Le 8 avril 1941 le Sergent Hardouin du 13ème RTS d’Alger, engagé volontaire dans l’armée coloniale en 1938, répondant au matricule 2779, embarque sur le « Compiègne » en direction de
Tours d’hélice par les « 40èmes Rugissants » - le canal de Suez étant fermé -, puis Sumatra - cent jours de mer et d’escales -. le 26 juin 1941 le « Compiègne » remonte la rivière de Saïgon.
Raul Hardouin avait quitté une France et une Afrique occupées par les Allemands et les Italiens, il trouvera une Indochine sous le joug d’un Japon qui, à cette période (1941 et 1942) progressait victorieusement sur tous les fronts du Sud-Ouest asiatique mettant les armées anglaises et américaines en déroute ; or, une grande partie de leur ravitaillement en hommes et matériels passait par l’Indochine française.
Le Sergent Hardouin se présentera à l’Etat Major (E.M.) de la Brigade Annam Laos (B.A.L.) situé à Hué ; âgé de 21 ans, il sera affecté au Bureau des Statistiques Militaires (B.S.M.) en tant qu’agent de service de renseignements et membre du Service Action : regrouper toutes les informations possibles sur les unités japonaises, leurs mouvements par voies routière, ferroviaire, aérienne, et maritimes, et renseigner les forces alliées à leur sujet, telle est la mission du Sergent Hardouin et de ses hommes parmi lesquels ont comptera de nombreux civiles français et autochtones - des hommes qui s’inscriront en bonne place au martyrologue de la France.
Car la Résistance qui s’organise en France devra exister ici aussi ; et tout doit être fait pour tenter sauver l’Indochine de la main mise japonaise et de sa Kempé Taï, l’équivalent de la Gestapo, qui avait tout pouvoir et en usa dans des conditions atroces ; on ne compte plus les personnes qui sont décédées après avoir subi les pires tortures pendant de longues journées d’interrogatoire.
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Le 9 mars 1945 « … date fatidique pour l’Indochine française, début de son destin tragique qui se terminera dans la cuvette de Dien Bien Phu » c’est l’ultime attaque du Japon qui s’empare entièrement de l’Indochine ; le Haut Commandement et le Gouvernement Général seront mis hors de combat en quelques heures.
Le Sergent Hardouin et des éléments des réseaux de Résistance et du S.A. de l’Annam et du Laos prendront alors la brousse puis la jungle dans la région montagneuse de l’Ataouat (entre 1500 et 2500 mètres d’altitude).
C’est un récit qui occupe plus de la moitié de l’ouvrage qui nous est maintenant proposé ; six mois d’un périple sous une pluie diluvienne ; trois mille kilomètres sous un soleil brûlant le long de la chaîne Annamitique, parfois sans médicament et sans nourriture, attaques japonaises incessantes, villages tantôt hostiles tantôt amicaux, sangsues, fourmis, gale purulente, pieds en sang, à dos d’éléphants, en pirogues, radeaux… tout en poursuivant la mission de renseignement…
Arrive le 15 août, date de la demande d’armistice du Japon ; puis la capitulation…
De l’Empereur Bao Daï à Hô-Chi-Minh - la politique retrouvant tous ses droits ! Politique qui n’est que la continuation de la guerre par d’autres moyens -, de trahisons en opportunisme jusqu'à l’implantation d'un Viet Minh soutenu et financé par la Chine et les Etats-Unis – Roosevelt et Truman ne voulaient pas revoir la France en Indochine après la capitulation japonaise et en accord avec les Russes -,
Dépité, Raoul Hardouin, maintenant sous-lieutenant, sera rapatrié vers la métropole le 6 février 1946 à bord du paquebot « Pasteur », cette fois-ci par le canal de Suez.
Débarquement à Toulon le 28 février, là où les pensées iront « … vers tous les camarades qui dorment leur dernier sommeil en cette terre d’Indochine, sans une tombe et sans une croix...», l'auteur quittera l'Armée pour ne plus y revenir.
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Ecrit quarante ans après les faits, peu de temps avant le décès de l’auteur, ces Ombres Indochinoises* testamentaires fourniront sans aucun doute un nouvel éclairage sur cette activité de résistance qui participa à la victoire des Alliés dans le Sud-Est asiatique ; activité et région rarement mises à l’honneur par les historiens de la Résistance.
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