ZOO CITY
Un roman SF d'une auteure sud-africaine, Lauren Beukes, récompensé par le prix Arthur C. Clarke en 2010, voilà qui n'a ma pas manqué attirer mon attention en librairie.
Le titre, la couverture, et la quatrième de couv' me signalaient que ce roman avait par ailleurs tout pour me plaire, puis, les avis glanés sur le net ont fini par me convaincre de passer commande.
Enfin, William Gibson s'exclamant "Very, *very* good!" en couverture de mon exemplaire des éditions Angry Robot (ça m'éclate trop ce nom - j'imagine une maison d'édition en France adoptant le nom "Robot furieux"
), et rien moins que Bill Willingham des Fables (dont je suis méga-fan!) qui y va également de son commentaire enthousiaste en quatrième page de couv', j'étais convaincue d'avoir entre les mains mon coup de coeur de l'année côté SF.Qu'en est-il au final?
J'ai été séduite d'emblée par le concept de départ. L'histoire se déroule à Johannesburg, quasi à notre époque, dans une réalité quelque peu réaménagée. En effet, si on y retrouve tous nos repères culturels et technologiques sans farfeluterie particulière (Internet, emails, téléphones portables, et même Facebook sont le quotidien de nos personnages), ici les criminels résident à Zoo City, un quartier mal famé de Johannesburg, où les meurtriers sont affublés d'animaux symbiotiques et dotés de certains pouvoirs magiques.
Notre héroïne, Zinzi December, est elle-même encombrée d'un paresseux que j'ai trouvé trop adorable (il m'a mis en joie tout le long de la lecture!) et son pouvoir lui permet de retrouver les objets perdus. C'est de ce talent qu'elle vivote à Zoo City, jusqu'à ce qu'un jour, pour payer ses dettes, elle se retrouve obligée d'accepter une mission qu'elle n'affectionne pas particulièrement: retrouver des personnes disparues.
C'est plus ou moins à partir de là que mon enthousiasme pour ce roman a commencé à s'amoindrir car le roman s'affirme alors résolument urban fantasy sombre et un peu glauque, monde de la nuit et de la drogue oblige. L'homme pour lequel travaille Zinzi est producteur de disques et elle doit retrouver une de ses protégées, une pop star pour ado disparue mystérieusement.
L'intrigue m'a semblé assez chaotique, développée de façon un peu abrupte, pas toujours très cohérente pour moi (vers la fin en particulier), et surtout j'ai été assez déçue que l'auteure n'ait pas davantage développé le thème des animaux symbiothiques et de la magie, comme si elle avait eu une bonne idée qu'elle n'avait pas eu le temps de creuser au final. On ne sait pas précisément l'origine de cette magie ni de ces animaux, l'auteure n'approfondit pas la mythologie de son thème, le rôle de ces animaux est assez nébuleux même si l'on comprend bien que les criminels ne peuvent vivre sans eux.
Ça reste tout de même un roman décoiffant, étonnant, plein d'énergie, mené à un rythme effréné et servi par un humour cynique délectable! Zinzi a l'esprit critique, ne manque pas de peps, et son tandem avec le paresseux est excellent.
Au-delà de l'intrigue, l'intérêt de ce roman réside peut-être aussi dans l'atmosphère sociale de cet univers qui fait écho à celle de la politique de l'Apartheid et aux différents conflits en Afrique auxquels l'auteure fait allusion également dans ce récit.
C'est un roman qui vaut le détour pour son originalité générale, j'ai trouvé l'auteure assez bluffante dans l'ensemble pour avoir imaginé une telle intrigue bien qu'elle n'ait pas rencontré toutes mes attentes, et Lauren Beukes reste sans conteste un auteur à suivre de près.
Lu dans le cadre de mon Régime PAL Express (1/7)
Egalement commenté par Sandrine Brugot Maillard et Cédric Jeanneret.
L'auteure
Née en 1976, Lauren Beukes est auteur, scénariste télé et journaliste repentie. Pour obtenir un scoop, elle a déjà sauté d'un avion en vol, plongé dans des eaux infestées de requins, traînés dans les townships aux côtés d'activistes luttant contre le sida, et fréquenté des nudistes racistes, des ados vampires ou des juges de la cour suprême du Botswana. Lauren habite à Cape Town en Afrique du Sud avec son mari et sa fille.