Le déséquilibre budgétaire américain reste objectivement intenable à long terme
Rapporté au PIB, l'endettement net fédéral, à 75 % seulement contre 152 % pour la Grèce et 80 % pour la France, semble mesuré ; rapporté aux recettes fiscales annuelles, en revanche, ce chiffre bondit à plus de 350 %, un niveau proche, voire légèrement supérieur à son équivalent grec, et environ égal au double du niveau français.
Le plan de relèvement du plafond d'endettement annoncé le 31 juillet n'a rien d'un plan de redressement
Sur les 2.400 milliards de dollars d'économies prévues sur les dix prochaines années, seuls 917 milliards ont d'ores et déjà été identifiés. A ce manque de clarté s'ajoute la faiblesse de l'enveloppe totale, incapable de stabiliser à elle seule le passif public suivant les propres estimations du Congrès. Enfin, privilégiant une réduction des dépenses à une hausse d'impôts dans un pays que caractérise une charge fiscale faible, ce plan expose les États-Unis à un lourd ralentissement. Confus, insuffisant et déséquilibré, le programme des parlementaires tient de l'expédient plus que du traitement de fond. Rétrospectivement, le jugement de S&P paraît sans appel.
Des conséquences cataclysmiques
La mauvaise tenue des finances américaines semble justifier pleinement la décision de S&P. Ses conséquences, néanmoins, ont toutes les chances d'être cataclysmiques, en raison de l'utilisation irresponsable qui est faite des analyses rendues par les agences de notation, "marteaux sans maître" d'une économie mondiale menacée de rechute. La "nuit du 4 août" marque l'abolition des privilèges seigneuriaux et la fin du système féodal. La "nuit du 5 août" marquera, elle aussi, la fin d'une ère : celle du "privilège exorbitant" dévolu au dollar. En cela, elle prélude à un ordre économique neuf au sein duquel les États-Unis ne joueront plus seuls le premier rôle.
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