Une tragédie!
Ce qui devait être l'apothéose du onzième free festival Blues Oan Daa Stoazze
prend fin de manière dramatique.
Il est près de 21h45', lorsque Jeanne Carroll qui a entamé un sixième titre, le standard 'All of me', soudain s'écroule sur scène en tombant sur le dos, les
musiciens jouent encore quelques accords avant de s'en rendre compte.
Un membre de son équipe, chargé de filmer le concert, saute sur scène, Jeanne ne se relève pas, des coulisses on peut entendre sa fille Karen, qui aurait dû l'accompagner plus tard, hurler en
pleurant, des poignants ...Mum, come back, come back, mother...
L'effroi dans l'assistance, les secouristes de la Croix-Rouge pratiquent un massage cardiaque, en vain.
Le 100 est appelé et les organisateurs, d'un sang-froid et d'une dignité impeccables, dissimulent la scène d'une bâche noire, tenue pendant 20' à bout de bras.
Il faudra attendre un bon quart d'heure avant de voir arriver la police et les services de réanimation.
Pendant tout ce temps, le public, silencieux, s'est comporté de manière admirable ne gênant en rien ni les ambulanciers, ni les services d'ordre.
Tout ce qu'on sait d'après une nouvelle publiée dans Het Nieuwsblad local c'est que l'octogénaire a été transportée dans un état critique au Sint-Blazius ziekenhuis de Dendermonde.
Ce qui suivra de cet article est dérisoire, futile et insignifiant!
C'est vers 17h55' que tu rejoins la Stationsstraat où les Moonshine Playboys, déjà vus quelques fois, achèvent leur pastiche bluegrass sur les notes de
'Born to be wild'.
Il faudra patienter jusqu'à 18h50 pour:
Mátyás Pribojszki Band
Ici aussi, un événement douloureux a failli annuler ce concert: Robert Kepes, le bassiste du groupe est victime d'un infarctus et décède en début de semaine, Mátyás tient
toutefois à honorer son contrat en mémoire de son ami.
Quinze heures de trajet dans un van aussi confortable qu'une antique Lada et le Mátyás Pribojszki Band offrira à Hamme un
concert inoubliable: de la dynamite!
Aux vocals et harmonica: Pribojszki Mátyás- keyboards: Kovács Erik- aux drums: Molnár Dániel et à la guitare: Ferenc Szász,
voilà la fine équipe de Budapest!
Un shuffle en intro pour nous prouver que c'est pas un hasard si on le cite parmi les meilleurs souffleurs européens, puis 'She wants to sell my monkey' un singe de bataille de Junior Wells.
Une grosse claque!
Le piano embraye sur un funky blues avec l'éternelle ligne...woke up this morning... les hongroises, les amerloques,
Solo, un train shuffle à faire rougir de honte la SNCB et le 'Mystery Train' souligné d'une slide vicieuse.
Swing time, du rockabilly à la Mike Sanchez...you're my kind of woman, you know what it's all about..., solides interventions du pianiste qui en même temps reprend le rôle de la basse.
Erik poursuit par une intro classique annonçant un numéro de crooning, interprété en duo: 'Rockin Chair' , clin d'oeil à Clapton?
Bravo, mec!
A quatre, un instrumental furieux, puis un safari audacieux ' Tiger Man', Elvis se dandine in heaven.
Dédié à leur ami disparu, le superbe 'I'll play the blues for you'.
Quelques bonnes femmes, la cinquantaine épanouie, transforment l'espace devant le podium en dancefloor d'une autre époque.
Ambiance du côté de la Dendre!
Retour au Sunday evening funk: tchik, tchik, tchik mouline la guitare, les madames s'en donnent à coeur joie!
Une petite incursion dans la soul' Good time Charlie' de Bobby Blue Bland, vais y introduire quelques mesures de 'Summertime', c'est l'été non?
Un signe des coulisses, plus qu'une, les gars!
Feu... I'm gonna love you babe, you don't need another man.. shake it right, baby, shake it ...en bas, ça remue ferme!
Vite une dernière avant d'emballer, un 'Hound dog' magyar, ce chasseur a probablement vu un lapin, il cavale comme un lévrier dopé à la benzedrine.
Grand final, immense concert!
Public conquis!
Bis
Un requiem à l'harmonica pour Robert, les bénéfices des nombreux CD's ( 'Flavours') vendus après le show iront à la famille et pour ne pas se quitter la larme à l'oeil, un rock sanglant
'I'm going home' ( to see my baby).
Mátyás Pribojszki Band, une révélation!
Pause à 21:00 Karen & Jeanne Carroll
Jeanne Carroll: 1931 Ruleville, Mississippi, chante le gospel à l'âge de trois ans.
Se produit au Number One Jazz Club ( Chicago) en 1950, aux côtés de Lester Young, Charles Mingus, Ben Webster... plus tard côtoient les grands bluesmen: Muddy Waters, Willie Dixon, Memphis
Slim.
Vit en Allemagne depuis 1998, comme sa fille Karen Carroll, guitariste et blues singer, dernier CD 'Karen
Carroll Blues Collection'.
Soundcheck: du Chicago blues classe, ça promet!
Karen à l'acoustique- le fantastique Christian Jung aux keys ( ça sonne pas Mississippi, tu dis...: normal la plupart des musiciens viennent de Nuremberg où
vivent Karen et Jeanne, Christian fait partie des Alligators of Swing) - Jürgen Schottenhamml à la guitare ( Carey Bell)- Güven Sevincli aux drums et
Quincy Phelps à la basse ( TBridge).
On revient dans cinq minutes, annonce Mrs Carroll mère!
En duo avec Christian ' This can't be love'.
80 piges, mais une présence incroyable, même si elle cherche la table de mix ( se trouvant à 60 mètres) car elle est pas contente des retours.
Avec le band au complet, sans Karen, un petit Fats Waller, Hamme, 'Ain't misbehaving'!
This piano is too loud, man, je dois m'entendre chanter.
Christian, que joue-t-on ensuite?
Ah, oui: ' God bless the child', Billie Holiday, j'étais fan!
Un musée sur scène, qui après chaque titre nous remercie par un double Danke Schön!
' Fine and Dandy' au répertoire de Louis Armstrong, le band est fabuleux et Jeanne assure.
Une formidable version funk de 'The Letter' des Box Tops, une histoire d'amour narrée par une arrière-grand-mère et puis le fatal 'All of me' et la tragédie finale!