Pourquoi les marchés financiers paniquent ? Les explications à cette question.
Les Bourses plongent.
C’est tout le système économique qui s’effondre inexorablement comme des dominos… Ou les petits épargnants qui détiennent une assurance vie mais aussi quelques obligations en euros, seront encore une fois les plus touchés ! Il est déjà trop tard pour récupérer sa mise.
Cela fait deux semaines déjà que les Bourses mondiales dévissent. Chaque jour, depuis le 22 juillet, une mauvaise nouvelle économique fait s’enfoncer un peu plus dans le rouge les places de marché. La Bourse de Paris a ainsi signé vendredi soir sa dixième séance consécutive de baisse, du jamais vu depuis la création du CAC 40 en 1987. L’indice phare de la place parisienne a perdu près de 15% de sa valeur au cours des deux dernières semaines. De Francfort à Milan, en passant par Londres et Madrid, le schéma est le même. La situation est tout aussi catastrophique de l’autre côté de l’Atlantique: le Dow Jones a perdu près de 10% en deux semaine, le Nasdaq de 11%. Les Bourses asiatiques ne sont pas non plus épargnées. « On peut le dire, il s’agit bien d’un krach estival même si ce mot reste souvent murmuré du bout des lèvres », écrit dans sa note quotidienne Philippe Cohen, gérant chez Barclays Bourse.
Les dessous du krach estival
Le coup de tonnerre: la perte du « AAA » américain
Standard and Poor’s a dégradé d’un cran vendredi soir, après la clôte de la Bourse de New York, la note de la dette américaine, de « AAA » à « AA+ ». C’est une première historique pour le pays, qui bénéficiait de la meilleure notation possible depuis la création de l’agence de notation financière, en 1941. Vu la place des Etats-Unis dans l’économie mondiale – première puissance avec un PIB annuel de plus de 14 500 milliards de dollars, dollar considéré comme valeur refuge car c’est la principale monnaie de réserve de change cette décision de S&P pourrait avoir des effets dévastateurs pour l’ensemble de la finance mondiale. C’est pourquoi la réouverture des marchés après ce week-end était attendue avec anxiété. Si les Bourses asiatiques ont bien plongé, les Bourses européennes, elles, ont réagi avec plus de modération (suivre en direct les évolutions de la Bourse, ici).
Les Etats-Unis ont perdu leur triple A, quelles conséquences?
Les réactions: mobilisation internationale pour enrayer la panique
Conscients de la gravité de la situation, les dirigeants des principales économies de la planète ont interrompu leurs vacances pour éviter que ne se produise une crise financière aussi grave que celle de l’automne 2008, après la faillite de Lehman Brothers. En France, Nicolas Sarkozy a multiplié depuis sa résidence du Cap Nègre les appels téléphoniques avec ses homologues européens, notamment avec la chancelière allemande Angela Merkel. Après s’être réunis dans la nuit de dimanche à lundi, les ministres des Finances du G7 se sont engagés à « prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la stabilité financière et la croissance ». En clair: les Banques centrales sont prêtes à injecter des liquidités dans les marchés afin de soutenir leur bon fonctionnement. La Banque centrale européenne (BCE) s’est quant à elle dite prête à racheter de la dette espagnole et italienne, si des investisseurs se retirent.
En savoir plus: Comment la planète se mobilise pour éviter une nouvelle crise financière
Le contexte de fond: la crise de la dette
La dégradation de la note souveraine américaine ne suffit pas à expliquer ce mouvement de panique boursière. Aux Etats-Unis, le déroulement conflictuel des débats sur le budget, pour arracher in extremis mardi 2 août un accord du le relèvement du plafond de la dette, a considérablement inquiété les marchés. Et même si un accord entre républicains et démocrates a été trouvé, le problème des finances publiques américaines est loin d’être réglé – comme le prouve la décision de S&P. Cette crise de la dette américaine fait douloureusement écho à celle que traverse la zone euro depuis deux ans déjà. Le deuxième plan de sauvetage grec élaboré en juillet ne suffit toujours pas à rassurer les marchés et les craintes de contagion continuent de s’accentuer. L’Italie et l’Espagne sont de nouveau sous la pression des marchés.
Les trois leçons de la crise de la dette américaine
L’Espagne et l’Italie ont-elles besoin d’un plan d’aide?
L’avenir: les craintes d’une nouvelle récession
Les marchés s’inquiètent pour la santé de l’économie mondiale. Car aussi bien d’un côté de l’Atlantique que de l’autre, les nouvelles sont mauvaises. Aux Etats-Unis les doutes sur la vigueur de l’économie se font chaque jour plus fort, avec l’accumulation de signes inquiétants. L’activité manufacturière est en baisse, la consommation des ménages cale et le PIB n’a augmenté que de 1,3% au premier semestre. Si les chiffres du chômage de vendredi sont meilleurs que prévu, il reste au niveau très élevé de 9,1%. En Europe, l’Espagne et l’Italie ont affiché des croissances poussives de 0,2% et 0,3% au deuxième trimestre. La France risque de ne pas faire mieux: après un début d’année en fanfare, la croissance française a nettement ralenti et le chômage est reparti à la hausse. Résultat, la Banque de France et l’Insee table sur une hausse du PIB d’à peine 0,2% au deuxième trimestre, après +0,9% au trimestre précédent. La reprise mondiale n’est donc plus aussi solide qu’elle ne paraissait en 2010.
Les entreprises y sont-elles pour quelque chose?
Les entreprises ne sont pas complètement étrangères à cette baisse. Les résultats du deuxième trimestre ont en effet déçu les marchés, surtout en Europe, où les entreprises pâtissent des révisions à la baisse de la croissance des pays asiatiques.
Certaines d’entre-elles sont même obligées de procéder à des avertissements sur résultats, après un 1er semestre pourtant jugé excellent.
Aux Etats-Unis au contraire, les entreprises ont largement profité de la croissance soutenue de l’Amérique latine et des effets de change favorables.
Ainsi, au deuxième trimestre, 71% des entreprises américaines ont publié des résultats supérieurs aux attentes, contre seulement 46% en Europe. Dans le détail, les plus maltraitées sur les marchés sont les valeurs industrielles, technologiques et de matières premières, c’est-à-dire les plus exposées à la croissance mondiale… Néanmoins, la santé des entreprises n’est pas aussi catastrophique qu’il n’y paraît, et n’a participé que faiblement au dévissage boursier estival. « Les sociétés du CAC 40 par exemple restent pour la plupart bénéficiaires. Ce qui choque d’avantage, c’est l’écart entre l’optimisme affiché il y a quelques mois et la morosité ambiante », explique Christian Parisot, économiste chez Aurel BGC.
Jusqu’où cette baisse peut aller?
Cette journée de lundi est décisive. Tout le week-end, gouvernements et dirigeants des banques centrales mondiales se sont évertués à trouver des solutions pour éviter l’avènement d’un nouveau Lehman Brother.
En France, Nicolas Sarkozy a multiplié les appels téléphoniques avec ses homologues européens, et notamment avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Le ministres des Finances du G7 se sont également rencontrés dans la nuit de dimanche à lundi et se sont engagés à « prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la stabilité financière et la croissance ». Comprendre, les Banques centrales sont prêtes à injecter des liquidités sur les marchés en cas de panique. Quant à la BCE, elle s’est dite prête à racheter de la dette espagnole et italienne si les investisseurs la désertaient. Le résultat a été plutôt satisfaisant puisqu’à l’ouverture des Bourses européennes, le krach tant redouté n’a pas eu lieu. Mais au fur et à mesure de la journée, la situation s’est aggravée, les investisseurs gardant les yeux rivés sur Wall Street. A 17h30, le CAC a clôturé en chute de 4,68%, signant
donc sa onzième baisse consécutive, mais évitant de justesse le krach boursier (Voir ici, les résultats des Bourses européennes). De l’autre côté de l’Atlantique, les marchés dévissent eux aussi. Vers 17h, le Nasdaq perdait 3,08%, et le Dow Jones 2,35%. Mais la journée est loin d’être terminée…
Source: l’Expansion.com du 08/08/2011