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« Hier tout était beau
La musique dans les arbres
Le vent dans mes cheveux
Et dans tes mains tendues
Le soleil. »
L’auteur :
Agota Kristof, est née en 1935 à Csikvand / Hongrie. Elle vit depuis 1956 en Suisse romande. Elle a d'abord travaillé dans une usine où elle a appris la langue de sa patrie d'élection, avant de se faire un nom comme écrivaine de langue française. Son premier roman Le grand Cahier publié en 1987 a connu un grand succès et a été honoré du titre Livre Européen. Elle s'est éteinte la semaine dernière.
L’histoire :
Aujourd’hui recommence la course imbécile. Se lever à cinq heures, prendre le bus, pointer, percer toujours le même trou dans la même pièce. Et gagner juste assez d’argent pour manger, habiter quelque part, être en mesure de recommencer la course, demain.
Pour que demain soit différent, il faudrait qu’apparaisse enfin Line, la femme idéale dont rêve Sandor Lester depuis qu’il a quitté son pays natal. Alors, il y aurait un avenir possible dans lequel Sandor deviendrait écrivain sous le nom de Tobias Horvath.
Mais, ce jour-là, ce n’est pas l’avenir qui monte dans le bus. C’est Line, la vraie Line surgie du passé, de ce temps où Tobias Horvath n’était pas un pseudonyme mais un enfant bien réel et qui croyait encore au futur… (Présentation de l’éditeur)
Ce que j’ai aimé :
Hier est un récit court comme un coup de poing, et long comme un hurlement de douleur qui ne peut s’achever que par la mort. La seule échappatoire pour Tobias est le rêve, le souvenir idyllique d’un amour pur d’enfant, nimbé d’une auréole de sursis dans un monde rendu glacial par la pauvreté. Mais si hier peut s’immiscer dans le présent, il porte néanmoins les stigmates de cette période troublée. Ce qui restait tapi dans l’ombre de l’enfance innocente peut éclater comme un cauchemar à l’heure de la maturité, anéantissant tout espoir et terrassant un sentiment déjà agonisant.
Agota Kristof nous parle de la vie de ces réfugiés pour qui la désillusion est âpre, mais elle nous conte aussi l’incapacité de certaines personnes, marquées par un passé douloureux, à vivre dans un monde inadapté.
Hier est un récit puissant sur l’espoir et son corollaire, le désespoir…
Ce que j’ai moins aimé :
- C’est un roman profondément désespéré…
Premières phrases :
« Hier, il soufflait un vent connu. Un vent que j’avais déjà rencontré.
C’était un printemps précoce. Je marchais dans le vent d’un pas décidé, rapide, comme tous les matins. Pourtant j’avais envie de retrouver mon lit et de m’y coucher, immobile, sans pensées, sans désirs, et d’y rester couché jusqu’au moment où je sentirais approcher cette chose qui n’est ni voix, ni goût, ni odeur, seulement un souvenir très vague, venu d’au-delà des limites de la mémoire. »
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D’autres avis :
Le matricule des anges nous propose une interview de l'auteure.
Hier, Agota Kristof, Points, Points, 1995, 146 p., 4.95 euros