L’entrée du CIC dans le pôle exploration-production de GDF Suez le démontre une nouvelle fois : la Chine a soif de pétrole. Devenue en 2009 le premier consommateur d’énergie de la planète, la Chine investit partout où elle le peut.
La région des sables bitumineux de l’Alberta, qui recèle les plus vastes réserves de brut après l’Arabie saoudite, fait partie des priorités. Fin juillet, le pétrolier chinois CNOOC a offert d’acheter le canadien OPTI pour 2,1 milliards de dollars. Une offre qui fait suite à un investissement de 4,65 milliards de dollars dans le canadien Syncrude par Sinopec et à une prise de participation du CIC dans Penn West. En 2009, CNPC avait également investi 1,9 milliard de dollars dans un gisement de l’Athabasca. Les sables bitumineux coûtent cher à développer, mais les Chinois ont de l’argent.
Le Brésil est aussi en ligne de mire. Les Chinois veulent prendre position sur les énormes gisements en eaux profondes découverts au large de Rio. Fin 2010, Sinopec a ainsi acquis 40 % de la filiale brésilienne de Repsol pour 7 milliards de dollars. Un an auparavant, le géant brésilien Petrobras avait signé un accord pour un emprunt de 10 milliards de dollars contre la fourniture de 200.000 barils de pétrole par jour pendant dix ans. L’Asie centrale n’est pas oubliée. Au Kazakhstan, la Chine contrôle déjà près de 20 % de la production de pétrole et le fonds CIC détient 11 % de la compagnie nationale KMG.
Stratégie de guerre
A travers tous ces investissements, la Chine entend sécuriser son approvisionnement en énergie. Il s’agit aussi d’utiliser au maximum les ressources des autres pays afin de préserver les siennes. Une stratégie adoptée par les Etats-Unis après la Seconde Guerre mondiale lorsque le pays a développé le pétrole du Moyen-Orient. A l’époque, cette idée se fondait sur la crainte d’une possible pénurie de pétrole, notamment en cas de guerre. Elle s’est révélée fausse. Les stratèges de Beijing se tromperont-ils comme ceux de Washington ?