Des signes très crédibles d'une proche invasion de la Somalie se font sentir. En effet, le président de l'Ouganda, pays voisin de la Somalie et allié des Etats-Unis, Yoweri Museveni, réclame une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Somalie. Le but avoué par les puissants est d'éradiquer la milice islamiste al-Shabaab, dont ils prétendent avoir la preuve de liens avec Al-Qaïda. Mais un observateur moindrement currieu de la situation internationale sait que al-Shabaab n’a absolument aucune puissance aérienne, ni même de missiles sol-air et probablement même pas de liens avec Al-Qaïda, c'est du moins ce que prétend le Centre national de lutte contre le terrorisme. Il faut rappeler que les militants d'al-Shabaab représentent environ 10 000 combattants (sur une population de 10 millions, donc +/- 1% de la population), et qu'ils sont pour la plupart des adolescents, qui se déplacent en "pick-ups". Ainsi, ce même observateur au cerveau éveillé saura dors et déjà que cette zone d’exclusion aérienne n’a d’autre but que celui de préparer le terrain à une invasion. Le président français Nicholas Sarkozy a déjà approuvé l'invasion de la Somalie, à condition que la demande vienne des instances internationales africaines.Ce contexte fait tristement penser à l'invasion de la Côte d'Ivoire en début de cette année, par les militaires français et avec la bénédiction des États-Unis et des instances internationales. C'est maintenant au tour de la France d'appuyer une action militaire des États-Unis, un juste retour du ballancier, j'imagine.
Les deux bélligérants de cette crise sont évidemment à dénoncer. Toutefois, le processus d'agravation de la crise provient probablement d'avantage des puissances internationales que du groupe al-Shabaab lui-même. D'ailleurs, les zones somaliennes où l’ONU a officiellement déclaré l’état de famine sont les mêmes qui se voient refuser depuis deux ans toute aide en nourriture. En fait, si ça fait plus de 6 mois que la famine de la corne africaine est prévisible, ce n'est que depuis le mois de juillet que l'ONU lui a réellement porté attention. Et depuis cet instant, l'aide se fait attendre impatiemment, puisque l'ONU reporte sans cesse l'arrivé des denrées aux populations, prétextant qu'il faut absolument former un pont aérien pour se faire. En fait, c’est Washington qui a refusé toute aide pour les régions de Somalie qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement fédéral de transition (GFT). Cela signifie que l’aide humanitaire est limitée à quelques kilomètres carrés, et que malheureusement, sur les 3.7 millions de personnes qui sont menacées de famine en Somalie, 2.8 millions d’entre eux se trouvent dans le sud du pays, où le GFT n’a aucune autorité. Ainsi, toute organisation ou individu qui tentera d'apporter de l'aide aux populations du Sud seront considérées comme supporteur, voir complice de groupes terroristes.
Cette situation tordue s'apparente grandement à l'invasion de la Somalie par les États-Unis, au début des années 1990. À cette époque, pas moins de 30 000 soldats avaient étés déployés sous prétexte de livrer des denrées alimentaires aux enfants somaliens. Mais les faits avaient démontrés que leur intention principale était un changement de régime en Somalie. Et ce n'est qu'en 1994 que les étatsuniens avaient dû fuir la Somalie face à la tenacité et la résistance des populations locales, ainsi que la destruction du célèbre hélicoptère "Black Hawks" et l'exposition des cadavres de ses occupants devant les télévisions du monde, histoire amplement popularisée par le film hollywoodien qui porte le même nom que l'engin abattu... En fait, ça fait au moins 40 ans que les États-Unis sont déterminés à assurer leur contrôle sur cette région du monde. Pourquoi?
La Somalie est convoitée principalement pour sa situation géo-politique. En effet, ce pays est au coeur de la nouvelle ruée sur l’Afrique, située entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique, mais surtout bordé par le Golfe Persique, où transite une grande partie des marchandises commerciales, qui vont de l'Asie vers l'Europe. La Somalie se trouve donc à la croisée du commerce mondial maritime et aérien, avec ses quelques 90 vols commerciaux par jour. Il est donc évident que l'occident souhaite sécuriser et administrer ce territoire primordial à leur hégémonie. Surtout considérant les nombreuses attaques de convois commerciaux maritimes transitants par le Golfe Persique par des pirates somaliens. Mais JAMAIS, nos instances internationales vous auront dit que ces pirates somaliens sont en faits atterrés par la misère et la pauvreté, portés aux armes par la cacophonie de leur estomac en souffrance. Les pauvres ne sont pas des terroristes, ils le deviennent lorsqu'on décide de faire abstraction de leur réalite. La plupart des conflits proviennent des innégalités créées par le système économique. Seul une révolution libéral-égalitariste viendra à bout des antagonistes sociaux modernes pour faire primer la logique et la raison humaine, face à la cupidité et l'égoïsme.