Mais hier, un copain journaliste toujours bien informé m'annonça une très mauvaise nouvelle: "ton oncle Sam, il a raté l'exam."
Je suis triste pour lui. C'est sûr, je ne fais pas partie de son équipe à proprement parler mais je le considère vraiment comme un ami. Et puis, on a besoin de son équipe dans le championnat inter-classes. Toujours leader, toujours fonçeuse. Elle prenait des risques, jouait souvent des coudes mais elle y allait sans rechigner. Elle marquait des buts, réjouissait les tribunes. Les élèves se bousculaient pour la voir jouer.
Je ne comprends vraiment pas pourquoi les sélectionneurs l'ont limite reléguée en deuxième division.
Je ne suis pas naïf. Tout le monde en parle depuis longtemps. La rumeur circule. Il y a des problèmes de dopage, le championnat doit être assaini. Cela fait plusieurs mois que tous les joueurs passent au contrôle.
Jupiter a déjà pissé une drôle de couleur et a été renvoyé. Ils l'ont relegué en petite section, on ne pouvait quand-même pas lui interdire de jouer. Juan Carlos, il pisse, il pisse mais ça a l'air de tenir. Faut dire qu'il bénéficie du lobbying de quelques copains qui lui filent des seringues en douce...
Sam aussi, il a pissé plusieurs fois. La première fois, on lui a demandé d'améliorer les contrôles internes. La deuxième fois, on l'a poussé à changer les règles de l'entrainement. Et la troisième fois... Benh là, c'est un peu bizarre... Un des selectionneurs s'est dissocié des autres et a déclaré tout de go : raconte-moi ce que tu veux, je ne te fais pas confiance. C'est dingue. C'est tellement prétentieux. Et quand je vois le terrible Mao faire le fanfaron alors qu'il force toute sa classe à jouer jusqu'au martyr, mon coeur bat de colère.
Ca m'énerve. Les sélectionneurs, ils se croient tout puissants. Je me souviens il y a deux ans, ils nous avaient raconté que les Lehman Brothers étaient de super joueurs. Résultat, on avait dû tous venir leur faire du bouche-à-bouche pour les réanimer. Aujourd'hui, ils s'en prennent à mon oncle Sam. A mon copain. Et ils veulent le mettre à terre pour justifier leur petit statut de mecs incontournables.
Je sais très bien que les sélectionneurs, ils n'appartiennent pas au à l'école. Ce sont des sous-traitants. Ils gagnent tellement de fric qu'ils ne savent pas quoi en foutre. Le plus influent d'entre eux, il bosse dans une boite qui veut le transférer pour récupérer tout le fric (ndr : Standard & Poor's appartient au groupe McGraw-Hill qui réfléchit à vendre son activité la plus rentable). Ils parlent de "devoir" mais n'écoutent pas. Et surtout, ils font leur campagne anti-dopage en plein mois d'août quand les bookmakers sont en vacances et qu'il ne reste que des amateurs qui font n'importe quoi. Des dealers.
Ca m'énerve. Il y a quand-même une chose qui me fait rire, c'est qu'on a dû aller rechercher dare-dare notre défenseur, le petit Baroin, qui s'était cassé en vacances en pleine crise. Ca lui fera les pieds. S'il veut jouer dans l'équipe, il faudra quand-même qu'il prenne ses responsabilités.
Dans le fond, j'aime toujours mon copain Sam. J'ai toujours confiance en lui. C'est vrai que son équipe n'est pas très unie ces temps-ci et que deux clans s'affrontent. Mais ça arrive et ça ne dure jamais. L'autre, le sélectionneur, il peut raconter ce qu'il veut, il ne joue pas au foot, lui. Et il ne lit pas l'évangile. Celui de dimanche qui raconte l'histoire de Jésus qui marche sur les eaux et de son copain Pierre qui ne lui fait pas confiance.
"Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté." Sam n'est pas Jésus. Mais il peut être Pierre comme chacun de nous. Personne n'est Dieu, personne n'est Jésus. Joueur, sélectionneur, spectateur, nous ne sommes pas Dieu. Nous n'avons pas réponse à tout. Mais nous devons Lui faire confiance et nous faire confiance plutôt que jouer avec la vie des autres pour sauver la nôtre. Nous ne coulerons pas. Si nous prenons le temps de prier, de réfléchir, de nous apaiser. Si nous comprenons enfin que le dopage, c'est un truc d'égoïste.
Moi, je suis d'accord sur le fond. Nous devons changer. Transformer notre championnat, nos équipes, notre école pour revenir aux vraies valeurs de notre sport.
"Chaque difficulté rencontrée doit être l'occasion d'un nouveau progrès. Plus fort, plus haut, plus vite. L'important dans la vie, ce n'est point le triomphe, mais le combat. L'essentiel n'est pas d'avoir vaincu, mais de s'être bien battu. Voir loin, parler franc, agir ferme. Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre. Le succès n'est pas un but mais un moyen de viser plus haut." (Pierre de Coubertin).
Mais nous devons être certains que nous visons plus haut que notre nombril.