Bonjour aux optimistes
Bonjour aux exilé(e)s slaves
Bonjour aux pro du baby foot et des échecs
Bonjour aux passionné(e)s de photo
Bonjour aux zotres
Certains livres sont des bijoux précieux. De telles rencontres sont rares. Elles surviennent à peine une fois par an en moyenne. Alors que le premier semestre 2011 est à peine entamé, j’ai eu la chance de lire trois de ces romans d’exception : après le très beau canapé rouge de Michèle Lesbre, le passionnant D’autres vies que la mienne d’Emmanuel Carrère, je viens de refermer Le cercle des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia dont la lecture fut un délice. 2011, année littérairement faste donc !
Le sujet
Michel vit son adolescence parisienne sur fond de guerre d’Algérie, de parties de baby foot, de rapprochements difficiles envers la gent féminine, de fréquentation d'exilés d'Europe de l'Est. Il découvrira l'amitié, l'amour, la mort mais aussi la trahison, la haine, l'abandon, la douleur, la fidélité, le doute, la complexité du monde et des rapports humains.
Mon avis
A l'époque de sa sortie, j'avais bien sûr été frappée par le titre qui frappe forcément les esprits et lu diverses critiques élogieuses voire enthousiastes sur la blogosphère : en voici une de plus.
Pourtant, j'aurais très facilement pu passer à côté de cet incroyable roman et être rebutée par son épaisseur si j'avais soupesé le volume de plus de 750 pages dans une librairie. Heureusement, j'ai acheté le livre au salon du livre du Mans (la 25e heure) où son auteur me l'a dédicacé avec un sourire en totale harmonie avec le titre.
J'ai attendu longtemps avant d'ouvrir le roman et le principal est que je m'y suis enfin décidée ! Quel roman ! Quelle prouesse et quelle réussite ! Tous les ingrédients sont réunis pour procurer au/à la lecteur/trice un excellent moment à la fois drôle, tendre, émouvant, intelligent, ancré dans la grande et la petite histoire, foisonnant, attachant.
J'ai lu ici ou là que l'auteur était scénariste et rétrospectivement, ça ne m'étonne pas car la construction du livre elle-même est sans aucun doute un attrait supplémentaire du roman.
Je suis forcément pleine d'admiration pour Jean-Michel Guenassia pour l'ambition de son projet, pour la documentation qu'il a dû amasser (non seulement sur les années 50/60 en France mais aussi sur cette période en Europe de l'est et sur tant d'autres sujets : la seconde guerre mondiale, la photographie, la littérature et la philosophie, la naissance de la société de consommation, etc.), pour la tendresse des sentiments évoqués et l'humour foisonnant distillé au fil des pages, pour la justesse des observations, pour l'aptitude à décrire la vie, ses joies, ses drames, ses tournants surprenants, ses rencontres, ses secrets et les mystères de celles et ceux qu'on croise, qu'on perd de vue, qu'on espère retrouver, qu'on cherche à comprendre : expériences que tout le monde vit mais rarement abordées dans les livres car les romancier(e)s semblent peu enclins à faire disparaître leurs personnages autrement que dans un drame. Il faut donc une certaine audace pour décider qu'un personnage sort tout simplement de la vie d'un autre et choisir de n'en plus donner de nouvelles.
Je tire mon chapeau à l'auteur parce qu'à aucun moment le roman ne s'essouffle, jamais l'attention ou l'envie de tourner la page suivante ne se relâchent : mieux, j'en veux encore ! Cela ne m'est quasiment jamais arrivé de ma vie mais étrangement, à l'issue des 750 pages, je quitte à regrets Michel et tous les zotres et je me prends à rêver d'une suite : sans doute mon côté incroyablement optimiste !
Conclusion
Un énorme, évident, enthousiaste coup de coeur.
Merci monsieur Guénassia. Achetez, offrez, lisez ce livre.
Mon seul regret : rédiger ce billet sur un blog dont je me suis trop peu occupé ces derniers temps, qui plus est en plein mois d'août, époque traditonnelle de chute de fréquentation.