Changeantes, ces maisons paraissent varier leur respiration avec les saisons et le ciel, tantôt vibrantes pour saisir chaque lueur, tantôt tendues dans une difficile endurance ou s'abandonnant à de soudaines lassitudes. Lentement surgies au long des âges, s'articulant avec une agile spontanéité de corps vivant, elles ont rempli chaque creux de ce sol lentement consolidé sur de bougeantes lagunes.
La ville a rejoint ses bornes, serrée comme un noeud au centre de ce glissement de terres et d'eaux. Elle ne pourrait s'étendre qu'en renonçant à sa solitude d'île, par une lagune lentement comblée jusqu'à toucher la terre ferme.
Liliana Magrini, Carnet Vénitien.