Paul Scholes, c'est l'âme de Manchester United, un gars qui n'a jamais vécu autre part, jamais pensé à un autre club. Lui et sa bande de potes faisaient partie de ces gamins avec lesquels Sir Alex était sensé ne rien gagner (cf Alan Hansen)... et qui ont tout gagné. Un type dont le génie n'a d'égal que sa simplicité. Un mec qui était trop petit et trop asthmatique pour jouer au foot... Imaginez ce que nous aurions raté s'il avait renoncé. Ses passes millimétrées à 60 mètres (bougez pas, elle arrive pile poil dans vos pieds), sa vision du jeu, sa capacité à contrôler un match, ses patates en pleine lucarne et même ses tacles assassins furent autant de cadeaux que les dieux du foot nous ont envoyé via l'un des leurs, et qui vont cruellement nous manquer.
Hier, c'est un Old Trafford plein à craquer qui lui a rendu un dernier hommage lors d'une soirée chargée d'émotions. A croire que le type est mort... Non, il est bien vivant. En fait, sa vie commence maintenant. Mais la dernière rencontre qu'il va livrer devant son public nous fera encore nous demander ceci : Pourquoi ? Pourquoi arrêter lorsqu'on est encore au sommet de son art ? Sir Alex sait qu'il perd là l'un des joueurs les plus doués de sa génération. Du genre qu'on ne voit qu'une seule fois dans une vie, mais toutes les bonnes choses doivent avoir une fin. Et là où l'histoire prend fin, la légende commence. Légende, voilà un mot qu'on prend l'habitude de vite lâcher aujourd'hui et qui pourtant suffit à peine à qualifier Paul Scholes. 17 années au plus haut niveau, 676 apparitions sous le maillot des Red Devils, 150 buts, 24 titres majeurs dont 10 Premier League et 2 Ligue des Champions. C'est bien simple, en Angleterre, seul son pote Ryan Giggs a fait mieux.
Après une entrée accompagné de ses enfants et sous les applaudissements d'une haie d'honneur formée par les joueurs des deux équipes, sous le regard d'un Théâtre des Rêves qui n'avait lui non plus pas oublié de marquer le coup via un magnifique tifo représentant le visage de Scholes suivi du mot "GENIUS", une cérémonie sans chichis à l'image du nouveau retraité, où le Ginger Prince posa avec Sir Alex, Eric Cantona et le roi Pelé (et David Gill !) pour la postérité, le match de gala face aux New York Cosmos pouvait commencer. Pour l'occasion, plusieurs amis, anciens collègues ou adversaires de Paul revêtirent le maillot New Yorkais. Nicky Butt, Dwight Yorke, Cannavaro ou... Patrick Vieira, l'ex Gunner devenu citizen, hué toute la soirée par OT et son vieil ami Roy Keane. Nostalgie quand tu nous tiens ! United alignait quand à lui une équipe type afin de se dégourdir les jambes avant le Community Shielderby de dimanche. L'occasion pour De Gea et Ashley Young (et Phil Jones en seconde mi-temps), de faire leur baptême du feu à OT sous leur nouveau maillot.
Et c'est justement sur une passe de Young que le premier but tomba, comme un symbole. Comment pouvait-il en être autrement ? Le ballon adressé à Scholes dès la 9ème minute fut parfaitement contrôlé avant d'être propulsé à plein vitesse dans la lucarne de Friedel, impuissant. Du Scholes pur jus. Un dernier cadeau à ses fans. Une signature. Pour compléter l'oeuvre, quelques transversales à tomber et l'un ou l'autre tacle (mais pas de carton) jusqu'à un quart d'heure de la fin, moment choisi pour quitter la pelouse et préparer son discours. Le score final ? 6-0, mais on s'en tape. Paul Scholes n'est plus un joueur de Man Utd. Old Trafford pleure son héros et le football perd l'un de ses plus grands ambassadeurs. Sad day.
Comme le dit toujours le maestro, la relève est assurée grâce aux nombreux jeunes qui poussent à la porte de l'équipe première. Quand les rumeurs concernant son éventuel successeur hollandais ne cessent d'affluer, Scholesy nous conseille de jeter un oeil à l'équipe des jeunes. Et celui qui a eu l'honneur de le remplacer lors de son dernier match semble sur la bonne voie. Paul Pogba n'a peut-être pas eu grand chose à faire, mais il semble jouir d'une facilité balle au pied assez impressionnante. Mais ce n'est pas le seul ! Une fois Scholes sorti, le joueur de champ le plus âgé sur la pelouse avait 23 ans ! Et sans quelques ratés, l'addition aurait été bien plus salée pour l'adversaire, dépassé par la vitesse d'exécution et la justesse des Macheda, Diouf, Cleverley ou Welbeck (à nouveau excellent). L'avenir semble prometteur pour ces jeunes pousses et pour United, mais il a perdu un peu de magie, hier soir.
Aucun mot n'est assez fort pour exprimer la tristesse de savoir que c'était là sa dernière représentation, ni pour décrire la bénédiction d'avoir pu suivre un tel joueur pendant toutes ces années. Alors, je dirai tout simplement...
Merci pour tout Monsieur Scholes.