L’HÉRITIÈRE DU TEMPS de Ludovic Rosmorduc

 Éditions Baam! (J'ai Lu)383 pageseurosSortie le 21 Septembre 2011
Présentation de l'éditeur:
Une grossesse qui tourne mal conjuguée à l'arrivée tonitruante d'une émissaire du Diable à Sétiladom : il n'en faut pas plus pour convaincre la Sainte Inquisition d'intervenir. Et si le Grand Inquisiteur est convaincu du bien-fondé de sa cause, il est également mû par d'autres motivations plus sombres.
Héritiers de l'histoire de la Cité Ocre, mais surtout de la sagesse d'Ambroise de Liemmos, l'alchimiste Yorel, le guerrier Dungal et leur protégée de toujours, Sixéla, vont tout mettre en oeuvre pour découvrir ce qui se cache derrière ces manifestations démoniaques.

L'avis de Phooka:
Voici donc ma deuxième incursion dans l'univers de Ludovic Rosmorduc. Après un Tertre des âmes, très prometteur, même s'il y avait quelques maladresses inhérentes à un premier livre, il nous revient cette fois avec L'héritière du temps qui pourrait d'ailleurs être vu comme un tome deux. Or si on y retrouve trois des héros du précédant roman, cet opus peut tout à fait être lu séparément sans en ressentir de gène. Pour ceux qui ont lu le premier livre, on retrouve donc dans ce nouveau roman, trois héros que nous avons déjà rencontré: Sixéla (cette môme si débrouillarde et adorable du Tertre), Yorel l'alchimiste et Dungal le grand guerrier. Des années ont passé et nos héros ont vieilli. Ils vivent une vie paisible (ou presque) jusqu'au jour où une marchande arrive à Setiladom annonçant la venue du Malin par les terres du Sud. Dungal, sage et honnête, pense bien faire en l'emmenant voir le chef de leur église ....
A partir de ce moment tout va s'enchaîner, sans que nos héros puissent y faire grand chose. Un destin aux allures de rouleau compresseur que rien ni personne ne peut arrêter ...
Ludovic nous plonge dans un récit moyen-âgeux, très réaliste et très bien documenté. Inquisition, pouvoir de l'église, maladies incurables, on y retrouve tous les ingrédients qui en font une grande saga épique et historique. Oui, historique car L'héritière est bien moins axée "fantasy" que Le tertre. Ce n'est pas reproche, loin de là, car c'est un genre que j'aime aussi beaucoup, mais je préfère prévenir pour que les futurs lecteurs n'imaginent pas un récit peuplé de dragons ou de sorciers. Non, ici, tout est très réaliste (malheureusement pour l'humanité sans doute). Un époque dure, pendant laquelle l'Eglise avait le pouvoir absolu surtout quand elle se présente sous sa "branche" inquisition. Yorel, Siléxa et Dungal vont avoir fort à faire pour essayer de contrer l'église sans se faire prendre dans les mailles du filet et surtout pour comprendre d'où vient cette maladie qui ravage les régions Sud et qui semble être la manifestation du malin.
Les héros forment une petite troupe très disparate. Ils traînent chacun leur passé et font face à leur destin du mieux qu'ils peuvent. Ils ne sont pas des grands guerriers invincibles. Ils sont juste ... humains.
Un récit en trois parties, constitué de chapitres courts qui rendent le livre quasi impossible à reposer. Malgré une histoire dure et sombre, parfois même très très sombre, la plume de Ludovic Rosmorduc nous la rend accessible.  Il ne nous épargne pourtant pas, nous lecteurs, tout comme il n'épargne pas ses personnages (c'est déjà ce qui m'avait frappée avec Le tertre: il ose ... ). Mais l'auteur arrive à nous faire lire des scènes (et je pense à une en particulier) à la limite du soutenable sans nous en faire détourner les yeux. Il nous oblige à regarder la réalité de l'époque en face et franchement c'est un belle maîtrise du récit et une incroyable réussite.
Action, intrigues politiques -ou plutôt religieuses- , maladie, pauvreté, mystère et aventure, tous ces ingrédients sont parsemés à chaque page et parfaitement dosés. Au final, cela donne un récit complexe et limpide à la fois, dont on peut d'ailleurs facilement imaginer une analogie avec notre monde actuel. Un roman palpitant, sombre et passionnant sur fond de religion et de lutte entre le bien et le mal. Un belle écriture qui arrive à donner une sensation de légèreté pendant la lecture, malgré le thème abordé et la dureté de certaines scènes.
Je vous l'avais dit dans ma chronique du Tertre des âmes, Ludovic Rosmorduc est un auteur à suivre. Il le confirme cette fois encore avec cette  Héritière du temps.
Un petit mot aussi sur la couverture de toute beauté, signée Stéphane Desbenoit extrêmement réussie et qui donne sa touche finale (ou initiale car c'est ce qu'on voit en premier) à ce beau roman.
D'autres avis: karline05