On va schtroumpfer du rognon!

Jeudi. Renaissance.
Ça faisait trois jours que je tournicotais dans le service.
Je connaissais par cœur les dossiers des quelques patients présents et j'avais épuisé le stock de littérature disponible ("Guide des bonnes pratiques: le lavage de mains", "Inventaire des chambres en soins intensifs" ou encore "User's Manual for Philips 300 PI Pagewriter ECG"...).
Bref, comme on dit, c'est la dech.
Et la voila qui est arrivée, providentielle, toute de bleu vêtue: l'IADE.
Comprendre "Infirmière Anesthésiste Diplômée de l’État".
Ses yeux aguerris ont du lire dans les miens la torpeur dans laquelle j'étais plongé, et elle me propose donc de la suivre au bloc observer un peu ce qu'il s'y passe.
Bon, la journée se terminait, certes, mais on peut pas tout avoir non plus!
Il restait deux examens ophtalmo sous anesthésie générale et une petite opération de cataracte, sur des enfants.
Après trois semaines en secteur adulte, j'avais en effet oublié que Necker, ça ne s'appelle pas "Enfants-Malades" pour rien!
Et arriver dans une salle avec une petite fille de 2 ans sur la table, inanimée car endormie, ça fait tout drôle, c'est un autre monde... L'examen se termine rapidement, l'enfant est conduite en salle de réveil: tout le matériel médical est là en version miniature (les tensiomètres pédiatriques, c'est choupinet...), sans oublier tétine, doudou....
Le lendemain, par terre dans le poste de soin, une glacière: "Euh, c'est quoi ce rein?".
_"On a eu des appels de greffe cette nuit, c'est les retours de vacances sur les routes, et ça c'est pour la greffe de ce soir à 17h!"
Christiane, qui gérait les entrées/sorties des patients, voyait que je faisais les cents-pas et appelle le bloc pour leur demander si je peux revenir: c'est OK pour ce soir 17h!
Finalement, j'arrive là bas, j'enfile une superbe tenue en papier bleu très seyante et je me met à la recherche du bloc...
  Lavage des mains, et après avoir cherché le bouton qui ouvre la porte du bloc, en vain, j'opte pour la technique du coup de fesses dans la porte, très classieux.
En fait il y avait un détecteur à coté de la porte qui permettait de l'ouvrir sans la toucher, ce que j'ai compris en observant le personnel, qui lui ne finissait pas la journée avec des bleus au popotin...
Et donc l'opération commence...
Sont présents le chirurgien, son interne, l'externe qui fait office d'instrumentiste, une infirmière de bloc et une infirmière anesthésiste. Et moi, sur un escabeau, perché pendant 3h la tête dans les scialytiques...
A cause de la chaleur dégagée par la lumière et le matelas chauffant, il a fallu baisser la température de la salle pour travailler sans suer, et ce n'est qu'en m'éloignant de la table pour me dégourdir les jambes que j'ai compris le calvaire enduré par les personnes qui restent à distance: la salle était à 13°C, avec le flux d'air laminaire continu, et quand on ne porte qu'une tenue de papier, ça se sent... Je retourne vite au chaud sur mon escabeau!
L'opération se passe comme prévu apparemment, j'ai pu voir pour la première fois in vivo des structures anatomiques apprises en première année ("c'est donc ça un rein..."), comment on faisait pour créer des dérivations sur des artères, des veines, comment on disséquait les différents plans anatomiques... J'étais ravi!
Finalement, le patient est refermé, et il se réveille pile à l'instant où le dernier point de suture est posé (ca c'est du dosage d'anesthésie!).

Et moi je quitte l'hôpital, concluant mon premier stage sur ces belles images!