A 6 ans, Polina est une jeune fille qui goûte déjà aux exigences des cours de danse classique, selon les voeux de sa mère. Sans forcément que des compliments ne lui soient adressés, elle s'avère être une bonne danseuse, repérée bientôt par des professeurs reconnus et redoutés. Avec le maître Nikita Bojinski, elle connaîtra l'acharnement, la rudesse, l'intransigeance et la crainte de ce personnage imposant. Et puis la vie la verra évoluer de classes en troupe de ballet, d'académie de danse en groupe de théâtre. Avec l'âge, elle deviendra femme et maîtresse de sa carrière, malgré les déceptions et les errances.Un bel album aux planches toutes de noir et blanc et gris, aux traits mêlant finesse et épaisseur, rappelant ainsi le graphisme de la calligraphie. Les visages, par dessus tout les regards de Bojinski, sont souvent anonymes, donnant un sentiment de mystère, de peur parfois. L'expression, il faut alors la chercher dans les gestes, ceux affirmés et ceux hésitants. Avec plusieurs ellipses temporelles, on suit Polina depuis son enfance jusqu'à sa pleine maturité, en passant par son adolescence et sa vie professionnelle, sociale et amoureuse. Fille fragile, elle fait tout de même face à la cruauté du milieu de la danse professionnelle, de même qu'à son manque de confiance en elle et à ses déceptions. Mais au final, c'est une danseuse pleine de ressources, avide de liberté, qui nous apparaît. Elle n'a pas oublié son premier professeur, Bojinski-le-redouté. Malgré la domination impitoyable qu'il a exercé sur elle, c'est sans rancune qu'elle voudra le revoir de nombreuses années plus tard. L'album Polina met l'accent sur les différentes facettes d'une relation maître-élève complexe. Un très bel album plein de sueur et de vie, une leçon de lutte.
La chronique vidéo de Pénélope Bagieu - Madmoizelle.comPolina Semionova; la danseuse inspiratrice - LeFigaro.fr