Juste de passage

Publié le 07 août 2011 par Gentlemanw

Ce matin-là, ma radio ne fonctionnait pas correctement, mes oreilles et donc mon cerveau n'avait pas eu leur dose de jazz, il faisait froid, et tout semblait pesant sur mes épaules. Une envie de couette, de la retrouver vite, elle qui était partie auprès de sa mère malade. Elle me manquait, un bout de coeur hors de moi, une tranche de vie sans âme.

Je croisais mon patron, pardon ma charmante patronne depuis quelques semaines plus exactement, une femme de tête, une excellente manager. Elle me fît signe de venir jusqu'à son bureau, une première. Elle m'expliqua très rapidement un désistement, une urgence et mon profil adéquat pour partir d'ici cet après-midi dans une grande ville américaine, j'avais à peine eu le temps de noter le nom, le billet électronique m'attendait, mes deux nuits d'hôtel, et un sourire morne. "Vous êtes celui qui sait répondre à leurs attentes, je compte sur vous, sur votre énergie." Mais où étais celle-ci depuis son départ ? Et je partais aussi, de l'autre côté du monde, un peu lus loin d'elle. Je n'ai pas réfléchi, j'ai fait un touch-and-go pour rassembler une valise de costume et casual wear, pour être formel et français face à mes interlocuteurs, mais décontracté pour absorber l'esprit du business américain. Avion, taxi et hôtel, comme un métro-boulot-dodo, dans cette journée différente.

Le taxi, la radio du taxi m'a redonné le ton, avec un jazz ancien, un duo immense entre Duke Ellington et Louis Armstrong. Deux génies, l'amérique d'un temps pas si lointain, mais irrationnel entre noirs et blancs. Je regardais la rue, elle flottait de ce mélange de réussite sur un trottoir, de pauvreté sur l'autre.

Hôtel chic, un service discret, un petit-déjeuner grandiose, la lumière du matin, après dix longueurs dans la piscine sur le toit, face aux nuages. Ce soleil et ce silence, j'étais réveillé depuis près de quatre heures, entre ordinateur et insomnies, partout en moi. Flâner pour sentir la ville, je salue le groom, un sourire économique de sa part (oui en pensant au possible pourboires à venir !) "Nice day, today, mister".

J'avançais dans l'avenue, puis une rue et soudain du monde, beaucoup de monde. Dans la lueur forte du matin, un groupe de camions caravanes de studio, et des installations de panneaux réflecteurs, et elles. Oui des femmes, des très jolies femmes. Je suis resté là comme un gosse devant une vitrine de pâtisserie, gourmand et gourmet pour savourer ce moment. Doucement ! Tout doucement !

Anna Maria Jagodzinska, Monika Jagaciak, Magdalena Fracoiwak, Kasia Struss, Anja Rubik

Jamais je n'oublierai ce rêve d'une matinée, loin d'elle.

NYLONEMENT