte à Nick De Santis et au président du club Joey Saputo pour se vider le coeur cette semaine. Ils l'ont écrite en rispote à une intevention à la télévision de Joey Saputo. Un autre partisan a aussi lancé la serviette via les quotidiens. Rien d'autre que le congédiement de Nick De Santis par Joey Saputo ne saurait satisfaire ses fans.
Et le club est supposé entrer dans la ligue MLS l'an prochain, une ligue plus prestigieuse parait-il.
Quand il y a trop de joueurs sur un même terrain...
Ça semble toutefois en ce moment être un problème de gérance d'estrade. Très public mais un problème de gestion de gradin pareil.
*Le gars que j'ai remplacé aux stats avait quitté car il refusait d'entrer les stats dans un "vilain" ordinateur, lui qui avait toujours fait cela à la main sur une dactylo et gardé ses comptes sur du papier quadrillé...