L'Œil des Dobermans est encore une adaptation, une auto-adaptation de leur roman éponyme paru l’an passé chez le même éditeur, Bamboo. Patrick Cothias et Patrice Ordas multiplient en effet des romans sur fond historique depuis la Première Guerre mondiale (Ambulance 13), la Révolution russe (Nous, Anastasia R.) ou les débuts du régime nazi (Hindenbourg, les Cendres du ciel). Avec L’Œil des Dobermans, ils abordent à leur tour le côté ésotérique des nazis pour justifier leur domination du monde.
Le premier volet de cette trilogie commence par un fait authentique. Adolf Hitler a été sauvé de la mort dans une attaque au gaz par un soldat allemand juif. L’archéologue doué de pouvoirs prescients, Arno Ixks, aurait peut-être bien aimé ne pas avoir sauvé le caporal en le voyant des années plus tard à la tête du nouveau Reich. Après avoir accédé au pouvoir, celui-ci le convoque en effet pour l’obliger à travailler pour la Société pour la Recherche et Enseignement sur l'Héritage Ancestral scientifique, l'Ahnenerbe et à rechercher au fin fond de l'Himalaya la preuve de la supériorité des aryens ! A défaut des amis et des proches juifs seraient tués.
Le sujet a déjà été largement abordé notamment dans les collections Soleil. Mais cette histoire, à la manière d’Indiana Jones, est dessiné avec une belle classe et grand réalisme par Beb Zanat qui se surpasse par rapport à son premier diptyque Kim chez le même éditeur. Dans des coloris dérivés du brun, rappelant la vieille photographie, réalisés par Cyril Saint-Blanca, l'album convainc au plan graphique. Les scénaristes se livrent à une étude presque psychanalytique du "guide" allemand. Beaucoup de clichés évidemment, en particulier dans la présentation des protagonistes, mais on se laisse prendre par le rythme de cet album de présentation tout en s'effrayant des méthodes d'entraînement nazies et de l'absurdité du but poursuivi.
Les amateurs du genre seront comblés.
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