Les lecteurs de ce blog savent que les dirigeants de l’UBS ne sont pour le moins pas portés aux nues ici ces temps, et ceci depuis bien avant la fameuse crise des subprimes. Ospel et ses 20 ou 30 millions annuels de rémunération (justifiés par le fait qu’il est « une denrée rare donc chère ", selon lui-même, si rare en effet qu’il en parvient à mettre la banque au bord de la faillite technique), de même que les courtiers inconnus de la banque qui le dépassent largement sur ce point ont déjà fait l’objet de divers coups de gueule. Mais aujourd’hui, on vous livre une ou deux réflexions qui dépassent le cadre bancaire pour s’étendre à la vie en société en général.
Pourquoi cette crise qui s’exprime ces temps au travers des subprimes et qui le fera demain au travers d'autres types d'engagements bancaires ? notamment à raison de trois variables qui ont pris un ascenseur fou (pour certains seulement, évidemment) : les rémunérations du travail, celles du capital, et les prix cartellaires.
Rémunération du travail : aucune justification économique et morale ne permet de prétendre que le directeur d’une banque doit gagner en une année des milliers de fois le salaire d’un bon employé de la même banque. Un écart entre bas salaires et plus hauts salaires de 1 à 10, voire de 1 à 20 est encore acceptable, mais tout excès dans ce domaine conduit nécessairement à la crise, actuellement économique, mais bientôt politique.
Rémunération du capital : il est d’usage depuis quelques années de rémunérer les placements à 15, 20 ou 30 % annuels. Dans une économie européenne subissant la mondialisation et peinant à atteindre 2.5 % de croissance par an, de telles rémunérations du capital sont irréalistes, non économiques et donc génératrices de crises financières. On ne peut pas régler la rémunération des capitaux sur le taux de restitution de gains des casinos qui est généralement de l’ordre de 85 %. La rémunération du capital est juste dans son principe, à condition qu’elle ne déséquilibre pas ni le marché de l’emploi ni l’économie de base en sa qualité de productrice de richesse. Personne en effet ne pourra contester que l’argent de la comtesse X et de son chinchilla vivant à l’année à Marbella mais touchant sans rien faire 20 % chaque année de ses fonds n’est pas gagné de façon économique ni moralement acceptable. En plus, en général, les comtesses de Marbella et d’ailleurs n’ont pas leur pareil pour réclamer des rabais spéciaux dans les petits commerces … au simple prétexte qu’elles existent.
Les prix en Suisse sont encore beaucoup trop cartellisés. Pourquoi doit-on accepter de payer trois à cinq fois plus cher qu’en France une petite prise électrique ou un kilo de viande ? le protectionnisme excessif conduit aussi à des excès et des rentes de situation insoutenables et contraires à la protection de l’intérêt général des consommateurs. Bien sûr, on a un monsieur Prix en Suisse, mais le pauvre ne peut pas grand chose contre Swisscom et les autres opérateurs, ou contre le prix de l’électricité. Il peut enquêter, recommander, discuter, mais en attendant les gros opérateurs remplissent leurs caisses sans vergogne.
De ces quelques petites réflexions, on tire simplement que le politique laisse beaucoup trop faire. Il ne s’agit pas de nationaliser soviétiquement, mais de réguler intelligemment et fermement. Le problème est que les élus fédéraux sont tellement redevables des banques, assurances et autres caisses-maladie pour leur élection que leur jugement en est tout simplement pollué, voire annihilé par la piqûre des lobbies.
C’est au peuple qu’il appartient de réveiller ses élus si ces derniers font la sourde oreille et continuent de jouer aux cartes, sans quoi on n’avancera pas d’un pouce vers plus de justice sociale.