Que vous soyez végétarien, mélomane ou fétichiste, il y en a pour toutes les bourses.
Ma réputation d’enfant de chœur va en prendre un coup. M’en moque. Il n’y a que les imbéciles pour croire qu’un individu ressemble trait pour trait à l’image proprette qu’il diffuse de lui sur le Net. Même s’il y a encore une ou deux gentilles âmes pour voir en moi l’homme idéal. Les bienheureuses inconscientes.
Je pratique deux ou trois sites de convivialité, comme je les appelle. Les hétéros ont Adopteunmec et Meetic, les homos ont Gaydar et j’en passe. Mais celui qui épate mes copines (filles) c’est Grindr. Qui te géolocalise et t’offre un beau trombinoscope de garçons sensibles se trouvant dans ton secteur au moment où toi aussi tu t’y trouves. Mes copines filles sont jalouses. Mais pourquoi ça n’existe pas pour les hétéros ? soupirent-elles. Soucieux du bien-être de mes amies, car elles aussi cherchent le prince charmant, j’ai fait ma petite enquête et j’ai appris qu’il y avait eu des projets similaires mais qu’ils avaient avorté parce que les filles, vois-tu, n’aiment pas qu’un gars sache qu’au moment M tu te trouves à 215 mètres de lui. C’est sûr qu’en terme de sécurité, on fait mieux. Mais on ne peut avoir le beurre, l’argent du beurre et le cul du crémier.
Donc mesdemoiselles, soyez jalouses de nous, pédés, qui nous promenons çà et là avec le téléphone intelligent branché sur Grindr en quête d’un compagnon pour jouer au docteur ou à la marchande. Je me suis amusé à glaner quelques profils pas piqués des hannetons. Surpris devant une photo, je me dis, mon Dieu, mais c’est ainsi qu’il se voit (et se montre) ?!?! Bon courage ! Ou à la lecture d’un « + de 27 ans, c’est mort », je me dis que le jeunisme a de beaux jours devant lui. D’ailleurs, c’est lors d’un brunch entre pédés (où s’étaient glissées quelques (rares) adorables représentantes du sexe faible (lien), que j’avais lancé un débat aussi vain que furtif : « Oui mais bon, quand vous aurez 70 ans, est-ce que vous fantasmerez sur les gars de 70 ans ? »
J’abrège Nadège.
Voici quelques perles trouvées sur Grindr. Et comme je suis (maso) bon prince, j’inaugure l’inventaire : (le profil n’autorise que 120 caractères… mais rassurez-vous, la suite, quand il y a ouverture, permet de longues discussions métaphysiques)
- (Je cherche) Un amoureux, un amant, un chat, un chien, une peluche, une plante verte…
- Open (top)
- … (dans 75% des cas, les profils sont aussi muets que leurs propriétaires)
- Pour les plans, j’ai ma grenouille
- Monique Ranou is my better half
- Q
- Footing, aviron, photo, moto… Soupe de langes, etc.
- Toi pas mettre photos, moi pas répondre. Moi aimer savoir à qui moi parler. (Précision : le gars n’a pas mis de photo. Allez comprendre.)
- Oui merci ça va ! Je ch quoi ? Ben comme tout le monde : un disciple de Confucius pour parler philo orientale…
- Requis : IMC<22 & taux de LDL<1,1g/L (après enquête auprès de Twitter (merci à Izo et T0pol*), il faut comprendre : Indice de masse corporelle inférieur à 22, et taux de LDL (cholestérol) inférieur à 1,1g/litre de sang ; en gros, le gars signale à qui veut bien le comprendre qu’il n’aime ni les gros ni les gras ; en gras, qu’il n’aime pas autre chose que sa plastique de rêve)
- In Paris looking for a blow job (Monsieur est mélomane, il aime la flûte traversière et souhaite partager sa passion)
- Dolphins are just gay sharks
- Bliblablou
Vous l’aurez compris, les téléphones ne servent plus seulement à téléphoner. Ils sont aussi de parfait appâts permettant à leurs propriétaires de chercher l’âme sœur et/ou l’amant. Nos compères à quatre pattes n’ont qu’à bien donner la papatte. Ils ne sont plus les seuls à se renifler le derrière. En guise de truffe, mes contemporains et moi dégainons plutôt un iPhone, un Android, et la sacrosainte 3G.
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* M'a pris la main dans le sac, alors que je buvais une bière au KDB, je tapotais innocemment sur mon iPhone visant incidemment (entre la poire et le fromage) si quelque pédé ne s'était pas perdu par là.