La prise de conscience globale de l’impact des entreprises sur la société est en constante évolution, avec son corollaire, la nécessité pour elles de prendre en compte leur impact. Cette réalité s’exprime au travers des parutions en 2010 de la norme ISO 26000, de la loi Grenelle 2, des nouvelles moutures de la GRI, des principes directeurs de l’OCDE. Dernièrement, un article publié dans le blog The Sustainable Business du Guardian, intitulé « Taking stock of your company’s social impact » (Faire le point sur l’impact social de votre entreprise) a retenu toute notre attention. Dans cet article, s’adressant aux entreprises britanniques, l’auteur Alison Braybrooks explique pourquoi les dirigeants d’entreprise devraient accorder davantage d’attention à la prise en compte de leur impact sociétal. Nous vous proposons une version française de cet article.
Si vous interrogez un dirigeant d’entreprise sur l’impact sociétal de son entreprise, il y a fort à parier qu’il vous donnera quelques indicateurs sur la consommation de l’eau, les émissions de carbone et la production de déchets. Si pour en savoir plus, vous lui demandez l’impact de son entreprise sur la société, il vous répondra sans doute par le montant alloué aux dons et par le nombre d’employés qui font du bénévolat. En revanche, il est beaucoup moins sûr qu’il mentionne la prise en compte des spécificités des communautés locales, ou la résolution d’une grave crise sociale.
Les recherches menées par la Global Reporting Initiative (GRI) abondent en ce sens. Ainsi, les entreprises n’intègrent que très rarement dans leur rapport RSE leurs impacts sociaux négatifs, n’établissent pas de lien entre leur impact sur la société et des objectifs mondiaux, ne mentionnent que rarement des concepts reconnus comme les droits humains, et ne font pas du suivi de leurs impacts sociétaux une priorité.
- Pourquoi cela?
La gestion des impacts sociaux est un sujet vaste et complexe qui touche presque toutes les parties prenantes d’une entreprise ; elle comprend :
• la contribution des entreprises à résoudre certains des grands problèmes mondiaux comme la pauvreté – qu’il s’agisse de leurs produits de les ressources ou de leurs salariés,
• la réduction des impacts négatifs sur la communauté et l’optimisation des effets positifs,
• le traitement des employés, et comment les collaborateurs sont traités tout au long de la chaîne de valeur.
Des sujets délicats qui peuvent peut-être mieux faire comprendre pourquoi l il est mal aisé pour nombre d’entreprises de communiquer de façon cohérente leur impact sur la société. Ajoutez à cela les difficultés du suivi des impacts sociaux à long terme et il n’est pas étonnant de constater que les entreprises se contentent de mesures simples comme des dons.
- Mais tout cela est en train de changer
Néanmoins, la pression exercée sur les entreprises s’accroit afin qu’elles prennent davantage en compte leurs impacts sociétaux et en rendent compte. De nombreuses initiatives convergent en ce sens :
• Le nouveau cadre des Nations unies sur les relations entre le monde de l’entreprise et les droits de l’Homme, entériné par l’OCDE, énonce les responsabilités des entreprises multinationales à l’égard des droits de l’Homme.
• L’ONU met également une pression croissante sur les entreprises afin qu’elles contribuent aux objectifs du millénaire pour le développement à l’aube de l’échéance de 2015.
• L’évolution des principes directeurs de la Global Reporting Initiative (GRI 3.1) qui a mis à jour son approche de l’impact social, en particulier sur les sujets traitant des droits humains et des répercussions communautaires.
• Les index tels que le Dow Jones Sustainability Index et le FTSE4Good ont également fait une plus large part à la prise en compte des impacts sociétaux.
• Des entreprises leaders comme Unilever et The Co-operative cherchent à acquérir un avantage concurrentiel via l’intégration de leur impact sociétal dans leur business model.
- Quelles ressources pour aider les entreprises ?
Soixante ans après sa publication, la Déclaration des Droits de l’Homme des Nations Unies nous donne un cadre des plus complets pour travailler sur les impacts potentiellement négatifs qu’une entreprise peut avoir sur la société.
La version GRI 3.1 donne des conseils sur les endroits où les impacts sur les droits humains sont les plus susceptibles de se produire.
Et aussi de nouveaux outils comme l’empreinte communautaire (Community Footprint) développée par Business in The Community aident les entreprises à identifier et à gérer leur impact local.
- Comment les entreprises peuvent améliorer la prise en compte de leur RSE ?
Les entreprises doivent travailler avec leurs parties prenantes pour identifier l’ensemble de leurs impacts sociétaux tant positifs que négatifs, au moyen d’un audit qui leur permettra de les nommer, de les relier aux objectifs mondiaux, d’utiliser les compétences de leurs employés et plus largement de leurs ressources pour y faire face et s’inscrire dans une démarche de progrès.
Coca-Cola, SABMiller et Oxfam America ont collaboré afin d’identifier les droits humains et les questions de pauvreté dans leurs chaînes de valeur et de fixer des objectifs pour y faire face (basé sur les travaux novateurs réalisés par Unilever et Oxfam en Indonésie).
The Co-operative a déjà identifié les données du commerce éthique et la prise en compte de son impact social dans sa chaîne de valeur et s’est fixée des objectifs ambitieux pour s’améliorer. Barclays suit attentivement les résultats de ses programmes sociétaux.
Cette évolution va conduire de plus en plus d’entreprises à identifier et nommer leurs principaux impacts sociétaux d’une manière que toutes leurs parties prenantes pourront comprendre.
Au cours des 10 prochaines années, nous verrons les entreprises décrire leurs réalisations dans la gestion des impacts sociétaux et leur contribution aux droits humains avec la même clarté et la même force que celles mises en œuvre dans la réduction de leurs impacts environnementaux.
- Avis Sequovia
Un article venu d’outre-Manche qui tend à démontrer effectivement une évolution dans la prise en compte par les entreprises de leur Responsabilité Sociétale et c’est tant mieux. On pourra s’étonner que la journaliste n’est pas citée l’ISO 26000 comme un nouveau facteur favorable à l’émergence d’initiatives en faveur de la RSE. Quant à nous, en France, et au risque de se répéter, nous étions parmi les premiers à saluer l’arrivée de l’article 225 de la Loi Grenelle 2 et nous avons été également parmi les premiers à dénoncer le lobbying de quelques organisations freinant des quatre fers pour que son contenu soit amoindri et son décret d’application renvoyé aux calendes grecques. Heureusement, quelques entreprises pionnières n’ont pas attendu cette publication pour agir, et si certains esprits chagrins y verront une volonté purement commerciale à défaut de véritable conviction, qu’importe si dans les faits les politiques mises en œuvre sont effectivement suivies d’effet !
Sources : http://www.guardian.co.uk/sustainable-business/blog/social-impact-business-community.
Pour en savoir plus :
- Site Sequovia conseil
- Reporting extra-financier, reporting développement durable, reporting RSE…où en sommes-nous ?
- Répondre efficacement aux enjeux du développement durable avec la norme ISO 26000
- La communication dans la loi Grenelle II. Quelles obligations de reporting et quelles responsabilités pour les entreprises ?
- La RSE réponse des entreprises aux défis du développement durable