Korean Air, ANA et Lion Air font l’actualité
Les prévisions de trafic, d’oů qu’elles viennent, confirment éloquemment que les compagnies asiatiques bénéficient d’un taux de croissance trčs soutenu, en męme temps qu’elles affichent des ambitions considérablement plus importantes que dans le passé. Trois ténors le confirment cette semaine, ANA, Korean Air et Lion Air.
La premičre, compagnie de lancement du Boeing 787, prend enfin livraison de son premier avion, aprčs avoir difficilement contenu son impatience pendant 3 ans. Mais l’événement principal est tout autre : le directeur exécutif, Mitsuo Morimoto, lors d’un bref séjour ŕ Everett pour assister ŕ la sortie d’usine de son premier 787-8, a tenu des propos fracassants. ANA, a-t-il dit, veut devenir le premier transporteur international d’Asie ! Ni plus, ni moins.
Si la stratégie concoctée ŕ Tokyo n’est pas encore mise sur la place publique, on devine qu’ANA cherche ŕ se précipiter dans le vide sidéral laissé par Japan Airlines. Cette derničre, qui fut récemment au bord de la faillite, ne doit sa survie qu’ŕ des coupes sombres dans son personnel, sa flotte, son réseau. Déjŕ, elle commence ŕ remonter lentement la pente mais, de toute évidence, ne pourra pas reprendre sa croissance avant longtemps. D’oů la volonté d’ANA de saisir cette belle opportunité, ŕ commencer par l’ouverture de lignes vers l’Europe et les Etats-Unis, un déploiement commercial que devrait précisément faciliter l’entrée en service du 787.
Le męme jour, en Indonésie, Lion Air a annoncé sa décision de créer une compagnie low cost en Malaisie. Pour ce faire, elle s’appuiera sur une filiale déjŕ en place, Berjaya Air, PME dotée de quatre avions seulement, un ATR 72 et trois vénérables Dash 7, une structure appelée ŕ connaître un développement rapide et probablement spectaculaire. Lion Air ne cache pas son ambition de concurrencer AirAsia au départ de Kuala Lumpur, ce qui annonce un bras de fer commercial de grande ampleur.
Autre preuve que l’actualité du transport aérien devient largement asiatique, Korean Air révčle, elle aussi, un plan d’expansion important, le prétexte étant la mise en service vers New York de ses deux premiers A380. L’information est moins banale qu’il n’y paraît ŕ premičre vue quand on constate l’importance attribuée par a compagnie de Séoul ŕ ce qu’il est pudiquement convenu d’appeler les recettes annexes. Au prix du retrait d’une douzaine de sičges, un boutique hors taxes est mise en place au niveau intérieur dans la ferme intention d’inciter les passagers ŕ acheter parfums et alcools, notamment. De grandes marques ont été sollicitées et participent ŕ l’opération, par exemple Lancôme. L’étage supérieur est entičrement gréé en classes affaires. Dans les deux cas, pour reprendre un terme ŕ la mode, il s’agit de maximiser les recettes.
Lŕ encore, les objectifs commerciaux sont impressionnants, Korean Air visant de franchir le cap des 60 millions de passagers annuels avant, repčre symbolique, les Jeux Olympiques d’hiver de 2018 qui se dérouleront sur le territoire coréen. Autant de points de repčre, saisis dans l’actualité immédiate, qui incitent ŕ en relativiser d’autres : la plančte Aviation est en pleine mutation et son avenir est asiatique.
Pierre Sparaco-AeroMorning
(photo Daniel Faget)