Depuis quelques semaines, j'avais annoncé à mes amis que je prenais quelques jours de vacances cette semaine. A ce titre, un de mes amis m'a dit quelques fois, ces dernières semaines et particulièrement ces derniers jours, qu'il pensait que je partais samedi, puis dimanche derniers, puis la semaine dernière. Bref, il ne savait plus quand je partais. «Ça va te faire du bien !» ajoutait-il. Je n'ai rien répondu mais, au fond de moi, ça me disait de plus en plus, à chaque nouvelle réflexion à savoir quand je partais : «Coudonc, il a hâte que je m'en aille...?».
Dimanche, rebelote. Secondé par son épouse, en plus, cette fois :
- Ça va te faire du bien ! m'a-t-elle exprimé avec le sourire.
J'ai gentiment explosé :
- Coudonc, avez-vous hâte que je m'en aille...? Au nombre de fois que vous me revenez avec ça !?
- Ben non, pas du tout ! Ça va te faire du bien de partir en vacances, c'est tout !
C'en est resté là. Je n'ai pas voulu épiloguer mais, le lendemain matin, je me suis levée pompée (fâchée) et au bord des larmes. Ce sont des amis qui me sont chers et voici qu'ils veulent se débarrasser de moi ! En pleine crise de victimite, les larmes aux yeux, je pompais en me disant que «s'ils veulent me rejeter, je vais me rejeter avant toute seule ! Na !» quand le téléphone a sonné. C'était l'ami en question qui m'appelait pour autre chose mais qui, dans la discussion, m'a ouvert la porte, sans le savoir, à ce que j'exprime ma frustration.
- Ça ressemblerait pas à de la manipulation, ton affaire ? m'a-t-il répondu en riant.
Quand on est dans une phase où on joue à la victime, on tente automatiquement - généralement inconsciemment - de manipuler quelqu'un...
- Ben non ! A force de me faire demander quand je pars et que ça va me faire du bien, je me demande si vous n'avez pas hâte de vous débarrasser de moi !
- Ha ha ha ! Ben non, ce n'est pas ça du tout ! Quand on te dit ça, on pense à toi, pas à nous. On a juste hâte de te souhaiter de belles vacances parce qu'on sait que ça va te faire du bien ! Quand on partira en vacances cet automne, tu nous le souhaiteras au moins 5 jours à l'avance, ça va nous faire grand plaisir !
Et toc. Revirement de situation. Vous ai-je déjà dit qu'il existe TOUJOURS au moins deux façons de voir la même situation ?! C'est exactement ce qui venait de se produire : je commençais à me croire en phase d'être rejetée, et étais prête à balancer ces amis dans la poubelle des amitiés trahies sans aucune considération supplémentaire, alors qu'ils me témoignaient de leur amitié en me souhaitant de belles vacances, que ça allait me faire du bien, etc.
J'étais tombée dans ma blessure de rejet alors que j'étais aimée...
Quelque chose a alors à la fois fermé et ouvert dans mon coeur : il s'est fermé au rejet pour s'ouvrir à accepter de me sentir aimée... et à le ressentir. Quand j'ai pris le volant pour partir en vacances hier, après les avoir serrés tous les deux dans mes bras, je me sentais en paix et remplie d'amour...
Dominique Jeanneret
Thérapeute