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La ‘Summer Playlist’ de Route de Nuit (ou comment bronzer au bureau)

Par Routedenuit

L’open-space est presque vide. Il règne un silence de mort. Le seul bruit plus haut que celui de votre unité centrale qui n’en peut plus de chauffer, c’est celui que fait votre collègue qui soupire en s’épongeant le front. La clim’ est allumée, pas de doute. C’est l’été. 

La ‘Summer Playlist’ de Route de Nuit (ou comment bronzer au bureau)
On vous avait prévenu en arrivant au mois de juin. « Pas de vacances avant novembre, tout le monde a déjà posé les siennes pour août, on est vraiment désolé ». Jusque là rien d’anormal. De toute façon, le chassez-croisé de l’été, ça n’a jamais vraiment été votre truc. Seulement, travailler dans un open space vide d’à peu près neuf dixièmes de son effectif classique, c’est un peu déroutant.

Depuis trois semaines, Valérie, votre collègue-sympa-mais-pas-trop-en-fait vous expliquait un peu tous les jours l’itinéraire de son plan trekking de deux semaines en Haute-Corse avec une précision qui faisait frémir même les décimales de votre calculatrice. Vous aviez assisté à tous les préparatifs, aux forêts amazoniennes de post-it sur lesquels elle notait de penser aux sacs de couchage des enfants, à la pharmacie et à l’assurance annulation. Vous aviez même réservé les billets ensemble, parce que c’était quand même vachement plus marrant que de remplir un tableau Excel à faire valider pour hier.

Vous commenciez même à croire qu’elle vous avait réservé une place EXPRÈS dans ses valises. Et puis lundi matin, la déception. Valérie était partie, comme 80 % du reste de la boîte. Vous laissant là, avec Jean-Claude de la compta, deux ou trois autres âmes en peine, et votre désarroi. Jean-Claude, l’homme qui n’avait pas pris de vacances depuis la chute du Mur de Berlin. L’homme qui rendait ses bilans dans les temps. L’homme qui faisait passer ses cafés de la journée en notes de frais. Jean-Claude quoi. La terreur du bureau.

Le topic Jean-Claude n’est pas un problème. Son bureau est loin, il ne parle à personne. Il sent vaguement l’oignon sur les coups de 15 heures, mais vous lui pardonnez. Il fait trente-cinq degrés. Le vrai problème, c’est le vide quotidien. En août, votre to-do list est à peu près aussi chargée qu’un parking Auchan un dimanche de décembre. En août, soyons clairs, vous vous faîtes clairement chier. De 9h30 à 18h, vous avez eu le temps d’exploser l’ordinateur à Free Cell au moins douze fois, le mode Expert du démineur n’a plus aucun secret pour vous. Vous avez bien essayé de dessiner des trucs sur Paint, mais c’est bien trop compliqué. Vous êtes tellement en manque de choses à faire que vous iriez limite proposer votre aide à Jean-Claude, qui classe ses notes de restaurants par taille, couleur et zone géographique. Comme un air de fin du monde, quoi.

À ce moment précis, vous haïssez tous vos collègues. Vous vous consolez en vous persuadant qu’ils sont en train de choper des coups de soleil atroces et que leurs plages sont blindées de gamins hurlants. Vous anticipez le récit de Valérie, qui vous racontera au pire la biafine, au mieux les Urgences grands-brûlés.

Néanmoins, il y a une solution. Retroussez votre pantalon, enlevez vos chaussures, mettez vos lunettes de soleil. Allez prendre n’importe quoi à la machine à café, posez vos jambes sur le bureau et lancez la Summer Playlist de Route de Nuit. C’est toujours mieux que rien, et poussez le son, Jean-Claude est sourd.

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