Quelle dégelée, mais amis ! le plongeon des bourses est impressionnant. Plus de dix séances consécutives de baisse, le record de l'éclatement de la bulle internet en 2002 (9 séances consécutives) est enfoncé. Quand je pense qu'il y a dix jours, on nous avait annoncé des décisions historiques : à croire que l'histoire, ça ne dure pas plus d'une semaine et demie.
Mais cessons ce persiflage, car il faut bien reconnaitre qu'il y a plusieurs raisons.
1/ Tout d'abord, il y a des raisons européennes : la décision de l'autre jeudi est intervenu "au bord de la crise", comme s'il fallait que l'UE soit au dessus du gouffre pour faire un pas... en avant ? au moins, de bouger. Ce rythme là n'est pas suffisant pour le rythme trépidant où nous vivons.
2/ Il y a surtout des fragilités politiques, plus que budgétaires : en fait, le problème n'est plus la Grèce, mais la fragilité politique de l'Espagne (le PM Zapatero a anoncé des législatives anticipées pour novembre) et surtout de l'Italie (voir billet). Alors pourtant qu'on assiste, paradoxalement, à un début de retour de l'Etat dans les deux pays (voir billet). Je ne parle même pas de Chypre, sur laquelle il faudra revenir....
3/ Hors d'Europe, on vient surtout de s'apercevoir que les Etats-Unis sont dans une situation aussi grave que lcelle du vieux continent : l'accord démocrato-républicain sur la dette fait penser au trop peu trop tard européen, et on comprend maintenant qu'il n'y aura pas de croissance, que le quantitative easing sert avant tout à magnifier les bilans des banques qui l'utilisent pour acheter des bons du trésor, mais certainement pas pour augmenter les prêts qui redynamiseraient l'économie, et que donc le double dip est une grosse certitude. La décision d'abaisser la note US à AA+ n'est donc pas une surprise.
4/ Bref, rien ne va plus. S'agissant de l'Europe, on entend deux solutions possibles :
- un transfert de souveraineté plus avant (qui passerait tout d'abord par l'émission d'obligations européennes et le rachat de tout emprunt national européen par la BCE). Mais les Allemands s'y refuseront.
- ou un éclatement de la zone euro, qui se réfugierait derrière des paravents Potemkine pour expliquer qu'on n'a rien compris, et que ce n'est pas du tout ça.
Dans les deux cas, la solution est politique.
Mais ça, c'est si les choses se passent normalement. Or, rien n'est très "normal", ces temps-ci.
Dernières vacances avant déflagration, avais-je signalé il y a trois semaines. L'auteur prévoyait un CAC à 2500, on est à 3300. La déflagration n'attendra peut-être pas la fin des vacances...
O. Kempf