Les troubles alimentaires comme l'anorexie et la boulimie sont associés à des problèmes de fertilité, mais aussi à des grossesses non désirées et des troubles du comportement durant la grossesse, selon cette étude à paraître dans l'International Journal of Obstetrics and Gynaecology (BJOG) la revue du Royal College of Obstetricians and Gynaecologists (RCOG). Cette recherche révèle également des taux élevés de grossesses non désirées chez les femmes ayant des antécédents d'anorexie, suggérant qu'elles pourraient sous-estimer leurs chances de concevoir.
Les troubles alimentaires sont connus pour provoquer des perturbations du cycle menstruel, et dans le cas de l'anorexie, une perte de poids importante conduisant à des changements hormonaux qui peuvent empêcher l'ovulation, mais jusqu'ici, peu de recherches avaient été menées sur la façon dont les troubles alimentaires pouvaient affecter la fertilité.
Cette équipe du King College de Londres et de l'UCL a mené son étude auprès de 11.088 femmes enceintes de la région de Avon (Etude cohorte Avon) du Royaume-Uni, avec questionnaires à 12 et 18 semaines de grossesse. Les femmes anorexiques et boulimiques ont permis grâce à un groupe témoin de mesurer l'impact de leur trouble de l'alimentation sur leur fertilité et leur comportement lors d'une grossesse. Sur le nombre total de femmes suivies, 171 (1,5%) avaient souffert d'anorexie à un moment de leur vie, 199 (1,8%) de boulimie et 82 autres (0,7%) des deux troubles. Les 10.636 autres femmes (96%) ont constitué un groupe témoin.
L'étude révèle
- qu'une proportion plus élevée de femmes (39,5%) avec un antécédent d'anorexie ou de boulimie ont mis plus de 6 mois à concevoir, par rapport à la population générale (25%).
- En revanche, ces femmes n'étaient pas plus susceptibles de mettre plus de 12 mois à concevoir que la population générale.
- Ces femmes atteintes d'anorexie et de boulimie sont deux fois plus nombreuses (6,2%) que la population générale (2,7%) à avoir reçu un traitement “contre l'infertilité”.
- A 18 semaines de gestation, les femmes qui souffrent d'anorexie sont plus susceptibles de déclarer que leur grossesse n'est pas intentionnelle. 41,5% ont en effet déclaré que leur grossesse était imprévue vs 28,6% des femmes dans la population générale.
- La majorité des femmes déclarent leur joie ou leur plaisir quand elles découvrent qu'elles sont enceintes (71%), alors que les femmes atteintes d'anorexie et de boulimie sont deux fois plus nombreuses (9,8% vs 3,8%) à déclarer tristes lorsqu'elles ont découvert qu'elles étaient enceintes.
Des risques pour la fertilité associés aux troubles alimentaires: L'auteur principal de l'Institut de psychiatrie du King's College London, commente: «Cette recherche met en évidence qu'il y a des risques pour la fertilité associés aux troubles alimentaires. Toutefois, les taux élevés de grossesses non désirées chez les femmes ayant des antécédents d'anorexie suggèrent que ces femmes pourraient sous-estimer leurs chances de concevoir (…) La grossesse peut être un moment difficile pour les femmes souffrant de troubles alimentaires et c'est la première fois que l'on s'intéresse à leurs sentiments (…) Les femmes qui planifient une grossesse devraient idéalement se faire soigner pour leurs troubles de l'alimentation avant la conception et les professionnels de santé devraient être conscients de l'impact de ces troubles lors de la prescription d'un traitement contre l'infertilité."
De nombreuses femmes souffrant de troubles alimentaires ne sont pas préparées pour la grossesse et il leur faut donc plus de soutien pendant la période prénatale et postnatale.
Source: BJOG (International Journal of Obstetrics and Gynaecology) 2011; DOI: 10.1111/j.1471-0528.2011.03077.x. “Fertility and prenatal attitudes towards pregnancy in women with eating disorders” (Visuels Fotolia, Dossier TCA Santé log à paraître)
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